HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, XXXVI

Chapitre 4

  Chapitre 4

[36,4] καὶ ταῦτα, εἰδὼς ὅτι ἀπαλλάξεται πολλαπλασίων κακῶν, τῷ δευτέρῳ τρόπῳ καὶ βίῳ ἀναπεφυρμένα, πῶς οὐ περιστατικὴν ποιεῖ κακοδαίμονά τε τὴν διαγωγὴν τοῦ βίου καὶ σφόδρα ἀτυχῆ; Ὥστε εἰκάσαιμ´ ἂν ἔγωγε ἑκάτερον τῶν βίων, τὸν μὲν γενναῖον τοῦτον καὶ παντοδαπὸν δεσμωτηρίῳ χαλεπῷ κακοδαιμόνων ἀνδρῶν καθειργμένων ἐν ἀφεγγεῖ μυχῷ, πολὺν μὲν τοῖς ποσὶν σίδηρον περιβεβλημένων, βαρὺν δὲ κλοιὸν περὶ τῷ αὐχένι, κἀκ ταῖν χεροῖν ἐξηρτημένων δεσμὰ δυσχερῆ, ῥυπώντων, καὶ ἀγχομένων, καὶ ῥυττομένων, καὶ στενόντων· ὑπὸ δὲ χρόνου καὶ ἔθους εὐημερίας τινὰς ἑαυτοῖς ἔνδον καὶ εὐθυμίας μηχανωμένων, μεθυσκομένων ἐνίοτε ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ, καὶ ᾀδόντων ἀναμίξ, καὶ γαστριζομένων, καὶ ἀφροδισιαζόντων, καὶ μηδὲ ἠρέμα ἑκάστου ἐμπιμπλαμένων διὰ δέος καὶ ἀπιστίαν καὶ μνήμην τῶν παρόντων κακῶν· ὥστε ἀκούσαι ἄν τις παρ´ ἑκάστῳ δεσμωτηρίῳ οἰμωγῆς ὁμοῦ καὶ ᾠδῆς καὶ στόνου καὶ παιᾶνος. Τὸν δὲ ἕτερον αὖ βίον εἰκάζω ἀνδρὶ ἐν καθαρῷ φωτὶ διαιτωμένῳ, λελυμένῳ τὼ πόδε καὶ τὼ χεῖρε, καὶ τὸν αὐχένα πανταχοῦ περιστρέφοντι, καὶ τὰς ὄψεις πρὸς τὸν ἥλιον ἀνατείλαντα ἀνατείνοντι, καὶ τοὺς ἀστέρας ὁρῶντι, καὶ διακρίνοντι νύκτα καὶ ἡμέραν, καὶ τὰς ὥρας τοῦ ἔτους ἀναμένοντι, καὶ τῶν ἀνέμων αἰσθανομένῳ, καὶ ἀέρα σπῶντι καθαρὸν καὶ ἐλεύθερον· ἀπεστερημένῳ δὲ τῶν ἔνδον ἐκείνων ἡδονῶν ὁμοῦ τοῖς δεσμοῖς, μὴ μεθυσκομένῳ, μηδὲ ἀφροδισιάζοντι, μὴ γαστριζομένῳ, μὴ στένοντι, μὴ παιωνίζοντι, μὴ ᾄδοντι, μὴ οἰμώζοντι, μὴ ἐμπιμπλαμένῳ, ἀλλ´ ὅσον ἀποζῆν λεπτῷ καὶ διερρινημένῳ τὴν γαστέρα. Τίνα τῶν εἰκόνων μακαρίσωμεν; τίνα οἰκτείρωμεν τῶν βίων; τίνα ἑλώμεθα; Τὸν ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ, τὸν μικτὸν ἐκεῖνον, τὸν ἀσαφῆ, πικραῖς καὶ ἐλεειναῖς ἡδοναῖς δελεασθέντες, ἔνθα δ´ ἄρ´ οἰμωγή τε καὶ εὐχωλὴ πέλεν ἀνδρῶν, ἡδομένων ὁμοῦ καὶ στενόντων; Μὴ σύ γε, δειλαία ψυχή· [36,4] Quel est l'homme assez dépourvu de sens, assez aveugle dans ses passions, assez malheureusement né pour que des jouissances aussi futiles qu'éphémères, pour que des biens qui ne sont point universellement avoués pour tels, pour que des espérances incertaines, des avantages douteux, l'empêchent de s'accommoder, le détournent de prendre le parti, d'un bonheur sans controverse ? Et cela, lorsqu'il ne peut point se dissimuler qu'il éloigne de lui une infinité de maux, qui, mêlés à tous les éléments d'un autre genre de vie, l'exposent à toute sorte de vicissitudes, de désagréments, de malheurs, qui en empoisonnent le cours ? Je comparerais volontiers ces deux manières d'être; la première, celle que le vulgaire regarde comme si agréable et si variée, à une cruelle prison, où des hommes ont le malheur d'être renfermés dans un cachot obscur, ayant leurs pieds, leurs mains, leur col, chargés de fer, étant couverts d'ordure, respirant à peine, totalement défigurés et abîmés dans la douleur ; mais auxquels l'habitude et le temps ne laissent pas de ménager des moments de sérénité et de gaîté, durant lesquels ils s'enivrent dans leur prison, ils chantent ensemble, ils font des excès de table, ils voient des femmes, sans néanmoins s'abandonner tout entiers à ces jouissances, au milieu de l'abattement, de la contrainte, de la défiance que leur inspire le sentiment de leurs maux ; de manière qu'on entend, à la fois, autour d'une semblable prison, des lamentations et les accents de la volupté, des gémissements et des chants d'allégresse. La seconde manière d'être, je la compare à celle d'un homme qui vit dans le sein d'une lumière pure, n'ayant ni les pieds, ni les mains liés, tournant la tête, de tous côtés, à son gré, dirigeant ses yeux vers le soleil, contemplant les astres, distinguant le jour de la nuit, témoin de la succession des diverses saisons de l'année, éprouvant l'impression des vents, et respirant un air aussi libre que salubre. A la vérité, il ne partage pas plus les voluptés des malheureux, dont nous venons de parler, qu'il ne partage leurs chaînes ; il ne s'enivre point, il ne voit point de femmes, il ne fait point d'excès de table, il ne se lamente point, il n'entonne point des chants d'allégresse, il ne chante point d'autres chansons, il ne pousse point de gémissements, il ne se gorge point; mais, sobre et tempérant, il ne mange que ce qu'il lui faut pour vivre. Auquel de ces deux objets de comparaison attacherons-nous le bonheur? Pour lequel des deux aurons-nous de la commisération? Auquel des deux donnerons-nous la préférence? Séduits par les amorces de ces voluptés amères, qui ne méritent que la pitié, préférerons-nous cette vie prisonnière, mélangée, équivoque, « où sont, en même temps, la tristesse et l'hilarité », les lamentations et l'allégresse ? Ame infortunée, éloigne un semblable choix !


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Dernière mise à jour : 24/07/2008