[6,3] Παλαιοὶ τοίνυν ἄνδρες καὶ σοφοὶ δηλούσθωσαν τοῖς
ἐπίστασθαι δυναμένοις, καὶ δὴ καὶ Πλάτων ὁ τοῦ Ἀρίστωνος
τὰ περὶ τοῦ πρώτου ἀγαθοῦ διασημαινέτω ἔν τινι τῶν
ἐπιστολῶν καὶ φασκέτω μηδαμῶς εἶναι «ῥητὸν» τὸ πρῶτον
ἀγαθόν, «ἀλλ´ ἐκ πολλῆς συνουσίας» ἐγγινόμενον καὶ
«ἐξαίφνης οἷον ἀπὸ πυρὸς πηδήσαντος ἐξαφθὲν φῶς ἐν
τῇ ψυχῇ»· ὧν καὶ ἡμεῖς ἀκούσαντες συγκατατιθέμεθα ὡς
καλῶς λεγομένοις, «ὁ θεὸς γὰρ αὐτοῖς» ταῦτα καὶ ὅσα
καλῶς λέλεκται «ἐφανέρωσε». Διὰ τοῦτο δὲ καὶ τοὺς τὰ
ἀληθῆ περὶ θεοῦ ὑπολαβόντας καὶ μὴ τὴν ἀξίαν τῆς περὶ
αὐτοῦ ἀληθείας θεοσέβειαν ἀσκήσαντάς φαμεν ὑποκεῖσθαι
ταῖς τῶν ἁμαρτανόντων κολάσεσιν. Αὐταῖς γὰρ λέξεσί φησι
περὶ τῶν τοιούτων ὁ Παῦλος ὅτι «Ἀποκαλύπτεται ὀργὴ
θεοῦ ἀπ´ οὐρανοῦ ἐπὶ πᾶσαν ἀσέβειαν καὶ ἀδικίαν ἀνθρώπων
τῶν τὴν ἀλήθειαν ἐν ἀδικίᾳ κατεχόντων, διότι τὸ γνωστὸν
τοῦ θεοῦ φανερόν ἐστιν ἐν αὐτοῖς· ὁ θεὸς γὰρ αὐτοῖς
ἐφανέρωσε. Τὰ γὰρ ἀόρατα αὐτοῦ ἀπὸ κτίσεως κόσμου τοῖς
ποιήμασι νοούμενα καθορᾶται, ἥ τε ἀΐδιος αὐτοῦ δύναμις καὶ
θειότης, εἰς τὸ εἶναι αὐτοὺς ἀναπολογήτους, διότι γνόντες
τὸν θεὸν οὐχ ὡς θεὸν ἐδόξασαν ἢ ηὐχαρίστησαν, ἀλλ´ ἐματαιώθησαν
ἐν τοῖς διαλογισμοῖς αὐτῶν, καὶ ἐσκοτίσθη ἡ
ἀσύνετος αὐτῶν καρδία. Φάσκοντες εἶναι σοφοὶ ἐμωράνθησαν,
καὶ ἤλλαξαν τὴν δόξαν τοῦ ἀφθάρτου θεοῦ ἐν ὁμοιώματι
εἰκόνος φθαρτοῦ ἀνθρώπου καὶ πετεινῶν καὶ τετραπόδων καὶ
ἑρπετῶν». Καὶ «ἀλήθειαν» γοῦν κατέχουσιν, ὡς καὶ ὁ
ἡμέτερος μαρτυρεῖ λόγος, οἱ φρονοῦντες ὅτι «ῥητὸν οὐδαμῶς
ἐστι» τὸ πρῶτον ἀγαθὸν καὶ λέγοντες ὡς «ἐκ πολλῆς
συνουσίας γινομένης περὶ τὸ πρᾶγμα αὐτὸ καὶ τοῦ συζῆν
ἐξαίφνης οἷον ἀπὸ πυρὸς πηδήσαντος ἐξαφθὲν φῶς ἐν τῇ
ψυχῇ γενόμενον αὐτὸ ἑαυτὸ ἤδη τρέφει».
| [6,3] Que les anciens sages
parlent donc pour ceux qui sont capables de les entendre, et qu'ils disent
avec Platon dans quelqu'une de ses lettres, pour expliquer la nature du
souverain bien, que le souverain bien n'est pas une chose qui se puisse
exprimer par des paroles, mais qu'il ne s'acquiert que par une longue
habitude et qu'il s'allume tout d'un coup dans l'âme comme une lumière
qu'on voit sortir d'un feu qui s'éprend (Lettre VII). Lorsque nous lisons
cela, nous le trouvons fort beau, et nous y acquiesçons (car nous prenons
à tâche de ne combattre jamais ce qui est bien dit : et quoique ceux qui
le disent ne soient pas de notre créance, nous ne voulons pas les
contredire, ni chercher à détruire ce qu'ils avancent de conforme à la
raison). En effet, c'est Dieu qui leur a révélé tout ce qu'ils ont dit de
bon, et en cette rencontre et en d'autres. Ce qui nous donne lieu de dire
que ceux qui connaissent les vérités dont Dieu est l'objet et qui
cependant ne lui rendent pas un culte tel que cette connaissance exigerait
d'eux sont sujets à la peine due aux pécheurs. Voici comme Saint Paul parle
d'eux en propres termes : La colère de Dieu éclate du ciel contre toute
l'impiété et l'iniquité des hommes qui retiennent la vérité dans
l'injustice, puisque ce qui peut faire connaître Dieu est évident parmi
eux, Dieu le leur ayant clairement découvert. Car ce qui est invisible en
Dieu, tant sa puissance éternelle que sa divinité est visible en ses
ouvrages, et s'y fait connaître depuis la création du monde : ainsi ces
personnes sont inexcusables, parce qu'ayant connu Dieu, ils ne l'ont point
glorifié comme Dieu et ne lui ont point rendu grâces. Mais ils se sont
laissés aller à leurs vains raisonnements et leur cœur privé
d'intelligence a été rempli de ténèbres. Voulant passer pour sages, ils
sont devenus fous au point de changer la gloire de Dieu incorruptible en
des représentations et en des images d'hommes corruptibles, d'oiseaux, de
bêtes à quatre pieds et de serpents (Rom.. I,18, 19, 20, 21, 22, 23).
Ceux-là donc, selon le témoignage de nos Écritures, retiennent la vérité
dans l'injustice qui croient et qui disent que le souverain bien n'est pas
une chose qui se puisse exprimer par des paroles ; mais qu'il ne
s'acquiert que par une longue habitude et une grande assiduité, qui fait
enfin qu'il s'allume tout d'un coup dans l'âme, comme une lumière qu'on
voit sortir d'un feu qui s'éprend; après quoi, il s'y nourrit et s'y
entretient de lui-même.
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