| [41,3] Ἐὰν δὲ εἰς τὰς τῶν κακῶν ἐννοίας παρέλθω, πόθεν 
ταῦτα παρέδυ δεῦρο; τίνες αἱ τῶν κακῶν πηγαὶ
ἢ γενέσεις; πόθεν ἀρξάμενα ἔρχεται; ἐξ Αἰθιόπων, ὡς
ὁ λοιμός; ἐκ Βαβυλῶνος, ὡς ὁ Ξέρξης; ἐκ Μακεδονίας,
ὡς Φίλιππος; οὐ γὰρ ἐξ οὐρανοῦ, μὰ Δία, οὐκ ἐξ
οὐρανοῦ· 
φθόνος γὰρ ἔξωθεν τοῦ χοροῦ
ἵσταται.
Ἐνταῦθα τοίνυν, ἐνταῦθά μοι δεῖ χρησμῳδίας,
ἐρώμεθα τοὺς θεούς· Ζεῦ καὶ Ἄπολλον, καὶ ὅστις
ἄλλος θεὸς μαντικὸς καὶ κηδεμὼν τῆς τῶν ἀνθρώπων
ἀγέλης, δεομένοις εἴπατε, τίς κακῶν ἀρχή; τίς αἰτία;
πῶς φυλαξώμεθα; πῶς λάθωμεν;
Οὐ γάρ τις νέμεσις φυγέειν κακόν, οὐδ´ ὑπαλύξαι.
Ἢ οὐχ ὁρᾶτε, ὅσα τὰ δεινὰ εἰς τὰς ἀνθρωπίνας κῆρας
ἐμπεπτωκότα περὶ γῆν στρέφεται, παντοίων στόνων
καὶ ὀδυρμῶν ἐμπιμπλάντα τὴν γῆν; Στένει μὲν τὸ
ἀνθρώπου σῶμα τὰς ἐπιτετειχισμένας αὐτῷ νόσους
ὀδυρόμενον, καὶ τὸ ἀκροσφαλὲς τῆς σωτηρίας, καὶ τὸ
ἄδηλον τοῦ βίου. Τίς γὰρ ἡλικίας καιρὸς ἀνυπεύθυνος 
ἀνθρωπίνῳ σώματι; οὐ γενόμενον μὲν εὐθὺς καὶ 
ἀποσπασθὲν ἐκ μητέρων, ὑγρὸν καὶ ἰλυῶδες καὶ διαρρέον, 
ὀδυρμῶν καὶ κνυζημάτων ἀνάπλεων; προϊὸν δὲ
καὶ εἰς ὥραν ἀναφυόμενον, ἔμπληκτον καὶ ἀκρατές;
κἂν εἰς ἥβην προέλθῃ, ὑπὸ φλεγμονῆς ἀκατάσχετον·
κἂν εἰς γῆρας ἔλθῃ, κατὰ βραχὺ νεκρούμενον καὶ 
ἀποσβεννύμενον· ἐνδιαίτημα τῇ ψυχῇ ἀχρειότερον, δυσάρεστον, 
δύστηνον, δύσεργον, οὐκ ὄμβρων ἀνεχόμενον,
οὐ πνευμάτων, οὐχ ἡλίου, μεμφόμενον ταῖς ὥραις τοῦ
οὐρανοῦ, καὶ ἀντιστρατηγοῦν τῷ Διί. Χειμὼν οὗτος·
ἀντέχεται· θέρος τοῦτο· ἀναψύχει· πληρωθὲν μὲν κενώσεως, 
κενωθὲν δὲ πλησμονῆς ὀρεγόμενον· Εὐρίπου
καὶ ἀμπώτεως δίκην, μηδέποτε ἑστός, μηδέποτε ἀτρεμοῦν, 
ἀκόρεστον, ἀκατάσχετον, ἁδηφάγον, ἐνδεὲς ἀμπεχόνης, 
δεόμενον ὑποδημάτων, ἀλειμμάτων, φαρμάκων, 
λουτρῶν. Ἓν σῶμα θεραπεύουσιν χεῖρες πολλαὶ,
καὶ τέχναι πολλαί· χιλίας δὲ ἵππους ἱπποφορβὸς εἷς,
καὶ τοσαῦτα μῆλα ποιμὴν εἷς, καὶ τοσούτους βοῦς
βουφορβὸς εἷς. Καὶ οὐδὲ τὰ τοσαῦτα ἱκανά· τίς γὰρ 
ἀνθρωπίνη μηχανὴ λοιμοῦ προσβολὰς ἀλέξασθαι, ἢ
ἀνασχεῖν ὄμβρους ἐξ οὐρανοῦ καταφερομένους, ἢ στῆσαι 
γῆν σειομένην, ἢ σβέσαι πῦρ ἐκ γῆς ἀνιστάμενον;
Ὁρᾷς τὸν δρόμον, καὶ τὴν διαδοχὴν τῶν κακῶν, καὶ
τὴν συνέχειαν τῶν κινδύνων·
οὐδὲν ἀκιδνότερον γαῖα τρέφει ἀνθρώποιο.
