[38,5] ’Ὦ σχέτλιε, τί ταῦτα ἐρεῖς, ὃς ἡγεῖ τὸ καλλιστεῦον
τῶν ἀνθρωπίνων ἀγαθῶν παρὰ μὲν ἀνθρώπου τέχνης
τάχιστα ἥξειν, ἐκ δὲ θείας ἀρετῆς ἀπορώτατα;
Καίτοι μαντικήν, καὶ τελεστικήν, καὶ ποιητικήν, καὶ
καθάρσεις, καὶ χρησμῳδίας, ξυλλήβδην ἅπαντα, οὐκ ἂν εἴποις
ἀντάξια εἶναι τῆς ἀρετῆς· εἶτα ἐκεῖνα μὲν ἡγῇ θείᾳ
τινὶ ἐπιπνοίᾳ ψυχαῖς ἀνθρωπίναις ἀνακίρνασθαι, τὸ
δὲ τούτων σπανιώτερον, τὴν ἀρετήν, ἔργον εἶναι τέχνης
θνητῆς; ἢ πολλοῦ ἄξιον νομίζεις τὸ θεῖον, πρὸς
μὲν τὰ φαῦλα καλῶς καὶ ἀφθόνως παρεσκευασμένον,
πρὸς δὲ τὰ κρείττω ἄπορον; Οὔπω λέγω, ὡς εἴπερ ἐκείνων
ἕκαστον τελεσιουργεῖσθαι ὁρᾷς, ἀνάγκη, καὶ τὸ
κρεῖττον· οὐ γάρ, ὡς εἴπερ ὁ χαλκευτικὸς οὐκ ἂν
τέκτονα ἐκδιδάξαι· οὐδὲ ὥσπερ ὁ γεωργὸς κυβερνητικῆς
ἄπειρος, καὶ ὁ κυβερνήτης ἰατρικῆς, ἄλλος ἄλλης
ὁ μὲν ἔμπειρος γῆς, ὁ δὲ ἄπειρος τῆς αὐτῆς, οὕτως
καὶ ὁ θεὸς ἐν περιγραφῇ μένει τέχνης μιᾶς· ἀλλ´
εἴπέρ τι παρ´ ἐκείνου ἔλθῃ, πρὸς μὲν ἀνθρωπίνης ψυχῆς
δύναμιν τέχνης ἂν εἴη μέτρον, πρὸς δὲ θείας
ἐπιστήμης παρασκευὴν μόριον τοῦ ὅλου. Ὅρα δή, μή
σοι θεός, ᾗ τὰ τοιαῦτα δύναται κληρουχεῖν καὶ νέμειν,
πολὺ τούτων πρότερον ἀρετὴν νέμειν καὶ δύναιτο καὶ
ἐθέλει.
| [38,5] Malheureux! Es-tu donc fou de penser que ce qui constitue la
beauté des belles actions humaines, soit le résultat facile et prompt de
l'industrie des hommes, et que les Dieux n'y aient que peu ou point de
part! Quoi donc, ne conviendras-tu point que toutes ces choses prises
ensemble, la divination, l'initiation aux mystères, le talent des poètes,
la science des expiations et des oracles, ne valent pas la vertu; et
néanmoins penseras-tu que, tandis que toutes ces choses n'entrent dans
l'esprit humain que par l'inspiration.des Dieux, une chose bien plus rare
et bien plus précieuse, la vertu, est l'ouvrage des hommes ? Tu as une
haute opinion de la Divinité, de penser qu'elle met amplement et
magnifiquement du sien dans les choses de peu d'importance, et
qu'elle n'en met point du tout dans ce qui est d'un bien plus grand prix !
Sans compter que si chacune de ces choses est l'œuvre de la Divinité, la
vertu doit l'être aussi nécessairement. Car il n'en est point de la
Divinité comme d'un forgeron, chez qui un charpentier ne peut point aller
faire son apprentissage, comme d'un laboureur qui ignore la navigation,
comme d'un marin qui ne connaît point la médecine, comme de ces hommes qui
possèdent un art auquel d'autres hommes sont étrangers. La Divinité n'est
point ainsi renfermée dans la sphère d'un art unique. Mais, si quelque
chose émane d'elle, ce qui, eu égard à l'âme de l'homme et à la mesure de
sa capacité, est un art individuel, n'est, par rapport à la Divinité et
aux dimensions de sa science, qu'une petite portion du tout. Si donc ces
choses sont à la disposition de la Divinité, recherchons si elle a, à la
fois, et le pouvoir et l'intention de te donner la vertu, qui est d'un
prix bien supérieur à tout le reste.
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