[1,9] {Μετὰ ταῦτα προτρέπει ἐπὶ τὸ {λόγῳ ἀκολουθοῦντας
καὶ λογικῷ ὁδηγῷ παραδέχεσθαι δόγματα, ὡς πάντως
ἀπάτης γινομένης τῷ μὴ οὕτω συγκατατιθεμένῳ τισί· καὶ
ἐξομοιοῖ τοὺς ἀλόγως πιστεύοντας μητραγύρταις καὶ τερατοσκόποις,
Μίθραις τε καὶ Σαβαδίοις, καὶ ὅτῳ τις προσέτυχεν,
Ἑκάτης ἢ ἄλλης δαίμονος ἢ δαιμόνων φάσμασιν.} Ὡς γὰρ
ἐν ἐκείνοις πολλάκις μοχθηροὶ ἄνθρωποι ἐπιβαίνοντες τῇ
ἰδιωτείᾳ τῶν εὐεξαπατήτων ἄγουσιν αὐτοὺς ᾗ βούλονται,
οὕτως φησὶ καὶ ἐν τοῖς Χριστιανοῖς γίνεσθαι. Φησὶ δέ
τινας μηδὲ βουλομένους διδόναι ἢ λαμβάνειν λόγον περὶ ὧν
πιστεύουσι χρῆσθαι τῷ {«Μὴ ἐξέταζε ἀλλὰ πίστευσον»
καὶ «Ἡ πίστις σου σώσει σε.» Καί φησιν αὐτοὺς λέγειν·
«Κακὸν ἡ ἐν τῷ κόσμῳ σοφία ἀγαθὸν δ´ ἡ μωρία.»} Λεκτέον
δὲ πρὸς τοῦτο ὅτι {εἰ μὲν οἷόν τε πάντας καταλιπόντας τὰ
τοῦ βίου πράγματα σχολάζειν τῷ φιλοσοφεῖν}, ἄλλην ὁδὸν
οὐ μεταδιωκτέον οὐδενὶ ἢ ταύτην μόνην. Εὑρεθήσεται γὰρ
ἐν τῷ χριστιανισμῷ οὐκ ἐλάττων, ἵνα μὴ φορτικόν τι εἴπω,
ἐξέτασις τῶν πεπιστευμένων καὶ διήγησις τῶν ἐν τοῖς
προφήταις αἰνιγμάτων καὶ τῶν ἐν τοῖς εὐαγγελίοις παραβολῶν
καὶ ἄλλων μυρίων συμβολικῶς γεγενημένων ἢ
νενομοθετημένων. {Εἰ δὲ τοῦτ´ ἀμήχανον} πῇ μὲν διὰ τὰς
τοῦ βίου ἀνάγκας πῇ δὲ καὶ διὰ τὴν τῶν ἀνθρώπων ἀσθένειαν,
σφόδρα ὀλίγων ἐπὶ τὸν λόγον ᾀττόντων, {ποία ἂν ἄλλη
βελτίων μέθοδος πρὸς τὸ τοῖς πολλοῖς βοηθῆσαι εὑρεθείη}
τῆς ἀπὸ τοῦ Ἰησοῦ τοῖς ἔθνεσι παραδοθείσης;
Καὶ πυνθανόμεθά γε περὶ τοῦ πλήθους τῶν πιστευόντων,
τὴν πολλὴν χύσιν τῆς κακίας ἀποθεμένων, ἐν ᾗ πρότερον
ἐκαλινδοῦντο· πότερον βέλτιόν ἐστιν αὐτοῖς ἀλόγως πιστεύουσι
κατεστάλθαι πως τὰ ἤθη καὶ ὠφελῆσθαι διὰ τὴν
περὶ τῶν κολαζομένων ἐπὶ ἁμαρτίαις καὶ τιμωμένων ἐπὶ
ἔργοις χρηστοῖς πίστιν, ἢ μὴ προσίεσθαι αὐτῶν τὴν ἐπιστροφὴν
μετὰ ψιλῆς πίστεως, ἕως ἂν ἐπιδῶσιν ἑαυτοὺς ἐξετάσει
λόγων; Φανερῶς γὰρ οἱ πάντες παρ´ ἐλαχίστους οὐδὲ τοῦτο
λήψονται, ὅπερ εἰλήφασιν ἐκ τοῦ ἁπλῶς πεπιστευκέναι,
ἀλλὰ μενοῦσιν ἐν κακίστῳ βίῳ. Εἴπερ οὖν ἄλλο τι κατασκευαστικόν
ἐστι τοῦ τὸ φιλάνθρωπον τοῦ λόγου οὐκ ἀθεεὶ
τῷ βίῳ τῶν ἀνθρώπων ἐπιδεδημηκέναι, καὶ τοῦτ´ αὐτοῖς
συγκαταριθμητέον. Ὁ γὰρ εὐλαβὴς οὐδὲ σωμάτων ἰατρόν,
πολλοὺς ἐπὶ τὸ βέλτιον νοσοῦντας ἀγαγόντα, οἰήσεται ἀθεεὶ
πόλεσι καὶ ἔθνεσιν ἐπιδημεῖν· οὐδὲν γὰρ χρηστὸν ἐν
ἀνθρώποις ἀθεεὶ γίνεται. Εἰ δὲ ὁ πολλῶν σώματα θεραπεύσας
ἢ ἐπὶ τὸ βέλτιον προαγαγὼν οὐκ ἀθεεὶ θεραπεύει, πόσῳ
πλέον ὁ πολλῶν ψυχὰς θεραπεύσας καὶ ἐπιστρέψας καὶ
βελτιώσας, καὶ ἀναρτήσας αὐτὰς θεοῦ τοῦ ἐπὶ πᾶσι καὶ
διδάξας πᾶσαν πρᾶξιν ἀναφέρειν ἐπὶ τὴν ἐκείνου ἀρέσκειαν
καὶ πάντ´ ἐκκλίνειν, ὅς´ ἀπάρεστά εἰσι θεῷ, μέχρι τοῦ ἐλαχίστου
τῶν λεγομένων ἢ πραττομένων ἢ καὶ εἰς ἐνθύμησιν ἐρχομένων;
| [1,9] Il nous exhorte à ne recevoir aucun dogme qu'après avoir pris conseil de
la raison, et que suivant ce qu'elle nous dicte, parce qu'autrement on est sujet
à se tromper dans les opinions qu'on embrasse. Et il compare ceux qui
croient sans examen ce qu'on leur propose, à ceux qui se laissent séduire
par les illusions de ces charlatans qui courent le monde sous le nom de
prêtres de Mithras, ou (Gr. Sabbadiens) de Bacchus, de Cybèle, ou d'Hécate,
ou de quelque autre divinité semblable ; car comme ces fourbes, abusant de
