[6,49] Ἴδωμεν δὲ καὶ τὰ ἑξῆς, ἐν οἷς μιᾷ λέξει ἀποφηνάμενος
καὶ μηδὲ κατὰ τὸ πιθανόν τι λέγων κατηγορεῖ τῆς κατὰ
Μωϋσέα κοσμοποιΐας εἰπών· Ἔτι γε μὴν καὶ ἡ κοσμογένεια
μάλα εὐηθική. Εἰ μὲν οὖν τὸν φαινόμενον αὐτῷ
τρόπον τοῦ εὐηθικὴν εἶναι αὐτὴν καί τινας πιθανότητας
προηνέγκατο, κἂν ἠγωνισάμεθα πρὸς αὐτάς· οὐκ εὔλογον
δέ μοι φαίνεται πρὸς τὴν ἀπόφασιν αὐτοῦ κατασκευάσαι,
τίνα τρόπον οὐκ ἔστιν εὐηθική.
Εἰ δέ τις βούλεται τὰ κινήσαντα ἡμᾶς καὶ μετὰ τῆς
φανείσης ἀποδείξεως κατασκευασθέντα περὶ τῆς κατὰ
Μωϋσέα κοσμοποιΐας θεωρῆσαι, λαβέτω τὰ πραγματευθέντα
ἡμῖν εἰς τὴν Γένεσιν ἀπὸ τῆς ἀρχῆς τοῦ βιβλίου μέχρι τοῦ
«Αὕτη ἡ βίβλος γενέσεως ἀνθρώπων», ἐν οἷς πεπειράμεθα
ἀπ´ αὐτῶν τῶν θείων γραμμάτων κατασκευάσαι, τίς ὁ
«ἐν ἀρχῇ» γενόμενος οὐρανὸς καὶ γῆ καὶ τὸ τῆς γῆς
ἀόρατον καὶ ἀκατασκεύαστον, καὶ τίς ἡ ἄβυσσος καὶ τὸ
ἐπ´ αὐτῆς σκότος, τί τε τὸ ὕδωρ καὶ τὸ ἐπιφερόμενον αὐτῷ
«πνεῦμα τοῦ θεοῦ», καὶ τί τὸ γενητὸν «φῶς», τί τε
«τὸ στερέωμα» παρὰ τὸν «ἐν ἀρχῇ» γενόμενον οὐρανόν,
καὶ οὕτω τὰ ἑξῆς.
Ἀπεφήνατο δὲ μάλα εὐηθικὴν εἶναι καὶ τὴν περὶ ἀνθρώπων
γενέσεως γραφήν, μήτε τιθεὶς τὰς λέξεις μήτ´ ἀγωνιζόμενος
πρὸς αὐτάς· οὐ γὰρ εἶχεν οἶμαι λόγους ἀνατρέψαι δυναμένους
τὸ «κατ´ εἰκόνα θεοῦ» πεποιῆσθαι τὸν ἄνθρωπον.
Ἀλλ´ οὐδὲ συνίει τὸν ὑπὸ θεοῦ φυτευθέντα «παράδεισον»
καὶ τὴν προηγουμένην ἐν αὐτῷ τοῦ ἀνθρώπου ζωὴν καὶ τὴν
ἐκ περιστάσεως γενομένην, ἐκβληθέντος διὰ τὴν ἁμαρτίαν
καὶ κατοικισθέντος ἐναντίον «τοῦ παραδείσου τῆς τρυφῆς».
