[37,8] Φαίη δ´ ἄν, οἴομαι, πρὸς αὐτὸν ἡ Ἀθηνᾶ, ἡ εὑρέτις
τοῦ ἔργου τούτου· ’Ὁρᾷς πέλαγος πλατὺ καὶ
ἄπειρον, κεχυμένον ὑπὲρ τῆς γῆς, συνάπτον αὐτῆς τὰ
τέρματα, ὧν πρόσθεν οὐδὲ ἀκοὴν εἶχές τε οὐδὲ ἐλπίδα
τῆς θέας; ἑκάστῳ δὲ εἷς ἦν τόπος γνώριμος, ὥσπερ οἱ
φωλεοὶ τοῖς ἑρπετοῖς· φιλία δέ, καὶ ἐπιμιξία, καὶ κοινωνία,
καὶ ἀμοιβὴ τῆς παρ´ ἑκάστοις εὐπορίας, ἐκποδῶν ἦν,
ἕως ὑμῖν τὸ σόφισμα τοῦτο ἐμηχανευσάμην
τὴν ναῦν. Τοῦτό γε τὸ ὄχημα, ἀράμενον ὄρνιθος δίκην,
διαπτήσεται πανταχοῦ· εἰ δὲ ἀπιστεῖς, πείρᾳ μάθε.‘
Τοῦτο καὶ περὶ γεωμετρίας λέγει τὶς θεῶν, ἢ ἐκείνη
ἡ θεὸς ἡ Ἀθηνᾶ λέγει· ’Ἐκεῖσε βλέψον· ὁρᾷς τουτὶ
τὸ ὑπὲρ κεφαλῆς θέαμα, τὸ καλόν, τὸ ποικίλον, ἐληλαμένον
περὶ γῆν ἐν κύκλῳ καὶ περὶ αὐτὴν ἑλιττόμενον,
μεστὸν ἄστρων, ἥλιον φέρον, σελήνην ἔχον;
τοῦτο ὅ, τι μέν ἐστιν οὐκ οἶσθα, δοκεῖς δὲ ὁρᾶν καὶ
εἰδέναι Ἀλλὰ ἐγώ σε, ὦ οὗτος, ἀνάξω κεῖσε ἠπειρώτην
ὄντα, ὄχημά σοι πηξαμένη κοῦφον, παραδοῦσα
γεωμετρίᾳ· ἥ σε τὰ μὲν πρῶτα ἔνδον ἐν τῷ λιμένι
ὀχήσει, ἐθίζουσα ἀνέχεσθαι τῆς πορείας, καὶ μὴ ἰλιγγιᾶν
πρὸς τὸ πέλαγος, μηδὲ ἀποδειλιᾶν πρὸς τὸ πέλαγος·
ἔπειτα ἀγαγοῦσα ἔξω τοῦ λιμένος, εἰς καθαρὸν
καὶ εὔδρομον τὸ τῶν ὄντων πέλαγος ἀνάξει, κεῖς´,
ὅθι τ´ ἠοῦς ἠριγενείης
οἰκία καὶ χοροί εἰσι, καὶ ἀντολαὶ ἠελίοιο
καὶ σελήνης αὐγαὶ καὶ τῶν ἄλλων ἀκηράτων σωμάτων.
Ἕως δὲ ἀθέατος τούτων εἶ, μένεις εὐδαιμονίας ἀμέτοχος, ἄμοιρος.‘
| [37,8] Minerve, qui inventa la navigation, dirait sans doute à cet
homme-là : « Tu vois cette vaste, cette immense mer, qui couvre la plus
grande partie de la terre, et qui unit entre elles ses différentes
régions, dont jusqu'ici tu n'avais point entendu parler, et que tu ne
devais jamais espérer de voir. Car chaque homme ne connaissait que son
pays, comme chaque reptile ne connaît que son trou. Ni les liaisons
d'amitié, ni le mélange des familles, ni les relations politiques, ni
l'échange réciproque des objets de commerce de chaque contrée,
n'existaient, jusqu'au temps où j'eus inventé l'art de construire un
vaisseau. Cette espèce de char prend son essor comme un oiseau, et l'on le
dirige du côté que l'on veut. Si tu en doutes, fais-en toi-même l'épreuve».
Tel est le langage que peut tenir sur la géométrie quelqu'une des Déesses,
ou Minerve elle-même. « Lève les yeux en haut. Tu vois ce spectacle qui
est au-dessus de ta tête. Spectacle magnifique, spectacle varié, qui se
meut circulairement, qui roule autour de la Terre, parsemé d'étoiles,
resplendissant de la lumière du soleil, embelli par la clarté de la lune.
Ce spectacle, tu ne sais point quelle est sa nature, et tu as l'air de
croire savoir ce qu'il est et le connaître. O toi, qui es étranger à ces
sublimes régions, je me charge de t'y conduire. Je te construirai un
esquif léger. Je te confierai à la Géométrie, qui d'abord te promènera
dans l'intérieur du port et qui, après t'avoir accoutumé à soutenir le
trajet, à braver le roulis, et à ne pas redouter les tempêtes, te lancera
hors du port ; et, te faisant voguer dans ce facile et limpide Océan de
tous les êtres, te conduira dans les régions où habitent l'Aurore, fille
de l'Air, et les Nymphes qui dansent autour d'elle ; dans ces régions où
se préparent le lever du soleil, l'éclat de la lune, et des autres
corps immortels. Tant que tu ne jouiras point de cette contemplation, tu
ne connaîtras point, tu ne posséderas point, le bonheur ».
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