[38,4] Βούλει τοίνυν Ἀριστέαν μὲν καὶ Μελησαγόραν καὶ
Ἐπιμενίδην καὶ τὰ τῶν ποιητῶν αἰνίγματα τοῖς μύθοις
ἐῶμεν, ἐπὶ δὲ τοὺς φιλοσόφους τὴν γνώμην τρέψομεν,
τουτουσὶ τοὺς ἐκ Λυκίου καὶ Ἀκαδημίας τῆς
καλῆς; οὐ γὰρ μυθολόγοι, οὐδ´ αἰνιγματώδεις, οὐδὲ
τερατείαν ἀσπαζόμενοι, ἀλλ´ ἐν δημοτικῇ λέξει τὲ καὶ
διανοίᾳ εἰθισμένα 〈μηνύοντες· προσείπωμεν〉 δὲ αὐτῶν
τόν γε ἡγεμόνα πρῶτον ὧδέ πως· ’Ὅτι μὲν ἐπιστήμην
τιμᾷς παντὸς μᾶλλον, ὦ Σώκρατες, ἀκούομέν σου πολλάκις διατεινομένου, προξενοῦντος τοὺς νέους ἄλλον
ἄλλῳ διδασκάλῳ· ὅς γε καὶ εἰς Ἀσπασίας τῆς Μιλησίας
παρακελεύῃ Καλλίᾳ τὸν υἱὸν πέμπειν, εἰς γυναικὸς
ἄνδρα· καὶ αὐτὸς τηλικοῦτος ὢν παρ´ ἐκείνην φοιτᾷς,
καὶ οὐδὲ αὕτη σοι ἀρκεῖ διδάσκαλος, ἀλλ´ ἐρανίζῃ
παρὰ μὲν Διοτίμας τὰ ἐρωτικά, παρὰ δὲ Κόννου τὰ
μουσικά, παρὰ δὲ Εὐήνου τὰ ποιητικά, παρὰ δὲ Ἰσκομάχου
τὰ γεωργικά, παρά τε Θεοδώρου τὰ γεωμετρικά.
Καὶ ταῦτα μέν σου τὰ εἴτε αὖ εἰρωνεύματα, εἴτε καὶ
ἀνδρίσματα, ἐπαινῶ, ὅπως ἄν τις αὐτῶν ἀποδέχηται.
Ἀλλ´ ἐπειδὰν ἀκούω σου πρὸς Φαῖδρον διαλεγομένου,
ἢ Χαρμίδην, ἢ Θεαίτητον, ἢ Ἀλκιβιάδην, ὑποπτεύω σε
μὴ πάντα ἐπιστήμῃ νέμειν, ἀλλ´ ἡγεῖσθαι τοῖς ἀνθρώποις
πρεσβύτερον εἶναι διδάσκαλον τὴν φύσιν· καὶ τοῦτο εἶναι,
ὅπερ οὑτωσὶ φαύλως ὑπεῖπάς που ἐν τοῖς λόγοις,
θείᾳ μοίρᾳ δεδόσθαί μοι πρὸς
Ἀλκιβιάδην ὁμιλίαν,
καὶ πάλιν αὖ Φαῖδρον καλεῖς τὴν
θείαν κεφαλήν,
καὶ περὶ Ἰσοκράτους που κατεμαντεύσω ἐν τοῖς λόγοις
νέου ὄντος κομιδῇ. Τί ταῦτά σοι ἐθέλει, ὦ Σώκρατες;
Εἰ βούλει, σὲ μὲν ἐῶ, τὸν δὲ ποιητὴν τῶν λόγων
τουτονὶ τὸν ἐξ Ἀκαδημίας φίλον μέτειμι· ὁ δ´ ἡμῖν
δεομένοις μάλα ἀποκρινέσθω, εἰ καὶ θείᾳ μοίρᾳ γένοιντ´ ἂν
ἀγαθοὶ ἄνδρες, αὐτὸ τοῦτο, ἄνδρες ἀγαθοί·
οὐ ποιηταὶ λέγω, ἵνα μοι προφέρῃς τὸν Ἡσίοδον, οὐδὲ
μάντεις, ἵνα μοι τὸν Μελησαγόραν λέγῃς, οὐδὲ καθάρται,
ἵνα μοι διηγήσῃ Ἐπιμενίδην· ἀλλὰ ἀφελὼν
ἑκάστου τὸ τῆς τέχνης ὄνομα, τὴν ἀρετὴν προσθείς,
ἣν ἂν ἄνθρωποι ἀγαθοὶ τὰ ἀνθρώπων ἔργα, οἶκον τὲ
οἰκονομεῖν δεξιῶς, καὶ ἐν πόλει πολιτεύεσθαι καλῶς,
περὶ ταύτης φαθί, εἰ γένοιτ´ ἄν τινι ἄνευ τέχνης, θεόσδοτος.