Κἂν ἐπὶ τὴν ψυχὴν ἔλθῃς, κἀκεῖ ὄψει ὄχλον νοσημάτων 
τῇ ψυχῇ ἐπιχεόμενον· ἐὰν λύπην ἀπώσῃ, φόβος
ὑπορρεῖ· ἂν ἀπέλθῃ φόβος, ὀργὴ ἀνίσταται· ἂν παύσεται 
ὀργή, φθόνος ἔπεισιν· παρὰ πόδας τὰ δυσχερῆ,
ἐν γειτόνων τὰ κακά· ἀνοχὴ δὲ ἀκριβὴς οὐδεμία.
 | [41,3] Mais, si je passe à ce qui concerne les maux d'où sont-ils venus 
ici-bas ? Quelles en sont les sources ? Qui les a produits ? Dans quels 
lieux ont-ils pris naissance? Est-ce en Ethiopie, comme la peste? Est-ce à 
Babylone, comme Xerxès ? Est-ce dans la Macédoine, comme Philippe ? Car 
ils ne viennent point du Ciel, de par tous les Dieux ! Ils ne viennent 
point du Ciel. « Les immortels ne peuvent encourir aucun sujet de reproche». 
C'est ici, sans doute, c'est ici que j'ai besoin des Oracles. 
Interrogeons les Dieux, Jupiter, Apollon, et vous tous, autres Dieux qui 
rendez des oracles, et qui prenez quelque intérêt au genre humain, 
dites-nous, de grâce, dites-nous, quelle est l'origine des maux? Quelles 
sont leurs causes? Comment nous en défendrons-nous? Comment les 
éviterons-nous? « Car il est permis de fuir les maux et de s'y soustraire. » 
Ne voyez-vous point quelle multitude de maux s'agitent ici-bas, et 
s'attachent aux destinées humaines ? N'entendez-vous pas tout retentir de 
lamentations, de gémissements? L'homme se plaint que les maladies soient 
entrées, comme éléments de construction, dans la structure de sa machine. 
Il se plaint de l'instabilité de la santé, et de son ignorance sur la 
durée de la vie. Quel est, en effet, l'âge de l'homme où il ne soit point 
sujet à souffrir? A peine né, à peine sorti du sein de sa mère, à peine 
retiré des langes de la Nature, il ne fait que pleurer et vagir. A mesure 
qu'il grandit et qu'il s'approche de l'adolescence, la fougue des passions 
s'empare de lui ; l'intempérance le gagne. Arrive-t-il à la jeunesse, il 
s'échauffe, il s'enflamme, il devient effréné; on ne peut plus le 
contenir. Parvient-il jusqu'à la vieillesse, jusqu'à la décrépitude, 
jusqu'au bord du tombeau ; son corps n'est plus pour son âme que le 
domicile le plus incommode. Il devient hargneux, acariâtre, inerte. Il ne 
peut plus supporter ni la pluie, ni le vent, ni le soleil; il accuse 
continuellement les saisons et l'atmosphère ; il ne cesse de faire la 
guerre à Jupiter. L'hiver, il se surcharge de vêtements. L'été, il 
faut qu'il se rafraîchisse. Gorgé d'aliments, il provoque la digestion : 
la digestion faite, il se gorge encore d'aliments. A l'instar de l'Euripe, 
semblable au flux et reflux de la mer, il n'est jamais stable, jamais en 
repos. Rien ne le rassasie ; rien ne le contente. Il mange avec voracité. 
Il n'a jamais ni assez d'habits, ni assez de chaussures, ni assez 
d'aromates, ni assez de remèdes, ni assez de bains. Plusieurs 
individus, plusieurs arts ne servent qu'à un individu unique, tandis qu'un 
seul pâtre suffit à des milliers de chevaux, à des milliers de bœufs, et 
un seul berger à des milliers de brebis. Malgré tout cela, tant 
d'appareil est insuffisant. Car quels moyens a l'homme pour se soustraire 
aux incursions de la peste? Quelle digue peut-il opposer aux torrents de 
la pluie qui tombe du ciel? Comment peut-il comprimer les tremblements de 
terre, et amortir les feux que vomissent les volcans ? Voyez-vous la série 
et la succession des maux ? Voyez-vous la continuité des périls ? « De 
tous les êtres que nourrit la terre, l'homme est le plus infortuné». 
Si nous tournons nos regards du côté de l'âme, nous verrons les maladies 
se répandre en foule sur elle. Ecarterez-vous la douleur? Elle sera en 
proie à la crainte. Eloignerez-vous la crainte ? Elle sera en proie à la 
colère. Apaiserez-vous la colère? L'envie en prendra la place. Les 
affections désordonnées l'assiègent de tous côtés. Les maux naissent de 
tout ce qui est en contact avec elle. Elle ne saurait compter sur un 
moment de relâche. 
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