[41,5] Ἴθι δὴ καὶ ἐπὶ τὴν τῶν ἄλλων ἀρχήν, τὴν αὐτοφυῆ,
ἣν ἡ ψυχῆς ἐξουσία κυΐσκει τὲ καὶ τελεσφορεῖ,
ᾗ ὄνομα μοχθηρία. Αὐτοῦ τοῦτο
ἑλομένου αἰτία, θεὸς ἀναίτιος.
ἐπεὶ γὰρ ἔδει γῆν γενέσθαι μὲν ἔγκαρπον, καὶ ζῳοτρόφον,
καὶ πολυθρέμμονα, ἔχειν δὲ ἐν ἑαυτῇ κακὰ
ἔνδον καθειργμένα ἐξεληλαμένα τοῦ οὐρανοῦ, εἰς τὸν
δεύτερον τόπον ἐμίγη. Θεὸς δὲ πολλὰς καὶ παντοδαπὰς
ζῴων κληρουχίας, δίχα αὐτῶν τὴν πρώτην φύσιν
διελόμενος, τὴν μὲν εἶναι παντοδαπὴν ἐν τοῖς
βίοις, καὶ ποικίλην τοῖς σώμασιν, ἄλογον, ἄφρονα,
ἀλληλοφθόρον, ἀνόητον θεοῦ, ἀρετῆς ἄμοιρον, ὑπ´
αἰσθήσεως ἐφημέρου βοσκομένην καὶ δημαγωγουμένην,
ἰσχυρὰν μὲν τῷ σώματι, ἀμήχανον δὲ τῷ λογισμῷ·
τὴν δὲ ἑτέραν αὖ τὴν ἀνθρωπίνην ἔμπαλιν ὁμογενῆ
καὶ ξύννομον καὶ μίαν, ἀσθενῆ μὲν τῷ σώματι, ἄρρηκτον
δὲ τῷ λόγῳ, συνετὴν θεοῦ, πολιτείας μέτοχον,
κοινωνίας ἐρῶσαν, δίκης καὶ νόμου καὶ φιλίας γεγευμένην.
Ἔδει δὲ ἄρα τὸ γένος τοῦτο κρεῖττον μὲν
εἶναι τῆς ἐν γῇ πάσης ἀγέλης, ἔλαττον δέ, οἶμαι,
θεοῦ. Τὴν δὲ ἐλάττωσιν αὐτοῦ οὐδὲ θάνατος ἄρα
παρέξεσθαι ἔμελλεν· ὃν γὰρ καλοῦσιν οἱ πολλοὶ θάνατον,
αὐτὸ τοῦτο ἦν ἀθανασίας ἀρχή, καὶ γένεσις
μέλλοντος βίου, τῶν μὲν σωμάτων τῷ αὑτῶν νόμῳ
καὶ χρόνῳ φθειρομένων, τῆς δὲ ψυχῆς ἐπὶ τὸν αὑτῆς
τόπον καὶ βίον ἀνακαλουμένης. Τοῦτον δὴ τῆς ἀνθρωπίνης
ἐνδείας πρὸς τὸ θεῖον ἐξεῦρεν θεὸς τρόπον.
ἐπιθεὶς τὴν ψυχὴν γηΐνῳ σώματι, ὡς ἡνίοχον ἅρματι,
παραδοὺς τὰς ἡνίας τῷ ἡνιόχῳ, ἀφῆκεν θεῖν, ἔχουσαν
μὲν παρ´ αὐτοῦ ῥώμην τέχνης, ἔχουσαν δὲ καὶ ἀτεχνίας
ἐξουσίαν. Ἡ δὲ ἐπειδὰν ἐπιβῇ ἁρμάτων καὶ λάβηται
τῶν ἡνιῶν, ἡ μὲν εὐδαίμων καὶ μακαρία ψυχὴ
καὶ μεμνημένη τοῦ ἐπὶ τὸ ὄχημα ταύτην ἐμβιβασαμένου
θεοῦ καὶ ἡνιοχεῖν προστάξαντος, ἔχεται τῶν
ἡνιῶν, καὶ ἄρχει τοῦ ἅρματος, καὶ κολάζει τὰς τῶν
ἵππων ὁρμάς· οἱ δέ εἰσιν ἀτεχνῶς παντοδαποί, ἄλλος
ἀλλαχοῦ θεῖν διωρμημένοι, ὁ μὲν αὐτῶν ἀκόλαστος
καὶ ἁδηφάγος καὶ ὑβριστής, ὁ δὲ θυμώδης καὶ ἰτητικὸς
καὶ ἔμπληκτος, ὁ δὲ νωθὴς καὶ ἐκλελυμένος, ὁ δὲ
ἀνελεύθερος καὶ σμικρόφρων καὶ ταπεινός. Αὐτὸν δὴ
ἅρμα ἐστασιασμένον ταράττει τὸν ἡνίοχον· κἆτα ἢν
μὲν κρατήσῃ αὐτοῦ, κατὰ τὴν τοῦ δυναστεύοντος ἵππου
ῥύμην ἄξαν φέρεται· νῦν μὲν τῷ ἀκολάστῳ ἵππῳ πᾶν
τὸ ἅρμα ξυμφερόμενον αὐτῷ ἡνιόχῳ ἐπὶ ὕβρεις καὶ
παροινίας καὶ λαγνείας, καὶ ἄλλας οὔτε εὐσχήμονας
οὔτε εἰλικρινεῖς ἡδονάς· νῦν δὲ τῷ θυμικῷ ἐπὶ κακώσεις παντοδαπάς.
