| [38,7] Ἀκούσῃ γοῦν τοῦ Διὸς αὐτοῦ λέγοντος,
ὢ πόποι, οἷον δή νυ θεοὺς βροτοὶ αἰτιόωνται·
ἐξ ἡμέων γὰρ φασὶ κακ´ ἔμμεναι, οἱ δὲ καὶ αὐτοὶ
σφῇσιν ἀτασθαλίῃσιν ὑπὲρ μόρον ἄλγε´ ἔχουσιν.
Περὶ δὲ τῶν ἀγαθῶν ἀνθρώπων οὐκ ἀκούσῃ τοιοῦτον
οὐδὲν λέγοντος, οὐδὲ ἀπωθουμένου τὴν αἰτίαν, οὐδὲ
ἀποτιθεμένου τὴν φροντίδα, ἀλλ´ αὐτὸ τοὐναντίον·
πῶς ἂν ἔπειτ´ Ὀδυσῆος ἐγὼ θείοιο λαθοίμην,
οὗ περὶ μὲν πρόφρων κραδίη, καὶ θυμὸς ἀγήνωρ
ἐν πάντεσσι πόνοισι, φιλεῖ δέ ἑ Πάλλας Ἀθήνη;
Τίς οὖν οὐκ ἂν εἴποι τὸν Ὀδυσσέα ἀγαθὸν εἶναι θείᾳ
μοίρᾳ, οὗ μέμνηται μὲν ὁ Ζεύς, κήδεται δὲ ἡ Ἀθηνᾶ, 
ἡγεῖται δὲ ὁ Ἑρμῆς, ἔραται δὲ Καλυψώ, σώζει δὲ ἡ
Λευκοθέα; Εἰ δὲ ἀγαθὸς ἦν, ὥσπερ ἦν, διότι
πολλῶν δ´ ἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα καὶ νόον ἔγνω
καὶ πολλὰ δ´ ὅγ´ ἐν πόντῳ πάθεν ἄλγεα ὃν κατὰ θυμόν,
πῶς οὐ θείᾳ μοίρᾳ αὐτῷ συνηνέχθη τὰ γυμνάσια,
ἀφ´ ὧν ἀγαθὸς καὶ ἦν καὶ ἔδοξεν; Καὶ περιστήσαντος
αὐτῷ τοῦ δαιμονίου ἀνταγωνιστὰς πολλούς, τῶν μὲν
βαρβάρων τὸ Τρωϊκόν, τοῦ δὲ Ἑλληνικοῦ τοὺς ἀρίστους 
Παλαμήδη καὶ Αἴαντα, τῶν δὲ οἴκοι τοὺς ἰσχυροτάτους 
καὶ ἀκολαστοτάτους, Κυκλώπων τὸν ἀγριώτατον,
Θρᾳκῶν τοὺς ἀξενωτάτους, φαρμακίδων τὴν δεινοτάτην,
θηρίων τὴν πολυκεφαλωτάτην, θάλατταν πολλήν, χειμῶνα 
χαλεπόν, συνεχῆ ναυάγια· προσαναγκάσας ἀλᾶσθαι 
καὶ πτωχεύειν, ῥάκη ἀμπισχόμενον, καὶ μετὰ ταῦτα
αἰτοῦντα ἀκόλους, παλαίοντα, λακτιζόμενον, παροινούμενον· 
ὧν ἕκαστον αὐτῷ διὰ φιλίαν θεὸς προὔβαλλεν,
οὐχ ὁ Ποσειδῶν, ὀργιζόμενος,
ὅτι οἷ υἱὸν φίλον ἐξαλάωσεν,
οὐδὲ ὁ Ἥλιος μηνιῶν τῶν βοῶν (μὴ τοσαύτη μήτε 
Ποσειδῶνα ἔχοι φιλία πρὸς ἄνθρωπον ἄγριον καὶ παῖδα
ἄξενον, μήτε τὸν Ἥλιον πτωχεία καὶ φειδὼ βοῶν),
ἀλλὰ γὰρ τοῦ Διὸς ταῦτα ἦν τὰ προστάγματα. Ἦ γὰρ
οὐχ οὗτός ἐστιν ὁ καὶ τὸν Ἡρακλέα τὸν αὑτοῦ παῖδα
μὴ ἐάσας ἀργὸν καὶ τρυφῶντα, ἀλλὰ ἐξελκύσας τῶν
ἡδονῶν; καὶ εἰς μὲν ἐκείνας τὸν Εὐρυσθέα ἐμβαλών,
τῷ δὲ Ἡρακλεῖ ἐπιστήσας κάπρους καὶ λέοντας, καὶ
δυνάστας, καὶ τυράννους, καὶ λῃστάς, καὶ ὁδοὺς μακράς, 
καὶ γῆν ἔρημον, καὶ ποταμοὺς ἀπόρους; ἢ νύκτα
μὲν ἠδύνατο ποιῆσαι ὁ Ζεὺς τριπλῆν ἐκ μιᾶς, ὃν δὲ
ἐν τῇ νυκτὶ ταύτῃ ἐποιήσατο, τῶν δὲ τοῦ βίου πόνων
οὐκ ἠδύνατο ἐξελέσθαι; Ἀλλ´ οὐκ ἤθελεν· οὐ γὰρ θέμις 
Διὶ βούλεσθαι ἄλλό τι ἢ τὸ κάλλιστον. Οὕτως
ἦν καὶ ὁ Ἡρακλῆς ἀγαθός, καὶ Διόνυσος, καὶ ὁ Ὀδυσσεύς. 
