[6,43] Ὅρα οὖν εἰ μὴ ὁ ἐγκαλῶν ἡμῖν ὡς σφαλλομένοις
ἀσεβέστατα καὶ ἀποπεπλανημένοις θείων αἰνιγμάτων αὐτὸς
σαφῶς σφάλλεται, μὴ κατανοήσας ὅτι τὰ πολλῷ οὐ μόνον
Ἡρακλείτου καὶ Φερεκύδου ἀρχαιότερα ἀλλὰ καὶ Ὁμήρου
Μωϋσέως γράμματα εἰσήγαγε τὸν περὶ τοῦ πονηροῦ τούτου
καὶ ἐκπεσόντος τῶν οὐρανίων λόγον. Ὁ γὰρ «ὄφις»,
παρ´ ὃν ὁ παρὰ τῷ Φερεκύδῃ γέγονεν Ὀφιονεύς, αἴτιος
γενόμενος τοῦ ἐκβληθῆναι τοῦ θείου παραδείσου τὸν ἄνθρωπον,
τοιαῦτά τινα αἰνίσσεται, ἐπαγγελίᾳ θεότητος καὶ μειζόνων
ἀπατήσας τὸ θηλύτερον γένος· ᾧ συνηκολουθηκέναι λέγεται
καὶ ὁ ἀνήρ. Καὶ ὁ ἐν τῇ Μωϋσέως δὲ Ἐξόδῳ ὀλεθρευτὴς
τίς ἄλλος εἴη ἢ ὁ τοῦ ὀλέθρου τοῖς πειθομένοις αὐτῷ καὶ
μὴ ἀνθισταμένοις αὐτοῦ τῇ κακίᾳ καὶ μὴ ἀνταγωνιζομένοις
αἴτιος; Ἔτι δὲ ὁ ἐν τῷ Λευϊτικῷ ἀποπομπαῖος, ὃν ἡ
ἑβραϊκὴ γραφὴ ὠνόμασεν Ἀζαζήλ, οὐδεὶς ἕτερος ἦν· ὃν
ἀποπέμπεσθαι καὶ ἀποτροπιάζεσθαι ἔδει τὸν κλῆρον ἔχοντα
ἐν ἐρήμῳ· πάντες γὰρ οἱ τῆς τοῦ χείρονος διὰ τὴν κακίαν
μερίδος ἐναντίοι ὄντες τοῖς ἀπὸ τοῦ κλήρου τοῦ θεοῦ
ἔρημοί εἰσι θεοῦ. Ἀλλὰ καὶ οἱ ἐν τοῖς Κριταῖς υἱοὶ Βελίαρ
τίνος ἄλλου ἢ τούτου λέγονται εἶναι υἱοὶ διὰ τὴν πονηρίαν;
Σαφῶς δὲ παρὰ ταῦτα πάντα ἐν τῷ ἀρχαιοτέρῳ καὶ Μωϋσέως
αὐτοῦ Ἰὼβ «ὁ διάβολος» ἀναγέγραπται παρίστασθαι τῷ
θεῷ καὶ αἰτεῖν τὴν κατὰ τοῦ Ἰὼβ ἐξουσίαν, ἵν´ αὐτὸν
περιβάλῃ περιστάσεσι βαρυτάταις, πρώτῃ μὲν τῇ κατὰ
πάντων τῶν ὑπαρχόντων αὐτῷ καὶ τῶν τέκνων αὐτοῦ
ἀπωλείᾳ, δευτέρᾳ δὲ κατὰ τὸ περιβαλεῖν αὐτὸν ἀγρίῳ
ἐλέφαντι, τῷ οὕτω καλουμένῳ νοσήματι, πᾶν τὸ σῶμα τοῦ
Ἰώβ. Ἐῶ γὰρ τὰ ἀπὸ τῶν εὐαγγελίων περὶ τοῦ πειράζοντος
τὸν σωτῆρα διαβόλου, ἵνα μὴ δόξω ἀπὸ νεωτέρων γραφῶν
φέρειν τὰ περὶ τοῦ ζητουμένου πρὸς τὸν Κέλσον. Καὶ ἐν
τοῖς τελευταίοις δὲ τοῦ Ἰώβ, ἐν οἷς ὁ κύριος διὰ λαίλαπος
καὶ νεφελῶν εἶπε τῷ Ἰὼβ τὰ ἀναγεγραμμένα ἐν τῇ ὁμωνύμῳ
βίβλῳ αὐτοῦ, οὐκ ὀλίγα ἐστὶ περὶ δράκοντος εἰρημένα
λαβεῖν. Οὔπω λέγω καὶ τὰ ἀπὸ τοῦ Ἰεζεκιὴλ ὡς περὶ
«Φαραὼ» ἢ «Ναβουχοδονόσορ» ἢ ἄρχοντος «Τύρου», ἢ
τὰ ἀπὸ τοῦ Ἡσαΐου, ἐν οἷς θρηνεῖται ὁ βασιλεὺς Βαβυλῶνος·
ἀφ´ ὧν οὐκ ὀλίγα τις ἂν μανθάνοι περὶ τῆς κακίας, ποίαν
ἔσχεν ἀρχὴν καὶ γένεσιν, καὶ ὅτι ἀπό τινων πτερορρυησάντων
καὶ κατακολουθησάντων τῷ πρώτῳ πτερορρυήσαντι ὑπέστη
ἡ κακία.
