[3,25] Ἵνα δὲ καὶ δῶ ἰατρόν τινα δαίμονα θεραπεύειν
σώματα τὸν καλούμενον Ἀσκληπιόν, εἴποιμ´ ἂν πρὸς τοὺς
θαυμάζοντας τὸ τοιοῦτο ἢ τὴν Ἀπόλλωνος μαντείαν ὅτι,
εἴπερ μέσον ἐστὶν ἡ τῶν σωμάτων ἰατρικὴ καὶ πρᾶγμα
πίπτον οὐκ εἰς ἀστείους μόνον ἀλλὰ καὶ φαύλους, μέσον δὲ
καὶ ἡ περὶ τῶν μελλόντων πρόγνωσις—οὐ γὰρ πάντως
ἐμφαίνει τὸ ἀστεῖον ὁ προγινώσκων—, παραστήσατε πῶς
οὐδαμῶς μέν εἰσι φαῦλοι οἱ θεραπεύοντες ἢ οἱ προγινώσκοντες
παντὶ δὲ τρόπῳ ἀποδείκνυνται ἀστεῖοί τινες καὶ οὐ μακρὰν
τοῦ ὑποληφθῆναι εἶναι θεοί. Ἀλλ´ οὐ δυνήσονται ἀστείους
ἀποδεῖξαι τοὺς θεραπεύοντας ἢ τοὺς προγινώκοντας, πολλῶν
καὶ ἀναξίων τοῦ ζῆν θεραπεύεσθαι λεγομένων, οὓς οὐκ ἂν
οὐδ´ ὁ σοφὸς ἰατρὸς ὢν θεραπεῦσαι ἠθέλησεν ἀκαθηκόντως
ζῶντας.
Καὶ ἐν τοῖς χρησμοῖς δὲ τοῦ Πυθίου εὕροις ἂν προστασσόμενά
τινα οὐκ εὔλογα. Ὧν δύο ἐπὶ τοῦ παρόντος παραθήσομαι,
ὅτι Κλεομήδην μέν, οἶμαι τὸν πύκτην, ἰσοθέοις
τιμαῖς ἐκέλευε τιμᾶσθαι, οὐκ οἶδ´ ὅ τι ποτὲ σεμνὸν ἰδὼν
ἐν τῇ πυκτικῇ αὐτοῦ, οὔτε δὲ Πυθαγόραν οὔτε Σωκράτην
ἐτίμησε ταῖς τιμαῖς τοῦ πύκτου. Ἀλλὰ καὶ «Μουσῶν
θεράποντα» εἰπὼν τὸν Ἀρχίλοχον, ἄνδρα ἐν κακίστῃ καὶ
ἀσελγεστάτῃ ὑποθέσει ἐπιδειξάμενον τὴν ἑαυτοῦ ποιητικὴν
καὶ ἦθος ἀσελγὲς καὶ ἀκάθαρτον παραστήσαντα, ὅσον ἐπὶ
τῷ «θεράποντα» εἶναι «Μουσῶν», νομιζομένων εἶναι
θεῶν, εὐσεβῆ τινα ἀνηγόρευσεν. Οὐκ οἶδα δὲ εἰ καὶ ὁ τυχὼν
τὸν εὐσεβῆ φήσει μὴ πάσῃ κεκοσμῆσθαι μετριότητι καὶ
ἀρετῇ, καὶ κόσμιος τοιαῦτα λέγοι ἄν, ὁποῖα περιέχουσιν οἱ
μὴ σεμνοὶ τοῦ Ἀρχιλόχου ἴαμβοι. Εἰ δὲ μηδὲν θεῖον αὐτόθεν
ἐμφαίνεται ἀπὸ τῆς Ἀσκληπιοῦ ἰατρικῆς καὶ Ἀπόλλωνος
μαντικῆς, πῶς εὐλόγως ἄν τις, ἵνα καὶ δῶ ταῦθ´ οὕτως
ἔχειν, ὡς θεοὺς αὐτοὺς σέβοι ἂν καθαρούς τινας; Καὶ
μάλισθ´ ὅτε διὰ τοῦ Πυθίου στομίου περικαθεζομένῃ τῇ
καλουμένῃ προφήτιδι πνεῦμα διὰ τῶν γυναικείων ὑπεισέρχεται
τὸ μαντικόν, ὁ Ἀπόλλων, τὸ καθαρὸν ἀπὸ γηΐνου σώματος.