Καὶ ἵνα μὴ πόρρω σε ἀπάγω τῶν ἐν ποσίν,
τὸν Σωκράτην αὐτὸν οἴει γενέσθαι τέχνῃ ἀγαθῇ, ἀλλ´
οὐ θείᾳ μοίρᾳ; ἢ κατὰ μὲν τὴν τέχνην ἐγένετο ἂν
λιθοξόος παῖς ἢ παρὰ πατρὸς λαβὼν τὸν κλῆρον· κατὰ
δὲ τὴν τοῦ θεοῦ χειροτονίαν τὴν μὲν τέχνην διώσατο,
τὴν δὲ ἀρετὴν ἐλάμβανεν. 
 | [38,7] Ecoutez en effet Jupiter qui dit : « Hélas! à quels reproches les 
hommes s'abandonnent-ils contre les Dieux ! Ils prétendent que c'est nous 
qui sommes les auteurs de leurs maux. Au lieu que ce sont eux-mêmes qui 
s'attirent, par leurs propres crimes, des calamités qui n'étaient point 
dans les décrets du destin». Mais vous ne l'entendrez point disant 
rien de semblable sur le compte des gens de bien. Il ne se défendra point 
d'être la cause de leur probité. Il ne fera honneur d'un semblable soin à 
nul autre. Au contraire, « Pourrais-je jamais perdre de vue le divin 
Ulysse, qui se distingue dans toutes les circonstances critiques, par sa 
présence d'esprit, et par son courage, et qui est chéri de Pallas » ? 
Qui donc niera qu'il fût redevable aux Dieux de son mérite et de sa vertu, 
cet Ulysse toujours présent à la pensée de Jupiter, objet de la 
prédilection de Minerve, à qui Mercure sert de guide, pour qui Calypso 
conçoit une passion violente, et que Leucothoë sauve du naufrage ? S'il 
était redevable de ce qu'il était à l'expérience qu'il avait acquise en 
parcourant les Cités et en étudiant les mœurs de divers peuples, ou en 
éprouvant sur mer plusieurs sortes de revers et de malheurs, comment 
ne pas attribuer aux Dieux les événements accumulés autour de lui pour 
produire et faire éclater sa vertu  ? Ne sont-ce pas eux qui lui 
suscitèrent cette multitude d'ennemis à combattre; parmi les Barbares, les 
Troyens; parmi les Grecs, deux de leurs principaux chefs, Ajax et Palamède 
; dans sa maison, des libertins remplis d'insolence et d'audace ; chez les 
Cyclopes, le plus féroce d'entre eux ; chez les Thraces, le peuple le plus 
étranger aux lois de l'hospitalité; entre les enchanteresses, la plus 
profonde dans son art ? Ne sont-ce pas eux qui lui suscitèrent celui 
d'entre les monstres qui avait le plus de têtes, et, sur les mers de 
plusieurs régions, les tempêtes les plus violentes, et des naufrages 
continuels ? Ne sont-ce pas eux qui le réduisirent à mener une vie 
errante, à mendier, à n'être couvert que de haillons, à demander des 
morceaux de pain, à se battre à la lutte avec un ivrogne, à souffrir des 
coups de pied et à recevoir toute sorte d'avanies de sa part ? Ce fut par 
attachement pour lui que les Dieux l'exposèrent à toutes ces épreuves. Ce 
ne fut point Neptune, irrité « de ce qu'il avait arraché la vie à un fils 
qu'il aimait ». Ce ne fut point le Soleil, pour se venger de 
l'enlèvement de ses bœufs. Non, Neptune n'a pu aimer à ce point un homme 
féroce, un fils qui violait les droits de l'hospitalité. Non, le Soleil 
avait assez de bœufs pour être insensible à la perte de ceux qui lui 
furent enlevés. Tous ces événements, c'était Jupiter qui en était 
l'arbitre suprême. N'est-ce pas lui aussi, qui, ne permettant pas à 
Hercule son propre fils de vivre dans l'inertie et dans la mollesse, 
l'éloigna de toutes les jouissances de la volupté; et qui, tandis qu'il 
laissait Eurysthée s'y abandonner à son aise, suscitait à Hercule des 
sangliers, des lions, des potentats, des tyrans, des scélérats, de longs 
chemins, des terres désertes, et des fleuves difficiles à passer? Quoi ! 
Jupiter aurait pu tripler la longueur de la nuit  ; et celui dont il 
devint le père cette nuit même, il n'aurait pas pu l'affranchir des peines 
et des fatigues de la vie ? Mais il ne voulut point le faire, car il n'est 
pas permis à Jupiter de vouloir autre chose que ce qui est le Beau 
suprême. De là l'héroïsme d'Hercule, de Bacchus, d'Ulysse. Mais pour nous 
rapprocher d'un ordre de choses plus à notre portée, pensons-nous que chez 
Socrate lui-même, l'art ait fait tous les frais de sa vertu ; et que 
les Dieux n'y aient été pour rien? Fils d'un lapidaire de profession, s'il 
eût voulu succéder à son père, l'art lui en aurait enseigné le métier. 
Mais, destiné par les Dieux à devenir un sage, il laissa-là le métier de 
son père, et il embrassa la vertu. 
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