[6,2] Ταῦτα δέ μοι λέλεκται ἀπολογουμένῳ περὶ τῆς κατηγορουμένης
ὑπὸ Κέλσου καὶ ἑτέρων ἐν λέξεσιν εὐτελείας τῶν
γραφῶν, ἀμαυροῦσθαι δοκούσης ὑπὸ τῆς ἐν συνθέσει λέξεως
λαμπρότητος· ἐπεὶ οἱ καθ´ ἡμᾶς προφῆται Ἰησοῦς τε καὶ
οἱ ἀπόστολοι αὐτοῦ ἐνεῖδον τρόπῳ ἀπαγγελίας, οὐ τὰ
ἀληθῆ μόνον περιεχούσης ἀλλὰ καὶ δυναμένης ἐπαγαγέσθαι
τοὺς πολλούς, ἕως προτραπέντες καὶ εἰσαχθέντες ἕκαστος
κατὰ δύναμιν ἀναβῶσιν ἐπὶ τὰ ἐν ταῖς δοκούσαις εἶναι
εὐτελέσι λέξεσιν ἀπορρήτως εἰρημένα. Καὶ εἰ χρή γε τολμήσαντα
εἰπεῖν, ὀλίγους μὲν ὤνησεν, εἴ γε ὤνησεν, ἡ περικαλλὴς
καὶ ἐπιτετηδευμένη Πλάτωνος καὶ τῶν παραπλησίως
φρασάντων λέξις· πλείονας δὲ ἡ τῶν εὐτελέστερον ἅμα καὶ
πραγματικῶς καὶ ἐστοχασμένως τῶν πολλῶν διδαξάντων
καὶ γραψάντων. Ἔστι γοῦν ἰδεῖν τὸν μὲν Πλάτωνα ἐν χερσὶ
τῶν δοκούντων εἶναι φιλολόγων μόνον, τὸν δὲ Ἐπίκτητον
καὶ ὑπὸ τῶν τυχόντων καὶ ῥοπὴν πρὸς τὸ ὠφελεῖσθαι
ἐχόντων θαυμαζόμενον, αἰσθομένων τῆς ἀπὸ τῶν λόγων
αὐτοῦ βελτιώσεως.
Καὶ ταῦτά γε οὐκ ἐγκαλοῦντες Πλάτωνί φαμεν—ὁ γὰρ
πολὺς τῶν ἀνθρώπων κόσμος χρησίμως καὶ τοῦτον ἤνεγκεν—
ἀλλὰ καὶ δεικνύντες τὸ βούλημα τῶν εἰπόντων τό· «Καὶ ὁ
λόγος μου καὶ τὸ κήρυγμά μου οὐκ ἐν πειθοῖς σοφίας λόγοις
ἀλλ´ ἐν ἀποδείξει πνεύματος καὶ δυνάμεως, ἵν´ ἡ πίστις
ἡμῶν μὴ ᾖ ἐν σοφίᾳ ἀνθρώπων ἀλλ´ ἐν δυνάμει θεοῦ.»
Φησὶ δ´ ὁ θεῖος λόγος οὐκ αὔταρκες εἶναι τὸ λεγόμενον,
κἂν καθ´ αὑτὸ ἀληθὲς καὶ πιστικώτατον ᾖ, πρὸς τὸ καθικέσθαι
ἀνθρωπίνης ψυχῆς, ἐὰν μὴ καὶ δύναμίς τις θεόθεν
δοθῇ τῷ λέγοντι καὶ χάρις ἐπανθήσῃ τοῖς λεγομένοις, καὶ
αὕτη οὐκ ἀθεεὶ ἐγγινομένη τοῖς ἀνυσίμως λέγουσι. Φησὶ
γοῦν ὁ προφήτης ἐν ἑξηκοστῷ καὶ ἑβδόμῳ ψαλμῷ ὅτι
«Κύριος δώσει ῥῆμα τοῖς εὐαγγελιζομένοις δυνάμει πολλῇ».
