[37,5] Εἰ δὲ Πυθαγόρᾳ πειθόμεθα, ὥσπερ καὶ ἄξιον, καὶ
μελῳδεῖ ὁ οὐρανός, οὐ κρουόμενος, ὥσπερ λύρα, οὐδὲ
ἐμπνεόμενος, ὥσπερ αὐλός, ἀλλ´ ἡ περιφορὰ τῶν ἐν
αὐτῷ δαιμονίων καὶ μουσικῶν σωμάτων, σύμμετρός τε
οὖσα καὶ ἀντίρροπος, ἦχόν τινα ἀποτελεῖ δαιμόνιον.
Τῆς ᾠδῆς ταύτης τὸ κάλλος θεοῖς μὲν γνώριμον, ἡμῖν
δὲ ἀναισθές, δι´ ὑπερβολὴν μὲν αὐτοῦ, ἔνδειαν δὲ
ἡμετέραν. Τοῦτό μοι ἀμέλει καὶ Ἡσίοδος αἰνίττεται,
Ἑλικῶνά τινα ὀνομάζων τὸν θεόν, καὶ χοροὺς ἠγαθέους
ἐν αὐτῷ, κορυφαῖον δὲ εἴτε Ἥλιον, εἴτε Ἀπόλλωνα,
εἴτέ τι ἄλλο ὄνομα φανοτάτῳ καὶ μουσικῷ πυρί.
Ἡ δέ γε ἀνθρωπίνη, καὶ περὶ τὴν ψυχὴν ἰοῦσα, τί
ἂν εἴη ἄλλο, ἢ παιδαγώγημα τῶν τῆς ψυχῆς παθημάτων,
τὸ μὲν ἐξᾶττον αὐτῆς καὶ φερόμενον κατεπᾴδουσα,
τὸ δὲ παρειμένον καὶ ἐκλελυμένον ἔμπαλιν ἐπαίρουσα
καὶ παροξύνουσα; Δεινὴ μὲν γὰρ ἐπελαφρῦναι οἶκτον,
δεινὴ δὲ ἀμβλῦναι ὀργήν, δεινὴ δὲ ἐπισχεῖν θυμόν,
ἀγαθὴ ἐπιθυμίαν σωφρονίσαι, καὶ λύπην ἰάσασθαι,
καὶ ἔρωτα παραμυθήσασθαι, καὶ συμφορὰν κουφίσαι·
ἀγαθὴ καὶ ἐν θυσίαις παραστάτις, καὶ ἐν δαιτὶ σύσιτος,
καὶ ἐν πολέμῳ στρατηγός· δεινὴ δὲ καὶ ἐν ἑορταῖς
εὐφρᾶναι, καὶ ἐν Διονυσίοις κωμάσαι, καὶ ἐν τελεταῖς
ἐπιθειάσαι· δεινὴ καὶ πολιτείας ἦθος κεράσαι τῷ μέτρῳ.
Οὕτω Βοιωτοὺς τοὺς ἀγροίκους αὐλὸς ἐπιτηδευόμενος
ἡμέρωσεν, καὶ ποιητὴς Πίνδαρος συνῳδὸς
τῷ αὐλῷ· καὶ Σπαρτιάτας ἤγειρεν τὰ Τυρταίου ἔπη,
καὶ Ἀργείους τὰ Τελεσίλλης μέλη, καὶ Λεσβίους ἡ
Ἀλκαίου ᾠδή· οὕτω καὶ Ἀνακρέων Σαμίοις Πολυκράτην
ἡμέρωσεν, κεράσας τῇ τυραννίδι ἔρωτα, Σμερδίου καὶ
Κλεοβούλου κόμην, καὶ αὐλοὺς Βαθύλλου, καὶ ᾠδὴν Ἰωνικήν.
| [37,5] Si nous nous en rapportons à Pythagore, et nous devons nous en
rapporter à lui, le Ciel a aussi son harmonie. Ce n'est pas qu’on le
pince comme une lyre ni qu'on y souffle comme dans une flûte. Mais les
mouvements des corps divers et harmoniques qui le composent, par leur
combinaison et leur accord, produisent des sons divins. Les Dieux
jouissent de la beauté de ce concert. Mais nos sensations n'y peuvent
atteindre. Il est trop sublime, il est trop au-dessus de notre portée. Tel
est ce me semble, le sens de la fiction; d'Hésiode lorsqu'il nous parle
d'une montagne qu'il appelle l’Hélicon, et qu’il nous y représente les
Muses y formant divers genres de concerts, ayant pour Coryphée ou le
Soleil, ou Apollon, quel que soit d'ailleurs le nom de ce feu
resplendissant et harmonique. Quant à l’harmonie humaine dont notre âme
peut recevoir les impressions, qu'est-elle autre chose que le régulatrice
des affections qu'éprouve notre âme, tantôt les tempérant, lorsqu’elles se
laissent emporter à trop d'impétuosité et d'incandescence; tantôt les
excitant; les aiguillonnant, lorsqu'elles sont dans le relâchement, et
qu’elles pêchent par le défaut d'énergie.
Elle est propre, sans doute, à alléger les chagrins du deuil, à refroidir
les transports de la colère, à donner un frein à la cupidité, à tremper
nos appétits dans la tempérance, à porter remède aux douleurs, à fournir
des consolations à l'amour, à rendre le poids du malheur plus supportable.
Elle est bonne à présider aux sacrifices. Elle remplit bien sa place, dans
les festins. Elle fait des merveilles ; à la tête des armées. C'est à elle
qu'il appartient de porter la joie dans nos fêtes publiques, de tout
mettre en train dans les fêtes de Bacchus, et de répandre l'inspiration
dans lés cérémonies religieuses. C'est encore à elle à devenir la
modératrice des corps politiques. C'est ainsi que les sauvages Béotiens se
policèrent en cultivant la flûte, et en chantant au son de cet instrument
les poésies de Pindare. C'est ainsi, que les vers de Tyrtée donnèrent de
la grandeur d'âme aux Spartiates, ceux de Telésille aux Argiens, ceux
d'Alcée aux habitants de Lesbos. C'est ainsi qu'Anacréon rendit moins
cruelle pour les Citoyens de Samos la tyrannie de Polycrate, en faisant
aimer à ce tyran le beau Smerdis la chevelure de Cléobule, la flûte de
Batylle, et les chants ioniens.
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