| [41,4] Τί ἂν οὖν πρὸς ταῦτα ἀποκρίναιτο ὁ Ζεύς, ἢ ὁ
Ἀπόλλων, ἤ τις ἄλλος μαντικὸς θεός; Ἀκούσομεν τοῦ
ὑποφήτου λέγοντος
ἐξ ἡμέων γὰρ φασὶ κακ´ ἔμμεναι· οἱ δὲ καὶ αὐτοὶ
σφῇσιν ἀτασθαλίῃσιν ὑπὲρ μόρον ἄλγε´ ἔχουσιν· 
Τίς οὖν ἡ τῆς ἀτασθαλίης αἰτία; Οὐρανοῦ καὶ γῆς
δυοῖν ἑστίαιν τὴν μὲν ἄμοιρον ἡγητέον κακῶν, τὴν δὲ
ἐξ ἀμφοῖν ἐπιμεμιγμένην· ᾗ τὰ μὲν ἀγαθὰ ἐπίρρυτα
ἐκ τῆς ἑτέρας, τὰ δὲ κακὰ ἐξ αὐτοφυοῦς μοχθηρίας
ἀνίσταται. Διττὴ δὲ αὕτη, ἡ μὲν ὕλης πάθος, ἡ δὲ
ψυχῆς ἐξουσία. Ῥητέον δὲ δὴ τὰ πρῶτα ὑπὲρ τῆς
προτέρας. Ὕλην ὁρᾷς ὑποβεβλημένην δημιουργῷ ἀγαθῷ·
ἧς τὸ μὲν κοσμηθὲν ἥκει παρὰ τῆς τέχνης· εἰ δέ τι
ἀκρατῶς ἑαυτῶν τὰ ἐν γῇ ἔχοντα πάσχει πλημμελές,
ἀναίτιόν μοι τὴν τέχνην τίθει· βούλησις γὰρ οὐδεμία
τεχνίτου ἄτεχνος, οὐδὲ γὰρ νομοθέτου ἄδικος· ὁ δὲ
θεῖος νοῦς ἀνθρωπίνης τέχνης εὐστοχώτερος. Καθάπερ
οὖν ἐν ταῖς τῶν τεχνῶν χειρουργίαις τὰ μὲν ἡ τέχνη
προηγουμένως δρᾷ, στοχαζομένη τοῦ τέλους, τὰ δὲ
ἕπεται τῇ χειρουργίᾳ, οὐ τέχνης ἔργα, ἀλλ´ ὕλης πάθη,
σπινθῆρές τε ἐξ ἄκμονος, καὶ ἐκ βαύνου αἰθαλώσεις,
καὶ ἄλλο ἐξ ἄλλης πάθος, ἀναγκαῖον μὲν τῇ ἐργασίᾳ,
οὐ προηγούμενον δὲ τῷ τεχνίτῃ· οὕτως ἀμέλει καὶ 
ὅσα περὶ γῆν πάθη γίνεται, ἃς καλοῦμεν κακῶν ἀνθρωπίνων 
ἐμβολάς, ἐνταῦθα ἡγητέον ἀναίτιον καὶ τὴν
τέχνην· εἶναι δὲ ταῦτα τῆς τοῦ ὅλου δημιουργίας ὥσπέρ
τινας ἀναγκαίας καὶ ἑπομένας φύσεις· ἃ δὲ ἡμεῖς καλοῦμεν 
κακὰ καὶ φθοράς, καὶ ἐφ´ οἷς ὀδυρόμεθα, ταῦτα
ὁ τεχνίτης καλεῖ σωτηρίαν τοῦ ὅλου· μέλει γὰρ αὐτῷ
τοῦ ὅλου, τὸ δὲ μέρος ἀνάγκη κακοῦσθαι ὑπὲρ τοῦ
ὅλου. Λοιμώττουσιν Ἀθηναῖοι, σείονται Λακεδαιμόνιοι,
ἡ Θετταλία ἐπικλύζεται, ἡ Αἴτνη φλέγεται. Καὶ πότε
Ἀθηναίοις ἀθανασίαν ὁ Ζεὺς ὑπέσχετο; ἐὰν γὰρ ἀπέλθῃ
ὁ λοιμός, Ἀλκιβιάδης ἐπὶ Σικελίαν οὐκ ἄγει; Πότε 
Λακεδαιμονίοις ὑπέσχετο γῆν ἄσειστον; πότε Θετταλοῖς
γῆν ἄκλυστον; πότε Σικελιώταις γῆν ἄπυρον; Μόρια
ταῦτα σωμάτων. Ὁρᾷς οὖν τὰ πάθη, ἃ σὺ μὲν καλεῖς
φθοράν, τεκμαιρόμενος τῇ τῶν ἀπιόντων ὁδῷ· ἐγὼ δὲ
σωτηρίαν, τεκμαιρόμενος τῇ διαδοχῇ τῶν μελλόντων.
