[3,28] Τί μὲν γὰρ βουλομένη ἡ πρόνοια τὰ περὶ τὸν Ἀριστέαν
παράδοξα ἐπραγματεύετο, καὶ τί ὠφελῆσαι τὸ τῶν ἀνθρώπων
γένος βουλομένη τὰ τηλικαῦτα, ὡς οἴει, ἐπεδείκνυτο, οὐκ
ἔχεις λέγειν. Ἡμεῖς δέ, ἐπὰν τὰ περὶ τοῦ Ἰησοῦ διηγώμεθα,
οὐ τὴν τυχοῦσαν φέρομεν ἀπολογίαν περὶ τοῦ ταῦτα γεγονέναι,
τὸ τὸν θεὸν βεβουλῆσθαι συστῆσαι τὸν διὰ Ἰησοῦ ὡς
σωτήριον τοῖς ἀνθρώποις λόγον, βεβαιούμενον μὲν τοῖς
ἀποστόλοις ὡσπερεὶ θεμελίοις τῆς καταβαλλομένης οἰκοδομῆς
τοῦ χριστιανισμοῦ ἐπιδιδόντα δὲ καὶ κατὰ τοὺς ἑξῆς χρόνους,
ἐν οἷς οὐκ ὀλίγαι θεραπεῖαι τῷ Ἰησοῦ ὀνόματι καὶ ἄλλαι
τινὲς ἐπιφάνειαι οὐκ εὐκαταφρόνητοι ἐπιτελοῦνται.
Ποταπὸς δὲ καὶ ὁ Ἀπόλλων, ἐπισκήπτων Μεταποντίνοις
ἐν θεῶν μοίρᾳ νέμειν τὸν Ἀριστέαν; Καὶ τί βουλόμενος
τοῦτο ποιεῖ, ποίαν τε ὠφέλειαν ἐκ τῆς ὡς πρὸς θεὸν τιμῆς
οἰκονομῶν τοῖς Μεταποντίνοις γενέσθαι, εἰ τὸν πρὸ ὀλίγου
ἄνθρωπον νῦν θεὸν λογίζοιντο; Ἀλλ´ Ἀπόλλωνος μέν, τοῦ
καθ´ ἡμᾶς δαίμονος λαχόντος γέρας «λοιβῆς τε κνίσσης τε»,
αἱ περὶ τοῦ Ἀριστέου συστάσεις ἀξιόλογοί σοι φαίνονται
εἶναι, αἱ δὲ τοῦ ἐπὶ πᾶσι θεοῦ καὶ τῶν ἁγίων ἀγγέλων
αὐτοῦ διὰ προφητῶν οὐ μετὰ τὸ γεγονέναι τὸν Ἰησοῦν
ἀλλὰ πρὶν ἐπιδημῆσαι τῷ βίῳ τῶν ἀνθρώπων προαγορευόμεναι
οὐ κινοῦσί σε πρὸς τὸ θαυμάσαι καὶ τοὺς χωρήσαντας
θεῖον πνεῦμα προφήτας καὶ τὸν ὑπ´ αὐτῶν προφητευόμενον;
Οὗ τὴν εἰς τὸν βίον ἐπιδημίαν πολλοῖς πρότερον ἔτεσιν
οὕτω διὰ πλειόνων κεκηρύχθαι συμβέβηκεν, ὥστε τὸ
Ἰουδαίων ὅλον ἔθνος ἠρτημένον τῆς περὶ τοῦ ἐλπιζομένου
ἐπιδημήσειν προσδοκίας εἰς τὴν πρὸς ἀλλήλους ζήτησιν
ἐληλυθέναι τοῦ Ἰησοῦ ἐπιδημήσαντος, καὶ πολὺ μὲν πλῆθος
αὐτῶν ὡμολογηκέναι Χριστὸν καὶ πεπιστευκέναι αὐτὸν
εἶναι τὸν προφητευόμενον τοὺς δὲ μὴ πιστεύοντας, καταφρονήσαντας τῆς πρᾳότητος τῶν διὰ τὰ Ἰησοῦ μαθήματα οὐδὲ μέχρι τοῦ τυχόντος στασιάζειν βουληθέντων, τολμῆσαι κατὰ
τοῦ Ἰησοῦ τοιαῦτα, ἅτινα φιλαλήθως καὶ εὐγνωμόνως
ἀνέγραψαν οἱ μαθηταὶ αὐτοῦ, οὐχ ὑπεκκλέψαντες τῆς περὶ
αὐτοῦ παραδόξου ἱστορίας τὸ δοκοῦν τοῖς πολλοῖς αἰσχύνην
τῷ λόγῳ Χριστιανῶν φέρειν.