Ἢ καὶ σὲ κατὰ χώραν ἐάσω· ἀποκρινεῖται δὲ
ὁ λόγος αὐτὸς αὑτῷ, ὡς ἀνὴρ ἀνδρί, ἀπαυθαδιζόμενος
ὧδέ πως;‘
| [38,4] Voulez-vous donc que nous écartions, en le regardant comme fabuleux,
tout ce qu'on nous raconte d'Aristéas, de Mélésagoras, d'Epiménide, ainsi
que les fictions des poètes, et que nous tournions notre esprit du côté de
ces philosophes, nourrissons distingués du Lycée, ou de l'illustre
Académie ? On ne trouve, chez eux, ni fables, ni énigmes, ni merveilleux.
Ils sont en possession de penser et de parler de manière à se mettre
à la portée du vulgaire. Et d'abord voici, à peu près, le langage de leur
chef: « O Socrate! je vous entends souvent répéter que vous prisez la
science plus que toutes choses : que vous adressez les jeunes gens, les
uns à un maître, les autres à un autre maître, et que vous conseillez à
Callias d'envoyer son fils à l'école d'Aspasie de Milet, un homme chez une
femme. Vous-même, à votre âge, vous allez chez elle. Encore ne vous
suffit-elle pas. Vous mettez à contribution Diotime pour des leçons
d'amour, Komus pour des leçons de musique, Evénus pour des leçons de
poésie, Ischomachus pour des leçons d'agriculture, et Théodore pour des
leçons de géométrie. Que dans cette conduite de votre part il y ait, ou de
l'ironie, ou du sérieux, ou toute autre chose, quel que soit le nom qu'on
lui donne, je ne laisse pas de vous en louer. Mais lorsque je vous entends,
dans vos dialogues avec Phèdre, avec Charmide, avec Théétète, avec
Alcibiade, je commence à soupçonner que vous n'attribuez pas tout à la
science; que vous pensez que le plus ancien des maîtres, pour l'homme,
c'est la Nature, et qu'à ce principe tient ce qui vous est échappé quelque
part, dans vos discours, que c’était aux Dieux que vous étiez redevable de
votre commerce avec Alcibiade, et l'épithète de divin que vous donnez
ailleurs à Phèdre, et l'horoscope d'Isocrate que vous avez fait dans un
autre endroit, quoique ce ne soit encore qu'un très jeune homme. Quel est,
Socrate, le but de cette doctrine ? Si vous voulez, je vais vous laisser
de côté, et appeler, à votre place, cet ami de l'Académie, qui vous a
prêté ces discours ». Il répondra, si nous l'en prions instamment, à notre
question, qui est de savoir, si les gens de bien doivent aux Dieux leur
probité. Je dis les gens de bien, et non pas les poètes, afin que vous ne
m'alléguiez point Hésiode, et non pas les devins, afin que vous ne
m'alléguiez point Mélésagoras, et non pas les faiseurs d'expiations, afin
que vous ne m'alléguiez point Epiménide. Je mets à l'écart toutes les
dénominations de ce genre, pour ne faire entrer dans le sujet de la
question que la vertu, celle qui rend les hommes capables de remplir tous
leurs devoirs, de bien gouverner leur famille, et de se conduire en bons
citoyens. Dites-nous de cette vertu, si l'homme la reçoit des Dieux sans y
mettre du sien, ou bien je vous laisserai aussi de côté. La raison va se
répondre à elle-même, comme un homme répond à un autre homme, avec une
liberté égale à sa confiance, en ces termes :
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