[40,4] Οὐχ ὁ μὲν ἰσοκρατὲς τὰ πρῶτα ἄγων τὸ ἀγαθὸν
καὶ περιγράφων αὐτοῦ τὴν οὐσίαν ἐν τῷ ἀρίστῳ μόνῳ,
διέσκαψεν καὶ διετείχισεν τὴν ἐλπίδα τῶν πολλῶν τῆς
ἐπ´ αὐτὸ ὁδοῦ; ὁ δὲ ὑποβάθρας διδούς, καὶ ἀναπαύλας
διὰ μέσου καὶ ἀναγωγὰς πολλάς, προὔπεμψεν πόρρω
πάνυ ὡς τευξόμενον τοῦ μετρίου, παρεμυθήσατο δὲ
τῇ ἐπιτυχίᾳ τὸν προσελθόντα ἤδη, ὡς προεληλυθότα
τῷ ἀρίστῳ· ἀνεκήρυξεν δὲ τὸν ἀφικόμενον εἰς τὸ ἄκρον,
ὡς ἐν ἀγαθοῖς ἄριστον· ὁ δὲ ἕτερος τῶν λόγων οὐχὶ
τὸν μὲν ἀριστέα ἐν δειλοῖς στεφανοῖ, τὸν δὲ ἰσχυρὸν
ἐν ἀσθενεστάτοις; καὶ τὸ ὅλον ἀνταγωνιστὰς τοῖς ἀρίστοις
οὐ δίδωσιν, οὐδὲ ἐλέγχει τὰς ἀρετὰς ἐν τοῖς
ὁμοίοις. Καὶ τοῦ μὲν ὠφελίμου παύομαι, τὸ δὲ δυνατὸν
ἤδη σκοπῶ. Χρυσὸν μὲν τὸν διαφέροντα ἐλέγχει
χρυσὸς ἥττων, οὐ μόλιβδος, καὶ ἄργυρον ἄργυρος,
καὶ χαλκὸν χαλκός. Καὶ πάντως ἁπλῶς γίγνονται αἱ
ἐξετάσεις ἐν τῇ παραβολῇ τοῦ ὁμοίου μὲν κατὰ τὴν
οὐσίαν, ἀνομοίου δὲ κατὰ τὴν ὑπεροχήν. Τὸ δὲ ἀγαθὸν
εἰς τὰ κακὰ αὐτὰ ἐμβαλὼν οὕτως ἐξετάζεις· καὶ
πῶς οὐ φανεῖταί σοι τὸ σμικρότατον τῶν ἀγαθῶν ἐν
χώρᾳ τοῦ ἀρίστου; Ὡς γὰρ ἐν νυκτὶ φῶς ἐκ πυρὸς
τοῦ δι´ ἡμέρας φανέντος ἀκμαιότερον ὑπὸ πολλοῦ τοῦ
περικεχυμένου σκότους ἐλεγχόμενον, ἐν δὲ ἡλίῳ τὸ
αὐτὸ ἀμυδρὸν καὶ ἀσθενὲς καὶ ἀνταγωνιστὴν ἰσχυρότερον
οὐ φέρον· οὕτως ἀμέλει καὶ τὸ ἀγαθὸν τοῖς
μὲν κακοῖς συνεξεταζόμενον, καὶ τὸ τυχόν, ἄριστον
καὶ μέγιστον καὶ ἐξοχώτατον, ὡς ἐν πολλῷ ζόφῳ μικρὸν
ζώπυρον, ἐν πολλῇ νυκτὶ ὀλίγον φῶς· ἐὰν δὲ
παράσχῃς αὐτῷ πρὸς τὰ ὅμοια δρόμον καὶ ἅμιλλαν,
τότε ὄψει τὸ ἄριστον ὄντως· νῦν δὲ συγχεῖς τὴν κρίσιν
καὶ ταράττεις. Οὐχ ὁρᾷς καὶ τὴν σελήνην,
ἄστρον ἀμφίβιον πρὸς νύκτα καὶ ἡμέραν, ἐν μὲν νυκτὶ
λαμπράν, μετὰ δὲ ἡλίου ἀμαυράν; Οὐκοῦν ἐν ἡμέρᾳ
ἥλιος κρατεῖ, τὸ ἄριστον καὶ ἀκμαιότατον τῶν ἐν οὐρανῷ
σωμάτων· ἐν δὲ νυκτὶ σελήνη κρατεῖ, τὸ ἀσθενέστατον.