Καὶ αὐτὸς γὰρ ὁ Ἰησοῦς ἐβούλετο καὶ οἱ μαθηταὶ αὐτοῦ
μὴ μόνον τῇ θειότητι καὶ τοῖς παραδόξοις αὐτοῦ πιστεύειν
τοὺς προσιόντας, ὡς οὐ κοινωνήσαντος τῇ ἀνθρωπίνῃ φύσει
οὐδ´ ἀναλαβόντος τὴν ἐν ἀνθρώποις σάρκα ἐπιθυμοῦσαν
«κατὰ τοῦ πνεύματος»· ἀλλὰ γὰρ καὶ τὴν καταβᾶσαν
εἰς ἀνθρωπίνην φύσιν καὶ εἰς ἀνθρωπίνας περιστάσεις
δύναμιν καὶ ἀναλαβοῦσαν ψυχὴν καὶ σῶμα ἀνθρώπινον
ἑώρων ἐκ τοῦ πιστεύεσθαι μετὰ τῶν θειοτέρων συμβαλλομένην
εἰς σωτηρίαν τοῖς πιστεύουσιν, ὁρῶσιν ὅτι ἀπ´ ἐκείνου
ἤρξατο θεία καὶ ἀνθρωπίνη συνυφαίνεσθαι φύσις, ἵν´ ἡ
ἀνθρωπίνη τῇ πρὸς τὸ θειότερον κοινωνίᾳ γένηται θεία
οὐκ ἐν μόνῳ τῷ Ἰησοῦ ἀλλὰ καὶ πᾶσι τοῖς μετὰ τοῦ πιστεύειν
ἀναλαμβάνουσι βίον, ὃν Ἰησοῦς ἐδίδαξεν, ἀνάγοντα ἐπὶ
τὴν πρὸς θεὸν φιλίαν καὶ τὴν πρὸς ἐκεῖνον κοινωνίαν πάντα
τὸν κατὰ τὰς Ἰησοῦ ὑποθήκας ζῶντα.
| [3,28] Car quoi aurait été le dessein de la Providence, en faisant pour ce
proconnésien, les miracles dont vous nous parlez ? Quel fruit aurait-elle
voulu que les hommes en tirassent? Vous auriez de la peine à le dire. Mais
pour nous, après avoir raconté l'histoire de Jésus, nous rendons une
raison très solide des choses merveilleuses qu'elle contient; c'est que
Dieu a voulu par là confirmer la doctrine salutaire que Jésus a apportée
au monde (Ephés., II, 20) : cette doctrine, dont les apôtres ont été comme
les fondements, sur la fermeté desquels tout l'édifice du christianisme
s'est élevé, dans les temps qui ont suivi, où la main de Dieu parait
encore, par un assez grand nombre de guérisons qui se font au nom de
Jésus, et par d'autres opérations surprenantes. D'ailleurs, quelle est
l'autorité de cet Apollon qui commanda si expressément aux habitants de
Métaponte de mettre Aristée au rang des dieux? Quel était son but en cela
: et quel avantage prétendait-il que les Métapontins trouvassent à lui
obéir, en adorant un dieu qui un peu auparavant n'était qu'un homme?
Apollon, selon nous, n'est qu'un démon qui se laisse prendre par la fumée
de quelque sacrifice ou par l'effusion de quelque liqueur. Cependant, il
vous suffit qu'il ait parlé : sa recommandation rend Aristée digne d'avoir
des autels ; mais celle du grand Dieu et de ses saints anges, en faveur de
Jésus, apportée aux hommes par les prophètes, non depuis qu'il est venu au
monde, mais avant qu'il y parût, a si peu de force sur vous, que vous
n'admirez ni les prophètes, remplis de l'esprit divin, ni celui qui était
le sujet de toutes leurs prophéties. Il y a pourtant assez de quoi admirer
ce grand nombre de prédictions qui, depuis tant d'années, avaient
tellement attaché les espérances de toute la nation des Juifs à l'attente
de cet avènement du Messie, que dès que Jésus parut, elle se divisa en
deux partis, plusieurs le reconnaissant pour celui qui avait été promis
par les prophètes, et les autres rejetant avec mépris l'auteur d'une
doctrine qui ne permettait pas à ses sectateurs de violer le moins du
monde les règles de douceur et de patience qu'elle leur prescrivait. Ce
fut même ce qui donna à ces incrédules la hardiesse d'entreprendre contre
lui toutes les choses que ses disciples nous racontent avec tant
d'ingénuité et de bonne foi, qu'ils n'ont point voulu retrancher de sa
merveilleuse histoire ce que plusieurs regardent comme l'opprobre de la
religion chrétienne. Aussi, tant le maître que les disciples voulaient-ils
que les fidèles ne s'arrêtassent pas uniquement aux miracles
et à la divinité de Jésus comme s'il n'eût point eu de part à la nature
humaine et qu'il ne se fût point revêtu de cette chair infirme, dont les
mouvements sont contraires à ceux de l'esprit (Gal., V, 17). Ils savaient
que cet Être si élevé au-dessus des hommes, qui s'était abaissé jusqu'à
leur condition et à leurs faiblesses, jusqu'à prendre un corps et une âme
semblables aux leurs, ne contribuait pas moins par cet abaissement que par
ce qu'il avait de plus divin, au salut de ceux qui s'attachaient à lui par
leur foi. Nous voyons en effet que c'est en lui qu'a commencé l'union de
la nature divine avec l'humaine, afin que la nature humaine, unie
étroitement avec la divine, devint ainsi divine elle-même, non seulement
en Jésus, mais en tous ceux, généralement qui, après avoir cru, conforment
leur vie aux préceptes de Jésus; car tous ceux qui les suivent ont part à
l'amour de Dieu et entrent dans sa communion.
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