| [41,5] Passons actuellement à cette autre source des maux que nous avons
appelée native et spontanée, qui «engendre et reçoit ses développements,
dans les puissances morales de l'âme, et qui se nomme proprement
méchanceté". Voilà la cause qui meut la volonté ; Dieu n'y a point de part.
Car, puisqu'il fallait que la terre fût créée susceptible de
produire des fruits, de nourrir des animaux, et de fournir à la
subsistance des nombreuses espèces d'êtres qui la peuplent, et que, d'un
autre côté, elle recelât dans son sein le germe des maux, il fallut que
ces germes, expulsés du ciel, subissent ici-bas des combinaisons avec les
choses terrestres. Après avoir donné l'existence aux nombreuses et
diverses espèces d'animaux, Dieu les distribua d'abord en deux classes
principales, dont la première fut destinée à offrir beaucoup de variétés
dans la manière de s'alimenter et de vivre, dans sa structure corporelle,
à être destituée d'intelligence et de raison, à s'entre-dévorer, à n'avoir
aucune notion de Dieu, à n'être point susceptible de vertu, à ne connaître
d'autre besoin que celui d'une pâture éphémère, à ne vivre sous d'autres
lois que sous l'empire des sensations, à posséder une certaine mesure de
forces physiques, mais incapable de toute fonction rationnelle : et la
seconde, celle de l'espèce humaine, fut destinée à être homogène,
susceptible d'identité de lois et d'unité, faible en ce qui concerne le
corps, d'une force à toute épreuve, sous le rapport des facultés
intellectuelles, capable de la connaissance de Dieu, des formes
politiques, appropriée aux douceurs de la sociabilité, amie de la justice,
des lois, et sensible à l'amitié. Il fallait donc que cette espèce fût
supérieure à toutes les autres. Mais, en même temps, elle devait être, je
pense, inférieure à Dieu, sans néanmoins que cette infériorité fût fondée
sur ce qu'elle était sujette à la mort. Car ce que le vulgaire des hommes
appelle mort, cela même est le commencement de l'immortalité ; c'est la
naissance dans la vie à venir, après que les corps ont été dissous par le
temps et par l'effet des lois physiques auxquelles ils sont soumis ;
et lorsque l'âme retourne au même lieu, et à la même existence, qu'elle
avait auparavant. Le moyen que Dieu imagina de rendre la condition
de l'homme inférieure à la sienne, fut d'attacher l'âme à un corps de
terre, comme un cocher à un char ; et après avoir abandonné les rênes aux
mains du cocher, il le laissa se diriger dans la carrière, muni de sa part
de la force nécessaire pour se bien conduire, mais revêtu, en même temps,
du pouvoir de se perdre. Lorsque l'âme est montée sur le char, et qu'elle
s'est emparée des rênes, si elle est destinée à la félicité et au
bonheur, elle n'oublie point que c'est Dieu qui l'a placée sur ce char,
que c'est lui qui lui en confie la conduite ; aussi elle tient les rênes
avec attention; elle conserve la direction du char; elle réprime les
écarts des coursiers. Or, ceux-ci ont des affections différentes. Ils
veulent aller, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. L'un est enclin à
l'intempérance, à la gourmandise, à la lubricité. L'autre est fougueux,
emporté, téméraire. Celui-ci est sans vigueur et sans énergie. Celui-là
est servile, bas et rampant. Le char, ainsi livré à des impulsions
contraires, met le cocher dans l'embarras. Si les chevaux lui forcent la
main, et qu'ils se rendent maîtres de lui, l'essieu est emporté dans la
direction que lui donne celui des chevaux qui prend le dessus. Tantôt
entraîné par celui que les passions brutales dominent, le char se
précipite, avec le cocher, dans la luxure, dans l'ivrognerie, dans
l'incontinence, et autres infâmes et impures jouissances de cette nature.
Tantôt entraîné par celui qu'emporte une aveugle fougue, il est jeté au
travers de tous les genres de maux.
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