| [37,6] Τὰ δὲ τούτων ἀρχαιότερα εἰς τί χρὴ λέγειν; 
Ὀρφεὺς ἐκεῖνος ἦν μὲν Οἰάγρου παῖς καὶ Καλλιόπης 
αὐτῆς, ἐγένετο δὲ ἐν Θρᾴκῃ ἐν τῷ Παγγαίῳ ὄρει·
νέμονται δὲ τοῦτο Θρᾳκῶν οἱ Ὀδρύσαι, ὄρειον γένος,
λῃσταὶ καὶ ἄξενοι· ἀλλ´ εἵποντό γε Ὀδρύσαι ἑκόντες
ἡγεμόνι Ὀρφεῖ, καλῇ κηλούμενοι τῇ ᾠδῇ. Τοῦτο ἄρα
’δρῦς καὶ μαινὰς ἐγένετο,‘ ἄγειν εἰκαζόντων τὸ ἀγεννὲς
τοῦ τῶν κηλουμένων τρόπου ἀψύχοις σώμασιν.
 Ἄλλος ἦν περὶ Βοιωτίαν κιθαριστὴς γενναῖος, οὐ λίθους,
οὐδὲ οἷον ὁ μῦθος φησίν, προσαγόμενος τῇ τέχνῃ
(πῶς γὰρ ἂν γένοιτο ἐξ ᾠδῆς τεῖχος;) ἀλλ´ ὑπὸ μέλει
ἐμβατηρίῳ καὶ τακτικῷ συναγαγὼν εἰς φάλαγγα τοὺς
Βοιωτῶν νέους τεῖχος ἄμαχον ταῖς Θήβαις περιέβαλλεν·
οἷον τεῖχος καὶ Σπαρτιάταις ἐμηχανήσατο Λυκοῦργος,
ἐπιτάξας τοῖς νέοις αὐλὸν ἡγεμόνα ἐν ταῖς μάχαις· οἱ
δὲ ἐπείθοντο, καὶ ἐπολέμουν χοροῦ νόμῳ. Τοῦτον
ἔχων καὶ Θεμιστοκλῆς τὸν αὐλὸν εἰς τὰς ναῦς ἐνεβίβασεν 
τὰς Ἀθήνας, οἱ δὲ ὑπ´ αὐλῷ οἱ μὲν εἴρεσσον,
οἱ δὲ ἐμάχοντο, ἐνίκων δὲ ἄμφω, ξυνεπήχουν δὲ καὶ 
αἱ θεαὶ τῷ χορῷ Ἐλευσινόθεν. Ἐκεῖθεν ἐπινίκια ἕστηκεν, 
ἐκεῖθεν τρόπαια Λακωνικὰ καὶ Ἀττικά, θαλάττια
καὶ ἠπειρωτικά, μετ´ ἐπιγραμμάτων καλῶν· τοῦτον τὸν
χορὸν ἐνίκων μὲν Λακεδαιμόνιοι, ἐδίδασκεν δὲ Λεωνίδης.
 | [37,6] A quoi bon remonter plus haut ? Le célèbre Orphée était fils 
d'Œagre et de Calliope. Il reçut le jour dans la Thrace, sur le mont Pangée. 
Cette montagne était habitée par une peuplade de cette contrée, nommée les 
Odruses, hommes sauvages, ne vivant que de rapines, et étrangers aux lois 
de l'hospitalité. Néanmoins les Odruses, tout sauvages qu'ils étaient, 
suivirent spontanément Orphée, comme leur chef; et leur férocité céda à la 
beauté de ses chants. C’est là ce qui a donné lieu de dire que les 
chênes et les rochers marchaient à sa suite parce qu'on a assimilé à des 
êtres inanimés les hommes âpres et brutes qu'Orphée humanisait. 
Dans la Béotie, était un autre chantre non moins célèbre, qui ne faisait 
point mouvoir les pierres, par la douceur de ses accords, selon les 
fictions des poètes, (car comment des remparts s'élèveraient-ils au son de 
la voix et des instruments) ? Mais par l'harmonieuse beauté de ses hymnes 
guerrières, il réunit en phalange la jeunesse de Béotie; et ces phalanges 
devinrent pour la ville de Thèbes un inexpugnable rempart. Lycurgue 
entoura Lacédémone d'un rempart semblable, lorsqu'il régla que, dans les 
batailles, les jeunes gens combattraient, au son de la flûte. Ceux-ci se 
conformèrent, en effet, à cette règle; et, dans les combats, ils allaient 
en mesure comme à la danse. Thémistocle se servit aussi du même 
instrument, lorsqu'il embarqua toute la ville d'Athènes ; et, pendant 
qu'il en fit entendre les sons à toute la flotte, les uns ramaient, les 
autres combattaient, et tous concouraient à la victoire. Du sein de leur 
temple, les Déesses d'Eleusis se joignirent à ce concert. De là les 
monuments destinés à conserver le souvenir des victoires. De là les 
trophées de Lacédémone et d'Athènes, qui consacrèrent leurs exploits sur 
mer et sur terre avec de belles inscriptions. De-là, le triomphe des 
Spartiates, et l'exemple de Léonidas. 
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