Ἵν´ οὖν ἐπί τινων δοθῇ τὰ αὐτὰ δόγματα εἶναι Ἕλλησι
καὶ τοῖς ἀπὸ τοῦ λόγου ἡμῶν, ἀλλ´ οὔτι γε καὶ τὰ αὐτὰ
δύναται πρὸς τὸ ὑπαγαγέσθαι καὶ διαθεῖναι ψυχὰς κατὰ ταῦτα.
Διόπερ οἱ ἰδιῶται ὡς πρὸς φιλοσοφίαν ἑλληνικὴν μαθηταὶ τοῦ
Ἰησοῦ ἐκπεριῆλθον πολλὰ ἔθνη τῆς οἰκουμένης, διατιθέντες,
ὡς ὁ λόγος ἐβούλετο, κατ´ ἀξίαν ἕκαστον τῶν ἀκουόντων·
οἳ καὶ ἀνάλογον τῇ ῥοπῇ τοῦ αὐτεξουσίου αὐτῶν πρὸς
ἀποδοχὴν τοῦ καλοῦ πολλῷ βελτίους ἐγένοντο.
| [6,2] Ce que je dis pour défendre,
contre les accusations de Celse et de quelques autres, la
simplicité du style de nos Écritures qui semblent n'avoir aucun lustre
auprès de ces compositions si brillantes, où tous les préceptes de l'art
sont observés. Mais c'est que nos prophètes, notre Jésus et ses apôtres,
dans les enseignements qu'il nous ont laissés, n'ont pas eu simplement en
vue de dire des choses véritables, ils ont voulu aussi les dire d'une
manière qui pût s'insinuer dans l'esprit des peuples jusqu'à ce qu'étant
ainsi tous gagnés et attirés, chacun s'élevât selon ses forces, aux
mystères cachés sous celle simplicité apparente. Et, pour dire librement
ce que j'en pense, si le style étudié et fleuri de Platon et de ceux qui
lui ressemblent, a fait quelque fruit, il n'en a fait qu'à l'égard d'un
petit nombre de personnes, au prix de ceux qui ont profité de la manière
simple, mais vive des auteurs qui ont accommodé leurs préceptes et leurs
écrits à la portée du commun des hommes. Aussi voit-on que Platon n'est
qu'entre les mains des gens de lettres : au lieu qu'Épictète se fait
admirer des plus simples, qui sentent en eux-mêmes l'utilité de ses
leçons, pour peu qu'ils aient de disposition à en profiter. Je n'ai pas
dessein, au reste, quand je parle ainsi, de me déclarer contre Platon ;
car les diverses beautés qu'il a empruntées de l'art ont aussi leur usage
: mais je veux faire voir quelle est la pensée de ceux qui disent : Je
n'ai pas employé en vous parlant et en vous prêchant, les discours
persuasifs de la sagesse humaine, mais la démonstration de l'esprit et de
la puissance ; afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des
hommes, mais sur la puissance de Dieu (I Cor., Il, 4), D'ailleurs, la
sainte Écriture nous enseigne que pour toucher le coeur des hommes, il ne
suffit pas que les choses qu'on leur dit soient véritables et très dignes
de foi en elles-mêmes : mais qu'il faut de plus, que celui qui leur parle
soit assisté d'une vertu particulière de Dieu, et qu'une grâce, qui ne
peut venir que du ciel, soit répandue sur ses paroles, afin qu'il parle
avec fruit. C'est ce oui fait dire au prophète dans le psaume LXVII : Le
Seigneur donnera la parole aux messagers de bonnes nouvelles, qui les
publieront arec une grande force (Ps. LXVII ou LXVIII, 12) . Ainsi, quand
nous accorderions sur quelques points que les dogmes de la religion
chrétienne sont les mêmes que ceux des Grecs, toujours ceux-ci
n'auraient-ils pas autant de vertu pour gagner l'âme et pour la bien
disposer. De là vient que les disciples de Jésus qui, n'ayant nulle
teinture de la philosophie grecque, ne pouvaient passer à cet égard que
pour des personnes mal instruites allèrent répandre leur doctrine dans une
partie de la terre, disposant leurs auditeurs à suivre, chacun à
proportion de ses lumières, les règles qu'elle leur prescrivait : de sorte
que, selon qu'on avait plus de penchant et plus d'inclination à recevoir
de bons principes, on en devenait beaucoup meilleur.
|