[6,44] Οὐ γὰρ οἷόν τ´ ἦν ὁμοίως εἶναι τῷ οὐσιωδῶς ἀγαθῷ
ἀγαθὸν τὸ κατὰ συμβεβηκὸς καὶ ἐξ ἐπιγενήματος ἀγαθόν·
ὅπερ τῷ μέν, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, τὸν ζῶντα ἄρτον ἀναλαμβάνοντι
εἰς τὴν τήρησιν ἑαυτοῦ οὐκ ἄν ποτε ἀποσυμβαίῃ.
Εἰ δέ τινι ἀποσυμβαίνει, παρὰ τὴν αἰτίαν ἐκείνου ἀποσυμβαίνει, ῥᾳθυμήσαντος περὶ τὸ μεταλαμβάνειν τοῦ ζῶντος
ἄρτου καὶ τοῦ ἀληθινοῦ ποτοῦ· ἀφ´ ὧν τρεφόμενον καὶ
ἀρδόμενον ἐπισκευάζεται τὸ πτερὸν καὶ κατὰ τὸν σοφώτατον
Σολομῶντα, εἰπόντα περὶ τοῦ κατ´ ἀλήθειαν πλουσίου ὅτι
«Κατεσκεύασεν γὰρ αὑτῷ πτέρυγας ὥσπερ ἀετός, καὶ
ἐπιστρέφει εἰς τὸν οἶκον τοῦ προεστηκότος ἑαυτοῦ».
Ἐχρῆν γὰρ τὸν ἐπιστάμενον συγχρῆσθαι θεὸν εἰς δέον καὶ
τοῖς ἀπὸ κακίας ὑποστᾶσιν κατατάξαι που τοῦ παντὸς τοὺς
οὑτωσὶ κακοὺς καὶ γυμνάσιον τὸ ὑπὲρ ἀρετῆς ποιῆσαι
ἐκκεῖσθαι τοῖς βουλομένοις «νομίμως» ἀθλεῖν ὑπὲρ τοῦ
αὐτὴν ἀναλαβεῖν· ἵν´ ὡς χρυσὸς ἐν πυρὶ τῇ τῶνδε κακίᾳ
βασανισθέντες καὶ πάντα πράξαντες, ἵνα μηδὲν κίβδηλον
πρόωνται ἐπὶ τὴν λογικὴν ἑαυτῶν φύσιν, ἄξιοι φανέντες τῆς
εἰς τὰ θεῖα ἀναβάσεως ἀνιμηθῶσιν ὑπὸ τοῦ λόγου ἐπὶ τὴν
ἀνωτάτω πάντων μακαριότητα καί, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω,
ἀκρώρειαν τῶν ἀγαθῶν.
Ὁ δ´ Ἑβραίων διαλέκτῳ Σατᾶν καὶ ἑλληνικώτερον ὑπό
τινων ὀνομασθεὶς Σατανᾶς μεταλαμβανόμενος εἰς ἑλλάδα
φωνήν ἐστιν ἀντικείμενος. Πᾶς δὲ ὁ τὴν κακίαν ἑλόμενος
καὶ τὸν κατ´ αὐτὴν βίον ὡς τὰ ἐναντία πράττων τῇ ἀρετῇ
σατανᾶς ἐστι, τουτέστιν ἀντικείμενος τῷ υἱῷ τοῦ θεοῦ, ὄντι
δικαιοσύνῃ καὶ ἀληθείᾳ καὶ σοφίᾳ. Κυριώτερον δὲ ἀντικείμενός
ἐστιν ὁ πρῶτος πάντων εἰρηνευόντων καὶ μακαρίως
διαγόντων πτερορρυήσας καὶ ἐκπεσὼν τῆς μακαριότητος·
ὃς κατὰ τὸν Ἰεζεκιὴλ περιεπάτησεν «ἄμωμος» ἐν πάσαις
ταῖς ὁδοῖς αὐτοῦ, ἕως εὑρεθῇ ἀνομία ἐν αὐτῷ, καὶ ὢν
«ἀποσφράγισμα ὁμοιώσεως καὶ στέφανος κάλλους» ἐν
τῷ παραδείσῳ τοῦ θεοῦ οἱονεὶ κορεσθεὶς τῶν ἀγαθῶν ἐν
ἀπωλείᾳ ἐγένετο κατὰ τὸν εἰπόντα μυστικῶς πρὸς αὐτὸν
λόγον· «Ἀπώλεια ἐγένου καὶ οὐχ ὑπάρξεις εἰς τὸν αἰῶνα.»
