[37,7] Καὶ τί δεῖ πλέω λέγειν, ἢ μουσικῆς πέρι ἀπομηκύνειν;
ἀγαθὴ μὲν γὰρ εἰρήνης ξυνεργός, ἀγαθὴ δὲ
ἐν πολέμῳ παραστάτις, ἀγαθὴ δὲ ἐν πολιτείᾳ ξύνοικος,
ἀγαθὴ δὲ καὶ παίδων τροφός. Ταχεῖα γὰρ τῶν αἰσθήσεων
ἡ ἀκοή, καὶ ὀξέως ἐπὶ τὴν ψυχὴν τὰ γνωσθέντα
ἀναπέμπουσα, καὶ προσαναγκάζουσα συμφθέγγεσθαι
καὶ συνορμᾶν τοῖς αὐτῆς πάθεσιν. Ὅθεν ἄμουσοι ψυχαὶ
καὶ ἐκμελεῖς, παντὶ τῷ ἡδεῖ φαινομένῳ ἐνδιδοῦσαι,
οὐδαμῶς ἄν ποτε γένοιντο μέτοχοι ὀρθοῦ νόμου· μουσικὴν
δὲ ὀνομάζουσιν τὴν αὑτῶν ἡδονὴν δι´ ὁμοιότητα
οὐ τοῦ τέλους, ἀλλὰ τῆς περὶ τὰ μέλη πραγματείας·
οἷον εἴ τις καὶ ἰατρικὴν καλοῖ τέχνην, ἀπεληλαμένην
μὲν τοῦ ὑγιεινοῦ, περὶ δὲ τὰ αὐτὰ φάρμακα ἐξεταζομένην.
Οὕτως ἀμέλει καὶ γεωμετρίαν, τὸ γενναιότατον
φιλοσοφίας μέρος, οἱ μὲν πολλοὶ φαῦλον, καὶ ἐπὶ
τῷ φαύλῳ τέλει, μέχρι τοῦ περὶ τὴν χρείαν ἀναγκαίου
δοκοῦντος, προσίενται, διαμετρῆσαι γῆν, καὶ ἀναστῆσαι
τειχίον, καὶ πᾶν ὅσον εἰς χειρουργίαν αὐτῆς συντελεῖ,
δοκιμάζοντες, πρόσω δὲ οὐχ ὁρῶντες· ἡ δὲ οὐχ οὕτως
ἔχει, πολλοῦ γε καὶ δεῖ· οὐ γὰρ ἂν ᾠκεῖτο χεῖρον ἡ
γῆ, μὴ διαμετρουμένων αὐτὴν ἀκριβῶς πενήτων γεωργῶν·
ἀλλὰ τοῦτο μὲν εἴη ἄν τι τῶν ἐν γεωργίᾳ τὸ
φαυλότατον· τὸ δ´ ἔργον αὐτό, ὥσπέρ τι ὀξυωπὲς τῆς
διανοίας φάρμακον, ῥώμην αὕτη οὐκ ἀγεννῆ παρασκευάζει
πρὸς τὴν θέαν τῶν ὅλων· ἀθέατοι δὲ οἱ
πολλοὶ τῆς χρείας ταύτης, καθάπερ εἴ τις ἠπειρώτης
ἀνὴρ ναῦν ἰδὼν ἐν λιμένι, ἀγασθεὶς τοῦ σοφίσματος
ἔνδον τῇ νηῒ χρῷτο, πάντα κινῶν τὰ ὄργανα, τοῦτο
οἰόμενος εἶναι τέλος τῆς νεώς.
| [37,7] Mais qu'avons-nous besoin d'en dire davantage, et de nous étendre
plus au long sur le chapitre de la musique? Elle est propre à suivre les
drapeaux, en temps de guerre, à s'asseoir dans les conseils de
Gouvernement, à entrer dans l'éducation de la jeunesse. Car l'ouïe est, de
nos sens, celui qui a le plus de vitesse. Elle transmet rapidement à l'âme
les choses dont la connaissance est de son ressort; et elle la force de
correspondre aux impressions qu'elle reçoit, ainsi que d'y mettre du sien.
De là vient que les âmes étrangères aux notions libérales qui constituent
la vraie harmonie, et qui se livrent à tout ce qui leur offre les dehors
spécieux de la volupté, ne parviennent jamais à la saine et droite idée
des lois de cette harmonie; et celle qui leur fait éprouver du plaisir,
elles la nomment ainsi, non qu'elle ait la même fin que l'autre, mais
parce qu'elle s'exerce sur le même sujet. C'est tout comme si l'on
appelait médecine, non point l'art qui ramène la santé, mais celui qui
recherche et indique les remèdes propres à la maladie. C'est par une
semblable bévue que le vulgaire pense que la géométrie, la partie la plus
importante de la philosophie, n'est qu'un art d'une très médiocre
considération, d'une destination abjecte, et que, ne l'envisageant que
sous le rapport des usages serviles, auxquels elle paraît nécessaire, il
ne la croit propre qu'à déterminer les dimensions des terrains, qu'à la
construction des édifices, et à tous les autres services mécaniques que
nous en retirons, sans porter ses regards plus avant. Or, ce n'est point à
cela que se borne la géométrie. Car les campagnes n'en seraient pas moins
habitées, quand bien même les pauvres paysans n'auraient que des moyens
moins exacts pour mesurer leurs héritages. Mais ce n'est-là que l'œuvre la
moins distinguée de la géométrie. Sa principale fonction est de produire
sur les yeux de notre intelligence le même effet que certains remèdes
produisent sur les yeux du corps, de les rendre plus vifs, plus perçants,
pour contempler l'Univers. Or, cette fonction, le vulgaire ne la connaît
pas. Tel, un habitant du continent, qui voit pour la première fois un
vaisseau dans un port, en admire l'invention, fait le tour du port dans le
vaisseau, en met en jeu tous les agrès, et s'imagine que le vaisseau n'a
point d'autre destination.
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