Μεταβολὴν ὁρᾶς σωμάτων καὶ γενέσεως,
ἀλλαγὴν ὁδῶν ἄνω καὶ κάτω,
κατὰ τὸν Ἡράκλειτον· καὶ αὖθις αὖ
ζῶντας μὲν τὸν ἐκείνων βίον, ἀποθνήσκοντας 
δὲ τὴν ἐκείνων ζωήν.
Ζῇ πῦρ τὸν γῆς θάνατον, καὶ ἀὴρ
ζῇ τὸν πυρὸς θάνατον· ὕδωρ ζῇ τὸν ἀέρος θάνατον,
γῆ τὸν ὕδατος.
Διαδοχὴν ὁρᾷς βίου καὶ μεταβολὴν σωμάτων, καινουργίαν 
τοῦ ὅλου.
 | [41,4] Que répondront à cela Jupiter, Apollon, et les autres Dieux qui 
rendent des oracles ? Ecoutons leur interprète, qui s'exprime ainsi : 
« Les hommes nous accusent d'être les auteurs de leurs maux, tandis qu'ils 
s'attirent eux-mêmes, par leur propre faute, des malheurs auxquels ils 
n'étaient point destinés ». Quelle est donc la cause des crimes des 
hommes ? Regardons le ciel et la terre comme deux demeures différentes, 
dont l'une est inaccessible à tous les maux, et l'autre offre le mélange 
des maux et des biens, de manière que les biens tirent leur origine de la 
première, et que dans l'autre, les maux prennent leur source dans une 
native et spontanée méchanceté. Cette méchanceté est de deux espèces. La 
première tient aux affections matérielles du corps, et l'autre aux 
fonctions morales de l'âme. Parlons d'abord de la première. Vous 
voyez de la matière soumise à la manipulation d'un habile ouvrier. 
L'ornement que reçoit cette matière, est l'œuvre de l'art. Si, au 
contraire, cette matière reçoit quelque difformité, (car les choses 
humaines ne se font point elles-mêmes ce qu'elles sont), n'en accusez 
point l'art. Un artiste ne peut pas avoir l'intention d'agir contre les 
règles de son art, ni un Législateur contre les principes de la justice ; 
et l'Intelligence divine atteint son but avec bien plus de précision et 
d'exactitude que l'homme dans tout ce qu'il entreprend. De même donc que 
dans la manipulation des arts, tandis que l'artiste, plein de son objet, 
fait certaines choses qui tendent, d'une manière directe et spéciale, à sa 
fin, il résulte de cette manipulation même d'autres choses, qui ne sont 
point dans l'intention de l'artiste, mais qui sont de purs résultats de la 
matière, telles que les bluettes qui s'échappent de l'enclume, les 
étincelles qui s'élèvent d'un foyer ardent, ou telle autre chose semblable 
; effet nécessaire de la manipulation de l'artiste, et nullement objet 
primordial de son intention : de même, en ce qui concerne les accidents 
qui arrivent sur la terre, et que nous regardons comme des déluges de maux 
pour l'humanité, il ne faut point les imputer à l'art qui gouverne le 
monde ; mais plutôt les envisager comme des accessoires qui résultent 
nécessairement de l'immense manipulation de l'Univers. Ce que nous 
appelons maux et destruction, ce qui devient pour nous sujet de deuil et 
de larmes, le Grand Ouvrier l'appelle conservation et salut du Tout. Car 
sa providence s'étend sur le tout ; et la nécessité exige que la partie 
souffre pour l'intérêt du Tout. Athènes est attaquée de la peste : 
Lacédémone éprouve des tremblements de terre : la Thessalie est submergée 
: le mont Etna est en feu. Mais à quelle époque Jupiter avait-il donc 
promis l'immortalité aux Athéniens? Car, si la peste eût cessé, Alcibiade 
n’aurait-il point exécuté son expédition en Sicile ? A quelle époque 
avait-il promis aux Lacédémoniens que leur territoire serait exempt de 
tremblements de terre ; aux Thessaliens, que leurs campagnes ne seraient 
point inondées ; aux Siciliens, qu'ils ne seraient point incendiés par les 
irruptions de l'Etna? Jusque-là, il ne s'agit que de la condition et des 
maux du corps. En considérant ces accidents divers que vous nommez 
destruction, vous ne faites attention qu'aux êtres qui périssent, au lieu 
que je nomme ces mêmes accidents salut et conservation, parce que 
j'envisage la série des êtres et leur succession. Vous voyez la 
transmutation d'existence entre les corps, leurs alternatives de 
génération, le sens-dessus-dessous d'Héraclite, qui disait que la vie 
était la cause de la mort, et que la mort était le germe de la vie. Le feu 
vit aux dépens de la terre, l'air vit aux dépens du feu, l'eau vit aux 
dépens de l'air, et la terre aux dépens de l'eau. Telle est la succession, 
la vicissitude de vitalité entre les êtres ; telle est la rotation de 
l'Univers entier, entre la vie et la mort, entre la mort et la vie. 
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