Καὶ τοίνυν καὶ τὸ ἀγαθόν, ἐὰν μὲν εἰς
νύκτα καὶ ζόφον καὶ ἀφέγγειαν κακῶν ἐμβάλῃς, κρατεῖ
τὸ ἀμαυρότατον· ἐὰν δὲ παραθῇς ἀγαθὰ ἀγαθοῖς, ἀνάγκη
κρατεῖν τὰ περιλαμπέστερα.
| [40,4] Socrate, en quintessenciant la nature du bien, et en
circonscrivant son essence dans les étroites et uniques limites du
souverain Bien, n'a-t-il point détruit, renversé, pour la plupart des
hommes, l’espérance d'y arriver? Celui qui admet, au contraire certaines
gradations, des stations intermédiaires, et conserve plusieurs étages,
pousse en avant celui qui a déjà fait quelque chemin, comme s'il en avait
réellement fait la moitié ; et, lorsqu'il est arrivé à ce terme; il le
console de ses efforts, par son succès, de même que s'il était parvenu au
plus haut degré du bien : et celui qui s'élève enfin jusqu'à ce degré
suprême, est préconisé, comme le plus homme de bien entre les probes.
L'autre opinion, au contraire, n'offre-t-elle pas l'inconvénient de
décerner la palme du courage à la lâcheté, le prix de la force à la
faiblesse; ne détruit-elle point toute émulation entre ceux qui ont le
premier rang dans la carrière; et ne confond-elle point tous les genres de
mérite, entre ceux qui n'ont de commun que d'exceller également dans un
genre particulier ? Je n'en dirai pas d'avantage, sur ce qui concerne
l'utilité. Je passe à ce qui regarde la possibilité. C'est l'or d'un titre
inférieur, et non pas le plomb, qui sert à discerner l'or d'un titre plus
élevé; c'est en comparant argent à argent, airain à airain, que l'on règle
le prix respectif de ces métaux. En général, on ne détermine avec
exactitude les valeurs, qu’en comparant entre elles les choses identiques
quant à l’essence, et diverses quant à l'intensité. Mais si, pour
déterminer la valeur des biens, vous les mettez en parallèle avec des
maux, le danger est que le plus petit des biens ne vous paraisse pas le plus
grand. Car, de même que la lumière produite par le feu a beaucoup
plus d'éclat au milieu de la nuit qu'en plein jour, à cause de l'obscurité
qui l'environne, et qu'en plein jour, au contraire, elle est faible et
sensible à peine, en comparaison de la lumière du soleil; de même, sans
contredit, un bien, quel qu’il soit, mis en parallèle avec des maux,
paraîtra le meilleur, le plus grand, le plus excellent des biens : ainsi
qu'une petite étincelle, au milieu d'épaisses ténèbres, ainsi qu'une
faible clarté, au milieu d'une profonde nuit. Mais, si vous le faites
entrer en lice avec des choses de même nature, c'est alors que vous verrez
quel est celui d'entre les biens qui est réellement le meilleur. Au lieu
qu'autrement vous brouillez vos idées et vous ne pouvez point porter de
jugement sain. Voyez-vous la lune, cet astre amphibie, qui se montre
également la nuit et le jour, comme elle brillé, pendant la nuit, d'un
éclat que le soleil fait disparaître ? le jour, c'est donc le soleil, le
plus actif et le plus brillant de tous les Corps Célestes, qui a le dessus
; la nuit c'est la lune; le plus faible de tous. Il en est de même des
biens. Si, en les mettant au milieu des maux, vous les placez comme au
milieu de la nuit, de l'obscurité, des ténèbres, le moins précieux
d'entre eux l’emporte. Si au contraire, vous les comparez les uns aux
autres, la victoire reste nécessairement à celui qui a le plus de valeur
réelle.
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