[6,4] Ἀλλ´ οἱ τοιαῦτα περὶ τοῦ πρώτου ἀγαθοῦ γράψαντες
καταβαίνουσιν «εἰς Πειραιέα», προσευξόμενοι ὡς θεῷ τῇ
Ἀρτέμιδι καὶ ὀψόμενοι τὴν ὑπὸ ἰδιωτῶν ἐπιτελουμένην
πανήγυριν· καὶ τηλικαῦτά γε φιλοσοφήσαντες περὶ τῆς
ψυχῆς καὶ τὴν διαγωγὴν τῆς καλῶς βεβιωκυΐας διεξελθόντες,
καταλιπόντες τὸ μέγεθος ὧν «αὐτοῖς» «ὁ θεὸς» «ἐφανέρωσεν»
εὐτελῆ φρονοῦσι καὶ μικρά, «ἀλεκτρυόνα» «τῷ
Ἀσκληπιῷ» ἀποδιδόντες· καὶ «τὰ» «ἀόρατα» τοῦ θεοῦ
καὶ τὰς ἰδέας φαντασθέντες «ἀπὸ τῆς κτίσεως τοῦ κόσμου»
καὶ τῶν αἰσθητῶν, ἀφ´ ὧν ἀναβαίνουσιν ἐπὶ τὰ νοούμενα,
τήν τε ἀΐδιον αὐτοῦ δύναμιν καὶ θειότητα οὐκ ἀγεννῶς
ἰδόντες οὐδὲν ἧττον «ἐματαιώθησαν ἐν τοῖς διαλογισμοῖς
αὐτῶν», καὶ ὡς «ἀσύνετος αὐτῶν ἡ καρδία» ἐν σκότῳ καὶ
ἀγνοίᾳ καλινδεῖται τῇ περὶ τοῦ θεραπεύειν τὸ θεῖον. Καὶ
ἔστιν ἰδεῖν τοὺς ἐπὶ σοφίᾳ μέγα φρονοῦντας καὶ θεολογίᾳ
«ὁμοιώματι εἰκόνος φθαρτοῦ ἀνθρώπου» προσκυνοῦντας,
εἰς τιμήν φασιν ἐκείνου, ἔσθ´ ὅτε δὲ καὶ καταβαίνοντας
μετ´ Αἰγυπτίων ἐπὶ τὰ πετεινὰ ἢ τετράποδα ἢ ἑρπετά.
Ἵνα δὲ καὶ δοκῶσί τινες ταῦτα ὑπεραναβεβηκέναι, ἀλλ´
εὑρεθήσονται ἀλλάξαντες «τὴν ἀλήθειαν τοῦ θεοῦ ἐν τῷ
ψεύδει» καὶ σέβοντες καὶ λατρεύοντες «τῇ κτίσει παρὰ τὸν
κτίσαντα». Διόπερ τῶν ἐν Ἕλλησι σοφῶν καὶ πολυμαθῶν
τοῖς ἔργοις περὶ τὸ θεῖον πλανωμένων «ἐξελέξατο ὁ θεὸς»
«τὰ μωρὰ τοῦ κόσμου», «ἵνα καταισχύνῃ τοὺς σοφούς»,
«καὶ τὰ ἀγενῆ» «καὶ τὰ ἀσθενῆ» «καὶ τὰ ἐξουθενημένα»
καὶ «τὰ μὴ ὄντα, ἵνα τὰ ὄντα καταργήσῃ»· καὶ ἀληθῶς,
ἵνα «μὴ καυχήσηται πᾶσα σὰρξ ἐνώπιον τοῦ θεοῦ».
Πρῶτον δὲ ἡμῶν σοφοί, Μωϋσῆς ὁ ἀρχαιότατος καὶ οἱ
ἑξῆς αὐτῷ προφῆται, «οὐδαμῶς» «ῥητὸν» ἐπιστάμενοι τὸ
πρῶτον ἀγαθὸν ἔγραψαν μέν, ὡς θεοῦ ἑαυτὸν ἐμφανίζοντος
τοῖς ἀξίοις καὶ ἐπιτηδείοις, ὅτι «ὤφθη» ὁ θεὸς φέρ´ εἰπεῖν
τῷ Ἀβραὰμ ἢ τῷ Ἰσαὰκ ἢ τῷ Ἰακώβ. Τίς δὲ ὢν ὤφθη
καὶ ποταπὸς καὶ τίνα τρόπον καὶ τίνι τῶν ἐν ἡμῖν, καταλελοίπασιν ἐξετάζειν τοῖς δυναμένοις ἑαυτοὺς ἐμπαρέχειν
παραπλησίους ἐκείνοις, οἷς ὤφθη ὁ θεός· ὀφθεὶς αὐτῶν οὐ
τοῖς τοῦ σώματος ὀφθαλμοῖς ἀλλὰ τῇ καθαρᾷ καρδίᾳ.