Οὐδὲν δὲ τοιοῦτον ἡμεῖς περὶ τοῦ Ἰησοῦ καὶ τῆς δυνάμεως
αὐτοῦ δοξάζομεν. Τὸ γὰρ γεγεννημένον ἀπὸ τῆς παρθένου
σῶμα ἦν ἀπὸ τῆς ἀνθρωπίνης ὕλης συνεστηκός, δεκτικὸν
τῶν ἀνθρωπίνων τραυμάτων καὶ θανάτου.
| [3,25] Mais quand j'accorderais qu'un certain démon nommé Écuslape eût
le pouvoir de guérir les corps, je pourrais dire à ceux qui admireraient
soit les guérisons d'Esculape, soit les prédictions d'Apollon, que la
vertu de guérir des maladies corporelles, et celle de prédire l'avenir,
sont de l'ordre des choses indifférentes ; car de ce qu'elles se trouvent
dans un sujet, il ne s'ensuit pas que les qualités morales de ce sujet
soient bonnes ; il est également possible qu'elles soient mauvaises. Ce
serait donc à eux à prouver que ceux qui ont la faculté de guérir ou de
prédire ne peuvent avoir de mauvaises qualités ; qu'ils en ont
nécessairement de bonnes, et que peu s'en faut qu'ils ne méritent de
passer pour dieux; mais c'est ce que l'on ne prouvera jamais à l'égard de
ceux qui font, soit les guérisons, soit les prédictions dont il s'agit. On
voit en effet plusieurs personnes qu'on dit avoir été guéries par eux, qui
sont entièrement indignes de vivre, étant si corrompues que même un sage
médecin ferait scrupule de les guérir. Il se trouvera aussi que les
oracles d'Apollon ne sont pas toujours fort raisonnables. Je n'en veux,
pour cette heure, alléguer que deux exemples. Le premier, d'un lutteur
nommé, je crois, Cléomède, à qui l'oracle veut que l'on rende les honneurs
divins, trouvant dans sa lutte quelque chose de plus digne d'estime, que
dans la sagesse de Pythagore et de Socrate, pour qui il n'ordonne rien de
pareil. L'autre, du poète Archiloque à qui il donne l'éloge de favori des
Muses, quoique ses vers n'aient rien que de sale et de déshonnête, et
qu'il ait vécu d'une manière bien impure el bien déréglée pour un favori
des Muses qui devait avoir de la piété, si les Muses sont des déesses. Je
ne crois pas, en effet, qu'il y ait personne qui n'avoue que si la piété
est inséparable de toutes les vertus, elle l'est en particulier de la
modestie et de la pudeur : et je doute fort qu'un homme, qui connaîtrait
un peu celles-ci, voulût rien dire d'approchant des saletés qu'Archiloque
a mises dans ses vers ïambiques. Si donc, ni le pouvoir de guérir des
maladies, ni celui de prédire l'avenir, ne sont pas nécessairement des
qualités divines, par quelle raison les veut-on faire passer pour telles
dans un Esculape et dans Apollon, quand il serait vrai qu'ils les eussent?
Peut-on conclure de là que ce soient des dieux d'une sainteté parfaite,
surtout après ce que l'on dit de l'endroit par où l'esprit prophétique
d'Apollon, cet esprit qui n'a rien de grossier ni de terrestre, entre dans
le corps de la Pythie, comme elle est assise au-dessus du trou sacré? Pour
nous, nous ne disons rien de pareil de Jésus, ni de sa puissance : car
nous savons que le corps qu'il prit dans le sein de la Vierge, était un
corps matériel sujet aux blessures et à la mort comme celui des autres
hommes.
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