la crédulité des simples qui s'arrêtent à eux, en font pour l'ordinaire tout ce
qu'ils veulent: Ainsi, dit-il, en arrive-t-il parmi les chrétiens, entre lesquels il y
en a qui, ne voulant ni écouter vos raisons, ni vous en donner de ce qu'ils
croient, se contentent de vous dire : N'examinez point, croyez seulement; ou
bien, votre foi vous sauvera: et qui tiennent pour maxime que la sagesse (de
la vie) du monde est un mal, et que la folie est un bien. Il lui faut répondre
que s'il était possible que tous les hommes, négligeant les affaires de la vie,
s'attachassent à l'étude et à la méditation, il ne faudrait point chercher d'autre
voie pour leur faire recevoir la religion chrétienne ; car pour ne rien dire qui
offense personne, on n'y trouvera pas moins d'exactitude qu'ailleurs, soit
dans la discussion de ses dogmes, soit dans l'éclaircissement des
expressions énigmatiques de ses prophètes, soit dans l'expression des
paraboles de Ses Evangiles et d'une infinité d'autres choses arrivées ou
ordonnées symboliquement. Mais puisque ni les nécessites de la vie, ni
l'infirmité des hommes ne permettent qu'à un fort petit nombre de personnes
de s'appliquer à l'étude, quel moyen pouvait-on trouver plus capable de
profiter à tout le reste du monde, que celui que Jésus-Christ a voulu qu'on
employât pour la conversion des peuples? et je voudrais bien que l'on me dit,
sur le sujet du grand nombre de ceux qui croient et qui par là se sont retirés
du bourbier des vices où ils étaient auparavant enfoncés, lequel leur vaut le
mieux, d'avoir de la sorte changé leurs mœurs et corrigé leur vie, en croyant,
sans examen qu'il y a des peines pour les péchés et des récompenses pour
les bonnes actions, ou d'avoir attendu à se convertir qu'on les y reçût,
lorsqu'ils ne croiraient pas. seulement, mais qu'ils auraient examiné avec soin
les fondements de ces dogmes. Il est certain qu'à suivra cette méthode, il y
en aurait bien peu qui en vinssent jusqu'où leur foi toute simple et toute nue
les conduit; mais que la plupart demeureraient dans leur corruption : ce qui
me fait dire qu'entre les plus illustres preuves qui font voir qu'une doctrine si
avantageuse aux hommes ne peut leur être venue que du ciel, il faut mettre
celle que cette considération nous fournit ; car une personne pieuse ne croira
pas même qu'un médecin qui aura guéri une grande quantité de malades
dans une ville ou dans tout un pays, y soit venu autrement que par une
conduite particulière de la Providence, puisqu'il n'arrive rien de bon dans le
monde dont Dieu ne soit l'auteur. S'il faut donc rapporter à Dieu ces
guérisons corporelles, à combien plus forte raison lui faut-il attribuer la
guérison de tant d'âmes, et reconnaître que c'est sa main qui leur a donné
celui qui les convertit, qui les purifie, qui leur enseigne à dépendre
uniquement du souverain maître du monde, à régler tout ce qu'elles font sur
sa volonté et à éviter tout ce qui lui peut déplaire, jusque dans les moindres
de leurs actions, de leurs paroles ou de leurs désirs?
|