[36,3] Τοιαύτης τοίνυν στάσεως καὶ διαφωνίας τὸν δεύτερον
τοῦτον κατεχούσης βίον, τίνι δῶμεν τὰ νικητήρια
φέροντες; τίνα, ποῖον αὐτῶν φῶμεν ἁπλοῦν εἶναι
βίον, καὶ ἀπερίστατον, καὶ ἐλευθερίας ἐπήβολον; καὶ
ποῖον οὐχ ἁπλοῦν, ἀλλὰ ἀναγκαῖον, καὶ ἐλεεινόν, καὶ
περιστάσεων γέμοντα; Φέρε ἐξ ἑκατέρων ἡκέτω τὶς
ἡμῖν ἀνὴρ ἐπὶ διαιτητὴν τὸν λόγον· ὁ δὲ αὐτῶν ἐρέσθω
ἑκάτερον, καὶ πρῶτον γε τὸν πρῶτον, τὸν γυμνὸν
ἐκεῖνον καὶ ἄοικον καὶ ἄτεχνον, τὸν πάσης τῆς γῆς
πολίτην καὶ ἐφέστιον· ἐρέσθω δὲ ἀντιτιθεὶς αὐτῷ τὸν
τοῦ δευτέρου βίον καὶ τρόπον, πότερα αἱρεῖται μένειν
ἐν τῇ πρόσθεν τροφῇ καὶ ἐλευθερίᾳ, ἢ τὰς τοῦ δευτέρου
ἡδονὰς λαβὼν σὺν ταύταις καὶ τὰ λυπηρὰ ἔχειν;
Ἴτω δὴ μετὰ τοῦτον ὁ ἕτερος· ἀντιτιθέτω δὲ αὐτῷ ὁ
δικαστὴς τὴν τοῦ προτέρου δίαιταν καὶ ἐλευθερίαν·
καὶ ἐρέσθω, πότερα αἱρεῖται τὰ αὑτοῦ ἔχειν, ἢ μετατίθεται
καὶ μετοικίζεται ἐπὶ τὸν εἰρηναῖον ἐκεῖνον βίον
καὶ ἄφετον καὶ ἀδεῆ καὶ ἄλυπον; Τίς τῶν ἀνδρῶν
αὐτομολεῖ; τίς μετοικεῖ; τίς ἑκὼν ἀλλάττεται βίον βίου;
Τίς οὕτως ἀνόητος καὶ δύσερως καὶ κακοδαίμων
ἀνήρ, ὥστε διὰ φιλίαν μικρῶν καὶ ἐφημέρων ἡδονῶν,
καὶ ἀγαθῶν ἀμφισβητησίμων, καὶ ἀδήλων ἐλπίδων,
καὶ ἀμφιβόλων εὐτυχημάτων, μὴ ἀνασκευάσασθαι, μηδὲ
ἀνοικίσαι αὑτὸν εἰς ὡμολογημένην εὐδαιμονίαν;
| [36,3] Si tels sont le contraste et la discordance de ce second genre de
vie, que nous venons de comparer au premier, auquel des deux donnerons
nous la palme? Lequel des deux regarderons-nous comme simple, stable, et
en possession de la liberté? Et lequel regarderons-nous comme dénué de
simplicité, comme subordonné à la contrainte, comme susceptible de
commisération, et sujet à toutes sortes de vicissitudes? Voyons ; que
chacun des deux nous envoie, de son côté, quelqu'un des siens, pour
comparaître devant la Raison prise pour arbitre dans cette querelle.
Que la Raison interroge donc l'un des deux adversaires, et d'abord le
premier, celui qui est sans vêtement, sans maison, sans industrie, celui
qui est citoyen de tous les lieux de la terre, et commensal de tous ses
semblables. Qu'elle lui demande, en lui mettant sous les yeux le
tableau du genre de vie et des mœurs de son adversaire, s'il aime mieux
demeurer dans son actuelle manière d'être, et dans son indépendance, que
de les échanger contre les jouissances de ce dernier, avec tous les
désagréments qui les accompagnent. Qu'après le premier, l'autre se
présente ; que le juge lui montre le genre de vie et l'indépendance de son
antagoniste ; qu'il lui demande s'il aime mieux conserver ce qu'il a, ou
bien s'il aime mieux faire un échange et passer du côté de ce genre de vie
tranquille, indépendant, exempt de besoin, et de privation. Où est
l'homme déserteur, où est l'homme transfuge qui change spontanément
son train de vie contre un autre ?
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