Ταῦτα μὲν οὖν ὀλίγα ἀποτετολμημένως καὶ παρακεκινδυνευμένως
τῇδε τῇ γραφῇ πιστεύσαντες ἐξεθέμεθα τάχα
οὐδέν· εἰ δέ τις σχολάσας τῇ βασάνῳ τῶν ἱερῶν γραμμάτων
πανταχόθεν σωματοποιήσαι τὸν περὶ τῆς κακίας λόγον, καὶ
ὡς ὑπέστη πρῶτον καὶ τίνα τρόπον καταλύεται, ἴδοι ἂν ὅτι
οὐδ´ ὄναρ ἐφαντάσθη τὸ Μωϋσέως καὶ τῶν προφητῶν περὶ
τοῦ Σατανᾶ βούλημα οὔτε Κέλσος οὔτε τις τῶν ὑπὸ τούτου
τοῦ πονηροῦ δαίμονος καθελκομένων καὶ κατασπωμένων
ἀπὸ θεοῦ καὶ τῆς περὶ αὐτοῦ ὀρθῆς ἐννοίας καὶ ἀπὸ τοῦ λόγου
αὐτοῦ τὴν ψυχήν.
| [6,44] car il n'était pas possible que le bien, qui n'était bien que par
accident et par communication, fût semblable au bien qui est
essentiellement tel. Ce bien communiqué ne se perd jamais tant qu'on a
soin, pour parler ainsi, de manger le pain vivant (Jean, VI, 51), afin de
se conserver soi-même : et qui le perd, le perd par sa propre faute, parce
qu'il néglige de prendre le pain vivant et le vrai breuvage, d'où ses
ailes tirent le suc qui est nécessaire pour les nourrir et pour les
renouveler. C'est l'enseignement du sage Salomon, qui dit de celui qui est
véritablement riche, qu'il se fait comme des ailes d'aigle pour retourner
au lieu où habite son Seigneur (Prov., XXIII, 5). Car Dieu, qui sait faire
un bon usage de la méchanceté de ceux qui sont assez malheureux pour
l'abandonner, a dû leur marquer dans l'univers un certain endroit où ils
servissent à exercer les athlètes de la vertu, qui s'efforcent de
combattre comme il faut (II Tim. II, 5), pour pouvoir encore l'acquérir et
la posséder. Les premiers sont comme le feu, et les autres comme l'or que
l'on met au creuset. Après que ceux-ci ont été bien purifiés, et qu'ayant
donné tous leurs soins à la partie raisonnable de leur être pour la
conserver exempte de tout mauvais aloi, ils se sont montrés dignes d'aller
jouir des biens célestes, ils sont élevés par le Verbe à la souveraine
félicité ou, s'il faut que je parle ainsi, au sommet de la montagne des
délices. Le mot hébreux, Satan, veut dire adversaire: et tout partisan du
vice qui, dans la conduite de sa vie, prend le chemin opposé à celui de la
vertu, est un satan, c'est-à-dire un adversaire du Fils de Dieu, qui est
la justice, la vérité et la sagesse (I Cor., I, 30; Jean, XIV, 6; Luc, X,
18) : mais l'adversaire par excellence, c'est celui qui, le premier de
tous les êtres qui jouissaient d'une paix et d'une félicité parfaite,
ayant perdu ses ailes, est déchu de cette heureuse condition. C'est celui
qui, comme en parle Ézéchiel, avait été irrépréhensible dans toutes ses
voies, jusqu'au jour où il se trouva de l'iniquité en lui, qui était comme
l'empreinte d'un cachet bien gravé et comme une riche couronne dans le
paradis de Dieu (Ezéch., XXVIII, 15, 12 et 13); mais qui, s'étant lassé
des biens qu'il y possédait, est tombé dans la perdition, selon ces
paroles mystérieuses : Ta perte est sans ressource, tu ne t'en relèveras
jamais (Ibid., XIX). Je me suis témérairement hasardé à écrire ici ce peu
de choses, qui peut-être même ne sont rien. Mais si, après avoir bien
étudié les livres sacrés, l'on voulait prendre le soin de faire un
recueil, et comme un corps, de tous les passages où ils parlent du mal, de
sa première origine et de la manière qu'il se détruit, l'on verrait que la
pensée de Moïse et des prophètes touchant Satan n'a été aperçue, non pas
même en songe, ni par Celse, ni par aucun autre de ceux qui, ayant laisse
séduire et gagner leur âme à ce mauvais démon, ont perdu la véritable idée
de Dieu et se sont détournés tant de lui que de son Verbe.
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