| [5,14] Λέγει οὖν ταῦτα· Ἠλίθιον δ´ αὐτῶν καὶ τὸ νομίζειν,
ἐπειδὰν ὁ θεὸς ὥσπερ μάγειρος ἐπενέγκῃ τὸ πῦρ, τὸ μὲν
ἄλλο πᾶν ἐξοπτήσεσθαι γένος, αὐτοὺς δὲ μόνους διαμενεῖν,
οὐ μόνον τοὺς ζῶντας ἀλλὰ καὶ τοὺς πάλαι ποτὲ ἀποθανόντας
αὐταῖς σαρξὶν ἐκείναις ἀπὸ τῆς γῆς ἀναδύντας, ἀτεχνῶς
σκωλήκων ἡ ἐλπίς. Ποία γὰρ ἀνθρώπου ψυχὴ ποθήσειεν
ἂν ἔτι σῶμα σεσηπός; Ὁπότε μηδ´ ὑμῶν τοῦτο τὸ δόγμα
καὶ τῶν Χριστιανῶν ἐνίοις κοινόν ἐστι, καὶ τὸ σφόδρα
μιαρὸν αὐτοῦ καὶ ἀπόπτυστον ἅμα καὶ ἀδύνατον ἀποφαίνειν·
ποῖον γὰρ σῶμα πάντῃ διαφθαρὲν οἷόν τε ἐπανελθεῖν εἰς
τὴν ἐξ ἀρχῆς φύσιν καὶ αὐτὴν ἐκείνην, ἐξ ἧς ἐλύθη, τὴν
πρώτην σύστασιν; Οὐδὲν ἔχοντες ἀποκρίνασθαι καταφεύγουσιν 
εἰς ἀτοπωτάτην ἀναχώρησιν, ὅτι πᾶν δυνατὸν τῷ
θεῷ. Ἀλλ´ οὔτι γε τὰ αἰσχρὰ ὁ θεὸς δύναται οὐδὲ τὰ παρὰ
φύσιν βούλεται· οὐδ´ ἂν σύ τι ἐπιθυμήσῃς κατὰ τὴν σαυτοῦ 
μοχθηρίαν βδελυρόν, ὁ θεὸς τοῦτο δυνήσεται, καὶ χρὴ
πιστεύειν εὐθὺς ὅτι ἔσται. Οὐ γὰρ τῆς πλημμελοῦς ὀρέξεως
οὐδὲ τῆς πεπλανημένης ἀκοσμίας ἀλλὰ τῆς ὀρθῆς καὶ
δικαίας φύσεως ὁ θεός ἐστιν ἀρχηγέτης. Καὶ ψυχῆς μὲν
αἰώνιον βιοτὴν δύναιτ´ ἂν παρασχεῖν· «Νέκυες δέ»,
φησὶν Ἡράκλειτος, «κοπρίων ἐκβλητότεροι». Σάρκα δή,
μεστὴν ὧν οὐδὲ εἰπεῖν καλόν, αἰώνιον ἀποφῆναι παραλόγως
οὔτε βουλήσεται ὁ θεὸς οὔτε δυνήσεται. Αὐτὸς γάρ ἐστιν ὁ
πάντων τῶν ὄντων λόγος· οὐδὲν οὖν οἷός τε παράλογον
οὐδὲ παρ´ ἑαυτὸν ἐργάσασθαι.
 | [5,14] C'est encore, dit-il, une de leurs folles imaginations, qu'après que Dieu 
aura allumé le feu, comme un cuisinier, tout le reste sera grillé, mais 
qu'eux seuls demeureront ; et non seulement ceux qui se trouveront alors 
en vie, mais ceux même qui seront morts depuis longtemps, que l'on verra 
sortir de dessous la terre avec cette même chair qu'ils avaient eue. Ce 
qui, à vrai dire, est une espérance digne de vers. Car où est l'âme 
humaine qui désirât de rentrer dans un corps pourri ? Il y a même des 
chrétiens qui ne sont pas de ce sentiment et qui soutiennent qu'il est 
également impie, abominable et impossible. En effet, comment un corps 
entièrement corrompu pourrait-il reprendre sa première nature et recouvrer 
cette même disposition de parties qui a été détruite ?  Ne sachant que 
répondre, ils ont recours à la plus absurde de toutes les évasions; que 
tout est possible à Dieu ; mais Dieu ne peut faire les choses déshonnêtes, 
et il ne veut rien de contraire à la nature. Dès que vos désirs déréglés 
vous auront mis dans l'esprit une chose digne d'horreur, ce n'est pas à 
dire que Dieu la puisse faire, ni qu'il faille incontinent croire qu'elle 
sera. Dieu n'est pas l'exécuteur de nos fantaisies criminelles, ni 
l'auteur de l'impureté et du désordre ; il est le directeur de la nature, 
où il n'y a rien que de droit et de juste. Il peut bien donner une vie 
immortelle à l'âme, mais, comme dit Héraclite, on doit faire moins d'état 
d'un corps mort, que si c'était du fumier. Immortaliser, contre toute 
raison, une chair pleine de choses qu'il est même malséant de nommer, 
c'est ce que Dieu ne saurait ni faire, ni vouloir faire; car comme il est 
la souveraine raison de tous les êtres, il ne saurait rien faire contre la 
raison, qu'il ne le fit contre lui-même. 
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