[38,6] Οὑτωσὶ δὲ αὐτὸ σκέψαι.
Τὸ θεῖον πάντως ποι τίθεσαι τελεώτατον καὶ
αὐταρκέστατον καὶ ἰσχυρότατον· ὡς, εἴ τι ἀφέλοις, λυμανεῖς
τῷ ὅλῳ. Εἰ γὰρ μὴ τέλεον, οὐκ αὔταρκες· εἰ δὲ οὐκ
αὔταρκες, οὔπω τέλεον· εἰ δὲ μὴ αὔταρκες μήτε τέλεον,
πῶς ἰσχυρόν; Αὔταρκες δὲ ὂν καὶ τέλεον καὶ ἰσχυρόν,
κατὰ μὲν τὴν τελεότητα τὰ ἀγαθὰ βούλεται, κατὰ δὲ
τὴν αὐτάρκειαν ἔχει, κατὰ δὲ τὴν ἰσχὺν δύναται· βουλόμενος
δὲ δὴ καὶ ἔχων καὶ δυνάμενος, κατὰ τί μὴ
δῷ; Ὁ μὲν γὰρ ἔχων, οὐ διδούς, οὐ βούλεται· ὁ δὲ
βουλόμενος, οὐκ ἔχων, οὐ δύναται· ὁ δὲ ἔχων καὶ
βουλόμενος, πῶς οὐ δύναται; Οὐκοῦν εἴπερ ἔχει τἀγαθά,
τὰ τελεώτατα ἔχει, τελεώτατον δὲ ἡ ἀρετή· δίδωσιν
τοίνυν, ὃ ἔχει· ὥστε οὐ δέος, μὴ ἄλλό τι ἀγαθὸν
εἰς ἀνθρώπους ἔλθῃ, μὴ παρὰ θεοῦ ὁρμηθέν·
ἀλλὰ μὴν οὐδέν, εἴ τι ἄλλο ἀνθρώποις ἀγαθόν, ὃ μὴ
παρὰ θεῶν ἔρχεται. Τίν´ οὖν τρόπον ἀρετὴ παρὰ
θεοῦ ἔρχεται; Πέφυκεν τὸ ἀνθρώπων πᾶν ἐξ ἀρχῆς
δίχα, τὸ μὲν εἰς ἀρετῆς ἐπιτηδειότητα, τὸ δὲ εἰς μοχθηρίας·
ὧν ἡ μὲν μοχθηρία ἐνδεὴς τοῦ κολάζοντος, ἡ
δὲ ἀρετὴ τοῦ σώζοντος. Μοχθηρὰ μὲν γὰρ φύσις,
τυχοῦσα ἐπιστάτου χρηστοῦ, νόμου καὶ ἔθους, τὸ ἄλυπον
τῷ πλησίον περιεβάλλετο, καὶ πλεονεκτεῖ οὐκ ἐν
μοίρᾳ ἀγαθῶν, ἀλλ´ ἐν ἐλαττώσει βλάβης· αἱ δὲ ἄρισται
ψυχῆς φύσεις ἀμφισβητήσιμοι, ἐν μεθορίᾳ τῆς ἄκρας
ἀρετῆς πρὸς τὴν ἐσχάτην μοχθηρίαν καθωρμισμένοι,
δέονται ξυναγωνιστοῦ θεοῦ καὶ ξυλλήπτορος τῆς ἐπὶ
θάτερα τὰ κρείττω ῥοπῆς καὶ χειραγωγίας. Ὁ μὲν
γὰρ ἐπὶ τὰ αἰσχρὰ ὄλισθος αὐτοφυοῦς ἀσθενείας ἔργον,
ἣ καὶ τὰς ἐπιεικεῖς ψυχὰς κολακεύουσα διὰ ἡδονῶν καὶ
ἐπιθυμημάτων εἰς τὰς αὐτὰς ὁδοὺς ταῖς μοχθηρίαις
συγκαθέλκει.
| [38,6] Procédons dans cette recherche de cette manière. Supposons d'abord que
la Divinité est souverainement parfaite, qu'elle se suffit souverainement
à elle-même, et qu'elle a une puissance infinie, de manière que retrancher
quelqu'un de ses attributs, ce fût détruire son essence. Car si elle
n'était point parfaite, elle ne se suffirait point à elle-même ; et si
elle ne se suffisait point à elle-même, elle ne serait point parfaite. Et
si elle ne se suffisait point à elle-même, et qu'elle ne fût point
parfaite, comment aurait-elle la toute-puissance ? Si donc elle se
suffit à elle-même, si elle est parfaite, et qu'elle ait la
toute-puissance, elle veut le bien, puisqu'elle est parfaite ; elle
le possède, puisqu'elle se suffit à elle-même ; elle peut l'opérer,
puisqu'elle a la toute-puissance. Si elle veut le bien, si elle le
possède, si elle peut l'opérer, pourquoi ne le donnerait-elle point? Car
posséder une chose, et ne pas la donner, c'est ne vouloir pas la donner.
Vouloir donner une chose, et ne l'avoir pas, c'est ne pouvoir pas la
donner. Avoir une chose, et vouloir la donner, comment ne le pourrait-on
pas? Si donc elle possède le bien, elle possède ce qui en est la
perfection. Or, la perfection du bien c'est la vertu. Elle donne donc ce
qu'elle possède. D'où il suit que nul bien ne peut venir à l'homme, s'il
n'émane de la Divinité ; et que, d'un autre côté, ce qui n'en émane point
ne saurait être un bien pour l'homme. Comment donc la vertu vient-elle de
la Divinité? Toute l'espèce humaine reçut, dès son origine, une double
inclination, les uns pour la vertu, les autres pour le vice. De ces deux
choses, l'une, le vice, a besoin qu'on le réprime, l'autre, la vertu, a
besoin qu'on lui aide à se conserver. Les âmes qui ont du penchant pour le
vice, lorsqu'elles sont dirigées au bien par les bonnes leçons des lois et
des mœurs, ne nuisent à personne ; et elles gagnent à cela, non
d'augmenter la mesure de leur propre bien, mais de diminuer celle du mal
qu'elles devaient produire. Quant aux âmes les mieux disposées au bien,
placées entre les deux extrêmes du vice et de la vertu, dans un état de
vacillation et d'incertitude, qui les pousse tantôt vers l'un, et tantôt
vers l'autre, elles ont besoin que la Divinité les soutienne, combatte
avec elles, leur aide à faire pencher la balance, et les conduise comme
par la main vers le plus avantageux de ces deux côtés. Car la
facilité à se laisser entraîner vers le mal est l'effet d'une faiblesse
innée, qui flatte et séduit les âmes même vertueuses, par l'attrait
des jouissances, par l'amorce des désirs, et les conduit dans les mêmes
routes que les âmes livrées au vice.
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