Ὁ δὲ λέγων μάλα εὐηθικῶς ταῦτ´ εἰρῆσθαι πρῶτον ἐπιστησάτω
καὶ ἑκάστῳ μὲν καὶ τῷ δέ· «Ἔταξε τὰ χερουβὶμ καὶ
τὴν φλογίνην ῥομφαίαν τὴν στρεφομένην, φυλάσσειν τὴν
ὁδὸν τοῦ ξύλου τῆς ζωῆς.» Εἰ δ´ ἄρα μηδὲν νοήσας Μωϋσῆς
ἀνέγραψε ταῦτα ἀλλὰ παραπλήσιόν τι ποιῶν οἷς παίζοντες
οἱ τῆς ἀρχαίας κωμῳδίας ποιηταὶ ἀνεγράψαντο· Προῖτος
ἔγημε Βελλεροφόντην, ὁ δὲ Πήγασος ἦν ἐξ Ἀρκαδίας·
ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν γελωτοποιεῖν θέλοντες τοιαῦτα συνέταττον,
οὐ πιθανὸν δὲ τὸν ὅλῳ ἔθνει γραφὰς καταλιπόντα περὶ ὧν
ἐβούλετο πεῖσαι τοὺς νομοθετουμένους ὅτι εἶεν ἐκ θεοῦ,
ἀπρόσλογα γεγραφέναι καὶ χωρίς τινος νοῦ εἰρηκέναι τό·
«Ἔταξε τὰ χερουβὶμ καὶ τὴν φλογίνην ῥομφαίαν τὴν
στρεφομένην, φυλάσσειν τὴν ὁδὸν τοῦ ξύλου τῆς ζωῆς» ἢ
ἄλλο τι τῶν περὶ τῆς ἀνθρώπων γενέσεως εἰρημένων καὶ
ὑπὸ τῶν παρ´ Ἑβραίοις σοφῶν πεφιλοσοφημένων.
| [6,49] Voyons ce qu'il ajoute, pour critiquer ce que dit Moïse
de la création du monde. C'est une critique qui ne
consiste qu'en paroles, et il ne l'appuie pas de la moindre preuve. Il n'y
a rien d'extravagant, dit-il, comme leur création du monde. S'il s'était
mis en devoir de montrer cette prétendue extravagance, et qu'il en eût
allégué quelques raisons, nous tâcherions de nous en défendre. Mais il ne
serait pas raisonnable, à mon avis, de nous arrêter, pour un mot dit en
l'air, à prouver que son accusation est mal fondée. Si quelqu'un a la
curiosité de s'instruire de ce qui nous persuade la création du monde
telle que Moïse l'a décrite, et de voir les démonstrations dont nous
croyons l'avoir appuyée, il peut lire ce que nous avons écrit sur la
Genèse, depuis le commencement du livre jusqu'à ces mots : C'est ici la
généalogie des hommes (Gen., V, 1) : où nous tachons de faire voir, par la
parole de Dieu, ce que c'est que ce ciel et que cette terre, qui furent
créés d'abord ; ce que c'est que cette invisibilité et que cette confusion
attribuées à a terre ; ce que c'est que l'abîme, et que les ténèbres qui
le couvraient ; ce que c'est que l'eau, et que l'Esprit de Dieu qui était
porté dessus; ce que c'est que la lumière créée ; ce que c'est que le
firmament distingué du ciel qui fut créé le premier (Gen.. I, 1, etc.), et
ainsi du reste. Il traite aussi d'extravagante l'histoire de la création
de l'homme, mais sans rapporter et sans combattre nos preuves. C'est sans
doute qu'il ne pouvait opposer rien de solide à ce qui nous est enseigné,
que l'homme fut fait selon l'image de Dieu (Gen., I, 27). Il ne comprend
pas non plus ce que c'est que le paradis que Dieu avait planté, ni quelle
y devait être, dans sa première destination, la vie de l'homme, qui a été
changée par accident, lorsque l'homme ayant péché, il fut chassé de ce
jardin de délices, et logé à l'opposite. Puisqu'à l'en croire, ce sont
là autant d'extravagances, qu'il examine chaque chose en détail, et en
particulier celle-ci : Dieu posa des chérubins avec une épée de feu,
qu'ils tournaient de tous côtés pour garder le chemin de l'arbre de vie
(Gen., III, 24). Si ce n'est, peut-être, que quand Moïse a écrit cela, il
n'ait eu d'autre dessein que de faire un conte divertissant, à peu près
comme les auteurs de l'ancienne comédie, lorsqu'ils disent que Proite fit
mourir Bellérophon, et que Pégase était d'Arcadie. Mais pour eux, ils
proposaient de faire rire, au lieu qu'il n'est pas vraisemblable que
Moïse, qui écrivait des lois pour tout un grand peuple, et qui voulait
qu'il les reçut comme de la part de Dieu, ait dit des choses vaines et
sans raison ; qu'il n'ait voulu cacher aucun sens sous ces paroles : Dieu
posa des chérubins avec une épée de feu, qu'ils tournaient de tous côtés
pour garder le chemin de l'arbre de vie; ni sous les autres qui expliquent
l'origine des hommes, el dont les mystères font l'étude des sages d'entre
les Juifs.
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