Καὶ γὰρ κατὰ τὸν Ἰησοῦν ἡμῶν «μακάριοι οἱ καθαροὶ τῇ
καρδίᾳ, ὅτι αὐτοὶ τὸν θεὸν ὄψονται».
| [6,4] Ceux, dis-je, qui ayant ainsi parlé du souverain
bien, descendent au Pirée (Port d'Athènes), pour adresser des prières à
Diane comme à une divinité, et pour assister aux cérémonies qui se
célèbrent dans l'assemblée solennelle d'un peuple ignorant, on les entend
qui disent mille belles choses sur la nature de l'âme et sur l'état où sa
vertu la doit mettre après celle vie : mais, publiant aussitôt ces
choses sublimes que Dieu leur a révélées, ils n'ont que des sentiments
vils et bas, et ils veulent que l'on sacrifie à Esculape le coq qu'ils lui
ont voué (Plat. dans le Phédon). Ils s'étaient formé des idées de ce qui
est invisible en Dieu ; et par la contemplation des choses sensibles que
la création du monde leur avait découvertes, ils étaient montés jusqu'aux
choses intellectuelles ; de sorte qu'ils avaient des pensées assez nobles
de la puissance éternelle de Dieu et de sa divinité ; mais ils se laissent
aller néanmoins à leurs vains raisonnements ; et comme leur cœur est sans
intelligence, il se plonge dans les ténèbres d'une ignorance grossière sur
le sujet du culte de Dieu. On voit ces gens qui font tant les fiers de
leur sagesse, et de leur théologie, se jeter aux pieds d'une image qui est
la représentation d'un homme corruptible pour honorer, disent-ils, la
Divinité : on les voit même quelquefois s'abaisser avec les Égyptiens,
jusqu'aux oiseaux, aux bêtes à quatre pieds et aux serpents. Mais quand il
y en aurait quelques-uns dont l'âme semblerait plus élevée que cela, il se
trouvera toujours qu'ils changent la vérité de Dieu en mensonge; et qu'au
lieu de servir et d'adorer le Créateur, ils servent et ils adorent la
créature (Rom., 1, 25). Ainsi, les sages et les savants d'entre les
Grecs, faisant à l'égard de la Divinité des actions qui ne pouvaient venir
que d'un principe d'erreur, Dieu a choisi les moins sages selon le monde
pour confondre les sages ; il a choisi les plus vils, les plus faibles et
les plus méprisables, ce qui n'étaient rien, pour détruire ce qui était de
plus grand (I Cor., I, 27, 28, 29), afin que véritablement nul homme ne se
glorifie devant lui. Aussi nos premiers sages, Moïse, le plus ancien de
tous, et les prophètes qui l'ont suivi, sachant que le souverain bien
n'est pas une chose qui se puisse exprimer par des paroles, disent bien
dans leurs écrits, lorsqu'ils parlent des apparitions par lesquelles Dieu
s'est montré a ceux qui en étaient dignes et capables, que Dieu s'est fait
voir à Abraham, à Isaac ou à Jacob (Gen., XII,7; XXVI, 2; XXXV, 9): mais
quel il s'est fait voir, en quel état, de quelle manière
ou sous quelle forme approchant de ce que nous connaissons, c'est ce
qu'ils ne disent point. Ils le laissent à la méditation des personnes qui
peuvent se mettre à peu près dans la même disposition que ceux a qui Dieu
se faisait voir, non des yeux du corps, mais des yeux d'un cœur pur. Car
Notre-Seigneur Jésus déclare que ceux qui ont le cœur pur sont
bienheureux, parce qu'ils verront Dieu.
|