| [6,43] Voyez, je vous prie, si cet homme,
qui nous accuse d'erreurs impies et de peu d'intelligence sur le fait des
énigmes sacrées, ne se trompe pas lui-même manifestement. Il ne considère
pas que le malin esprit et sa chute du ciel en terre se trouvent dans les
écrits de Moïse, beaucoup plus ancien, non seulement qu'Héraclite et que
Phérécyde, mais qu'Homère même ; car le serpent (En gr. Ophis) de Moïse,
d'où Phérécyde a emprunté son Ophionée, nous représente quelque chose de
semblable ; le serpent, dis-je, qui fut cause que l'homme fut chassé hors
du paradis de Dieu (Gen., Ill, 5), s'étant laissé tromper, après la femme,
aux promesses qu'il leur fit de les élever au rang de la divinité et au
comble du bonheur. El le destructeur dont le même Moïse parle dans
l'Exode, qu'est-ce autre chose que cet ennemi des hommes (Exode, XII, 23)
qui cause la perte de ceux qui suivent ses malheureux conseils, au lieu
d'y résister de toutes leurs forces? C'est lui encore qui était représenté
par le bouc de la propitiation, que le texte hébreux du Lévitique nommait
Azazel (Lév., XVI, 8), qu'il fallait chasser et envoyer au désert, comme
une victime dévouée à qui le sort ne donnait que ce partage : car ceux
qui, à cause de leurs vices, sont à ce mauvais maître, et qui font son lot
opposé à l'héritage de Dieu, sont tous comme dans un désert à l'égard de
Dieu, avec qui ils n'ont nul commerce. Et ceux qui, dans le livre des
Juges, sont nommés enfants de Béliar (Jug., XIX, 22), à cause de leur
méchanceté, ne sont-ce pas les enfants de ce même père? Mais outre tout
cela, l'histoire de Job, plus ancien que Moïse même, dit en termes formels
que le diable se présenta à Dieu pour lui demander la permission de faire
éprouver à ce saint homme les afflictions les plus sensibles (Job., I et
II) : premièrement, la perte de tous ses biens et de ses enfants, et
ensuite, une lèpre maligne, comme on l'appelle, dont il lui couvrit tout
le corps. Je n'allègue point ici ce que les Évangiles nous disent du
diable qui tenta notre Sauveur (Matth., IV, 1, etc.), de peur qu'il ne
semble que, sur le fait qui est en question, je veuille me servir contre
Celse du témoignage d'auteurs trop récents. Mais les derniers chapitres de
ce même livre de Job, où le Seigneur est représenté lui parlant d'un
tourbillon formé dans les nues, nous pourraient encore fournir diverses
preuves tirées de la description du dragon (Job., XL, 20). Pour ne point
citer ce que dit Ézéchiel, comme s'il parlait de Pharaon, de
Nabuchodonozor et du prince de Tyr (Ezéch., XXXII et 28), ni la plainte
que fait Isaïe sur la chute du roi de Babylone (Is., XIV, 4, etc.),
quoiqu'il y ait là plusieurs choses remarquables touchant la nature et
l'origine du mal, d'où l'on apprend qu'il doit son commencement à ceux
qui, ayant perdu leurs ailes, suivirent celui qui les avait perdues le premier;
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