[7,54] Ἐπεὶ οὖν ἀναπέμπει ἡμᾶς ἐπὶ τὸν Ἡρακλέα, ἀπομνημονεύματα
λόγων αὐτοῦ ἡμῖν παραστησάτω καὶ περὶ τῆς
παρ´ Ὀμφάλῃ ἀσέμνου δουλείας αὐτοῦ ἀπολογησάσθω,
δεικνύτω δὲ εἰ θείας τιμῆς ἄξιος ἦν ὁ τοῦ γεωργοῦ βίᾳ καὶ
λῃστρικῶς τὸν βοῦν λαβὼν καὶ καταθοινησάμενος καὶ ἡσθεὶς
ἐφ´ οἷς ἐκεῖνος καταρώμενος ἔλεγε πρὸς αὐτὸν ἐσθίοντα·
ὡς καὶ μέχρι τοῦδε ἱστορεῖσθαι τὸν Ἡρακλέος δαίμονα
λαμβάνειν μετά τινων ἀρῶν τὴν θυσίαν. Καλεῖ δ´ ἡμᾶς ἐπὶ
τὴν περὶ Ἀσκληπιοῦ ταυτολογίαν, προειρηκότας καὶ περὶ
αὐτοῦ, ἀλλ´ ἡμεῖς ἐκείνοις ἀρκούμεθα. Τί δὲ καὶ θαυμάσας
Ὀρφέως ὁμολογουμένως φησὶν αὐτὸν ὁσίῳ χρησάμενον
πνεύματι καλῶς βεβιωκέναι; Θαυμάζω δὲ εἰ μὴ καὶ Κέλσος
διὰ μὲν τὴν πρὸς ἡμᾶς φιλονεικίαν, καὶ ἵνα Ἰησοῦν ἐξευτελίσῃ
νῦν ὑμνεῖ Ὀρφέα, ὅτε δ´ ἐνετύγχανεν αὐτοῦ τοῖς ὡς περὶ
θεῶν ἀσεβέσι μύθοις, οὐκ ἀπεστρέφετο τὰ ποιήματα ὡς
μᾶλλον καὶ τῶν Ὁμήρου ἄξια ἐκβάλλεσθαι τῆς καλῆς
πολιτείας· καὶ γὰρ πολλῷ χείρονα περὶ τῶν νομιζομένων
εἶπε θεῶν Ὀρφεὺς ἢ Ὅμηρος.
Γενναῖος μὲν οὖν ὁ Ἀνάξαρχος, λέγων τῷ τῆς Κύπρου
τυράννῳ Ἀριστοκρέοντι· «Πτίσσε, πτίσσε τὸν Ἀναξάρχου
θύλακον»· μονογενὲς δὲ τοῦτο περὶ Ἀναξάρχου ἴσασι
θαυμαζόμενον Ἕλληνες, ἐφ´ ᾧ εἰ καί, ὡς Κέλσος ἀξιοῖ,
ἐχρῆν τινας σέβειν ἄνθρωπον δι´ ἀρετήν, οὐκ ἦν εὔλογον
ἀναγορεύεσθαι τὸν Ἀνάξαρχον θεόν. Καὶ ἐπὶ Ἐπίκτητον δὲ
ἡμᾶς ἀναπέμπει, θαυμάσας τὸ εὐγενῶς μὲν αὐτῷ λελεγμένον,
οὐ μὴν ὥστε παραβληθῆναι αὐτοῦ τὸν ἐπὶ τῇ κατάξει τοῦ
σκέλους λόγον τοῖς παραδόξοις τοῦ Ἰησοῦ ἔργοις ἀπιστουμένοις
ὑπὸ Κέλσου καὶ λόγοις, διὰ τὸ καὶ δυνάμει λελέχθαι
θείᾳ μέχρι δεῦρο ἐπιστρέφουσιν οὐ τῶν ἁπλουστέρων τινὰς
μόνον ἀλλὰ καὶ πολλοὺς τῶν συνετωτέρων.
| [7,54] Puisqu'il nous renvoie à Hercule, qu'il nous
produise quelques-uns de ses discours dont la mémoire se soit
conservée, et qu'il le justifie de sa honteuse servitude chez
Omphale. Qu'il nous fasse voir si les honneurs divins peuvent être
dus à un homme qui enlève par force, comme un voleur de grand
chemin, et qui dévore ensuite le boeuf d'un pauvre laboureur, se
divertissant à s'entendre maudire par ce misérable dont il mangeait
le bien : d'où vient qu'encore à présent on accompagne de
malédictions, à ce que l'on dit, les sacrifices qu'on offre au démon,
qui se fait adorer sous le nom d'Hercule. Il nous parle encore
d'Esculape, pour nous obliger à répéter ce que nous en avons déjà
dit mis nous nous en contentons. Pour Orphée, que trouve-t-il en lui
de si admirable, qui lui fasse dire que c'était sans contredit un
homme divinement inspiré; ce qui suppose une vie sainte? Je suis
fort trompé si la chaleur de Celse à disputer contre nous, et son
dessein d'abaisser Jésus, ne sont la cause des louanges qu'il donne
ici à Orphée, et si, quand il a lu des vers qui célèbrent des
divinités, dont ils content des fables si impies, il ne les a rejetés lui-même
avec indignation, comme des vers qui méritent mieux que
ceux d'Homère, d'être bannis d'une république bien policée. En
effet, ce qu'Orphée dit des dieux, les rend beaucoup plus indignes
de ce nom que ce qu'en dit Homère. J'avoue qu'il a de la grandeur
d'âme dans cette parole d'Anaxarque à Aristocréon, tyran de
Chypre : "Broyez, broyez l'étui d'Anaxarque". Mais c'est la seule
chose digne d'admiration que Ies Grecs puissent rapporter de lui,
et quoiqu'il ait mérité par là d'être révéré, et de Celse, et des
autres, à cause de sa vertu, il ne faut pas dire pourtant qu'il doive
être mis au rang des dieux. On nous propose aussi Épictète, dont
on admire justement la fermeté, bien qu'au fond ce qu'il dit, quand
son maître lui rompait la jambe, n'ait rien de comparable, ni avec
les actions étonnantes de Jésus, que Celse refuse de croire, ni avec
ses merveilleux discours : ces discours, qui ont été tellement
accompagnés de la vertu divine, qu'encore à présent ils
convertissent non quelques personnes simples seulement, mais
plusieurs même des plus éclairées.
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