[1,16] Θαυμάζω δέ, πῶς Ὀδρύσας μὲν καὶ Σαμόθρᾳκας καὶ
Ἐλευσινίους καὶ Ὑπερβορέους ἐν τοῖς ἀρχαιοτάτοις καὶ
σοφωτάτοις ἔταξεν ἔθνεσιν ὁ Κέλσος, τοὺς δὲ Ἰουδαίους οὐκ
ἠξίωσεν οὔτε εἰς σοφοὺς παραδέξασθαι οὔτε εἰς ἀρχαίους·
πολλῶν φερομένων συγγραμμάτων παρὰ Αἰγυπτίοις καὶ
Φοίνιξι καὶ Ἕλλησι, μαρτυρούντων αὐτῶν τῇ ἀρχαιότητι,
ἅπερ ἐγὼ περισσὸν ἡγησάμην εἶναι παραθέσθαι. Δυνατὸν
γὰρ τὸν βουλόμενον ἀναγνῶναι τὰ γεγραμμένα Φλαυίῳ
Ἰωσήπῳ περὶ τῆς τῶν Ἰουδαίων ἀρχαιότητος ἐν δυσίν,
ὅπου πολλὴν συναγωγὴν συγγραφέων φέρει μαρτυρούντων
τῇ Ἰουδαίων ἀρχαιότητι. Καὶ Τατιανοῦ δὲ νεωτέρου φέρεται
ὁ πρὸς Ἕλληνας λόγος, πολυμαθέστατα ἐκτιθεμένου τοὺς
ἱστορήσαντας περὶ τῆς Ἰουδαίων καὶ Μωϋσέως ἀρχαιότητος.
Ἔοικεν οὖν οὐκ ἀληθῶς ἀλλὰ φιλαπεχθημόνως ὁ Κέλσος
ταῦτα λέγειν, σκοπὸν ἔχων κατηγορῆσαι τῆς ἀρχῆς τοῦ
χριστιανισμοῦ, ἠρτημένης ἀπὸ Ἰουδαίων. Ἀλλὰ καὶ τοὺς
μὲν Ὁμήρου Γαλακτοφάγους καὶ τοὺς Γαλατῶν Δρυΐδας
καὶ τοὺς Γέτας σοφώτατα λέγει ἔθνη εἶναι καὶ ἀρχαῖα, περὶ
τῶν συγγενῶν τοῖς ἰουδαϊκοῖς λόγοις διαλαμβάνοντας, ὧν
οὐκ οἶδα εἰ φέρεται συγγράμματα· Ἑβραίους δὲ μόνον τὸ
ὅσον ἐφ´ ἑαυτῷ ἐκβάλλει καὶ τῆς ἀρχαιότητος καὶ τῆς σοφίας.
Πάλιν τε αὖ κατάλογον ποιούμενος ἀνδρῶν ἀρχαίων καὶ
σοφῶν, ὠφελησάντων τοὺς κατ´ αὐτοὺς καὶ διὰ συγγραμμάτων
τοὺς μετ´ αὐτούς, Μωϋσέα ἐξέβαλε τοῦ καταλόγου τῶν
σοφῶν. Καὶ Λίνου μέν, ὃν προέταξεν ὧν ὠνόμασεν ὁ Κέλσος,
οὔτε νόμοι οὔτε λόγοι φέρονται ἐπιστρέψαντες καὶ θεραπεύσαντες
ἔθνη· Μωϋσέως δὲ τοὺς νόμους ὅλον ἔθνος φέρει
ἐπεσπαρμένον τῇ πάσῃ οἰκουμένῃ. Ὅρα οὖν εἰ μὴ ἄντικρυς
κακουργῶν ἐξέβαλε τοῦ καταλόγου τῶν σοφῶν καὶ Μωϋσέα,
Λίνον δὲ καὶ Μουσαῖον καὶ Ὀρφέα καὶ τὸν Φερεκύδην καὶ
τὸν Πέρσην Ζωροάστρην καὶ Πυθαγόραν φήσας περὶ τῶνδε
διειληφέναι, καὶ ἐς βίβλους κατατεθεῖσθαι τὰ ἑαυτῶν
δόγματα καὶ πεφυλάχθαι αὐτὰ μέχρι δεῦρο.
| [1,16] Je m'étonne, au reste, que Celse, mettant les Odrysiens et les Hyperborées,
ceux d’Eleusine et ceux de Samothrace au rang des nations les plus sages et
les plus anciennes du monde, il ait absolument exclu les Juifs du nombre de
celles qui pouvaient prétendre au moins à quelque degré d'antiquité et de
sagesse; car les propres écrits des Egyptiens, des Phéniciens et des Grecs
sont remplis d'un grand nombre de témoignages sur l'antiquité de ce peuple :
et je ne me dispense de les rapporter que parce que ceux qui les voudront
voir n'ont qu'à lire les deux livres où Joseph les a soigneusement ramassés.
Tatien, qui a écrit depuis, a fait aussi un savant discours contre les gentils
(contre Apion), où il produit les passages de divers auteurs qui déposent en
faveur de l'antiquité du peuple juif et de celle de Moïse. Il semble donc que
quand Celse a parlé de la sorte, il a moins eu dessein de dire la vérité que de
contenter sa haine et de décrier jusque dans la nation des Juifs l'origine du
christianisme qui y est comme attachée. Aussi voit-on que les Galactophages
même d'Homère, les druides des Gaulois et des Gètes, qui ont eu quelques
sentiments assez conformes à ceux des Hébreux, mais dont je ne sais s'il
reste aucun écrit, sont selon lui des peuples très sages et très anciens : il n'y
a que cette seule nation à qui il s'efforce d'ôter ces qualités. Il fait la même
injure à Moïse en particulier, ne lui donnant aucun rang parmi les anciens
sages dont il parle, qui ont travaillé pendant leur vie pour le bien des autres
hommes, et qui les instruisent encore par leurs écrits après leur mort. Linus
est celui qu'il met à la tête de tous les autres, mais de qui nous n'avons ni
lois, ni livres pour le règlement de la société ou pour la correction des mœurs
; au lieu que les lois de Moïse sont encore observées par un grand peuple,
qui les a répandues par toute la terre. Jugez donc si ce n'est pas l'effet d'une
malignité toute visible de refuser à Moïse le titre de sage, et de l'accorder à
Linus, à Musée, à Orphée, à Phérécyde, au persan Zoroastre et à Pythagore,
sur ce qu'ils se sont appliqués a donner des préceptes aux hommes, et qu'ils
ont eu soin de les laisser à la postérité, dans leurs écrits, où ils se sont
conservés jusqu'à présent.
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