HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, XXXVI

Chapitre 2

  Chapitre 2

[36,2] Ἐμοὶ δὲ μῦθος ἀπελθὼν ἐκποδών, καὶ γενόμενος ἐκ μύθου αὐτὸ τοῦτο λόγος, προϊὼν παραβαλλέτω βίον βίῳ, τῷ προτέρῳ τὸν δεύτερον, εἴτε σιδηροῦν τις αὐτόν, εἴτε καὶ ἄλλῃ πη ὀνομάζων χαίρει, ἡνίκα ἤδη κληρουχήσαντες οἱ ἄνθρωποι τὴν γῆν, ἐπετέμοντο αὐτῆς ἄλλος ἄλλην μοῖραν, περιβάλλοντες αὐτοῖς ἕρκη καὶ τειχία, καὶ τὰ σώματα σπαργάνοις μαλθακοῖς καθειλίξαντες, καὶ τὼ πόδε σκύτεσιν χαρακώσαντες, καὶ χρυσὸν οἱ μὲν τοῖς αὐχέσιν, οἱ δὲ ταῖς κεφαλαῖς, οἱ δὲ τοῖς δακτύλοις περιαρτήσαντες, εὔφημόν τινα καὶ εὐπρόσωπον δεσμόν, καὶ στέγας οἰκοδομησάμενοι, καὶ κλεῖδας καὶ αὐλίους καὶ προπύλαια ἄττα ἐπιστήσαντες· καὶ παρέχοντες τῇ γῇ πράγματα, μεταλλεύοντες αὐτὴν καὶ σκάπτοντες καὶ ὀρύττοντες· καὶ μηδὲ τὴν θάλατταν κατὰ χώραν ἐῶντες, ἀλλὰ ἐπιτειχίσαντες καὶ ταύτῃ σκάφη πολεμιστήρια καὶ πορευτικὰ καὶ ἐμπορευτικά· καὶ μηδὲ τοῦ ἀέρος ἀπεχόμενοι, ἀλλὰ καὶ τοῦτον ληϊζόμενοι, τὰς ὀρνίθων ἀγέλας ἰξῷ καὶ ἕρκεσιν καὶ παντοδαπαῖς μηχαναῖς σαγηνεύοντες· ἀποσχόμενοι δὲ μήτε τῶν ἡμέρων ζῴων δι´ ἀσθένειαν, μήτε τῶν ἀγρίων διὰ δέος, ἀλλὰ αἵματι καὶ φόνῳ καὶ λύθρῳ παντοδαπῷ γαστριζόμενοι· καὶ ἀεί τι ταῖς ἡδοναῖς εὑρίσκοντες νέον, καὶ τῶν ἐώλων ὑπερορῶντες· καὶ διώκοντες μὲν τὰ τερπνά, περιπίπτοντες δὲ τοῖς λυπηροῖς· πλούτου μὲν ὀρεγόμενοι, ἀεὶ δὲ τὸ παρὸν ἐνδεέστερον ἡγούμενοι τοῦ ἀπόντος, καὶ τό τε κτηθὲν ἔλαττον τοῦ προσδοκωμένου· δεδιότες μὲν ἔνδειαν, πληρωθῆναι δὲ μὴ δυνάμενοι· φοβούμενοι μὲν θάνατον, μὴ φροντίζοντες δὲ τοῦ ζῆν· εὐλαβούμενοι νόσους, τῶν δὲ νοσερῶν οὐκ ἀπεχόμενοι· ὑποπτεύοντες μὲν ἄλλους, ἐπιβουλεύοντες δὲ τοῖς πλείστοις· δεινοὶ μὲν πρὸς τοὺς ἀνόπλους, δειλοὶ δὲ πρὸς τοὺς ὡπλισμένους· μισοῦντες μὲν τυραννίδα, τυραννεῖν δὲ αὐτοὶ ἐπιθυμοῦντες· ψέγοντες μὲν τὰ αἰσχρά, τῶν δὲ αἰσχρῶν οὐκ ἀπεχόμενοι· τὰς εὐτυχίας θαυμάζοντες, τὰς ἀρετὰς μὴ θαυμάζοντες· τὰς δυστυχίας ἐλεοῦντες, οὐκ ἀπεχόμενοι τῶν μοχθηρῶν· ἐν μὲν ταῖς εὐπραγίαις τολμηταί, ἐν δὲ ταῖς δυσπραγίαις ἀνάκλητοι· μακαρίζοντες μὲν τοὺς τεθνηκότας, γλιχόμενοι δὲ τοῦ ζῆν, μισοῦντες μὲν τὸ ζῆν, φοβούμενοι δὲ ἀποθανεῖν· προβεβλημένοι μὲν τοὺς πολέμους, εἰρήνην δὲ ἄγειν μὴ δυνάμενοι· ἐν μὲν δουλείᾳ ταπεινοί, ἐν δὲ ἐλευθερίᾳ θρασεῖς· ἐν μὲν δημοκρατίᾳ ἀκατάσχετοι, ἐν δὲ τυραννίδι ἐπτηχότες· παίδων μὲν ἐπιθυμοῦντες, γενομένων δὲ ὀλιγωροῦντες· εὐχόμενοι μὲν τοῖς θεοῖς, ὡς δυναμένοις ἐπαρκεῖν, καταφρονοῦντες δὲ ὡς οὐ δυναμένων τιμωρεῖν· καὶ δεδιότες μὲν ὡς κολάζοντας, ἐπιορκοῦντες δὲ ὡς οὐδὲν ὄντας. [36,2] Mais voilà ma fable qui s'évanouit, et qui se transforme en une sérieuse réalité. Commençons donc par comparer genre de vie à genre de vie, celui du premier âge à celui du second, soit qu'on lui donne le nom d'âge de fer, ou tout autre quelconque. Les hommes, une fois en possession de la terre, n'en eurent pas plutôt pris, l'un une portion, l'autre une autre, qu'ils s'entourèrent de clôtures et de murs. Ils s'enveloppèrent le corps de vêtements souples, ils mirent des chaussures de peaux autour de leurs pieds, ils firent des bijoux d'or, les uns pour leur col, les autres pour leur tête, les autres pour leurs doigts, et s'imposèrent ainsi de spécieuses et brillantes chaînes. Ils bâtirent des maisons, ils forgèrent des clefs, ils construisirent des portes et des vestibules, ils tourmentèrent le sein de la terre, en le creusant, en le fouillant, pour en extraire les métaux. Ils ne respectèrent pas même les flots de la mer. Ils firent, pour naviguer, des vaisseaux de guerre, des vaisseaux de transport, des vaisseaux marchands. Les campagnes de l'air ne furent pas davantage à l'abri de leurs incursions. La glu, les rets, tous les genres de piège furent mis à contribution, pour faire la guerre aux oiseaux de toutes les espèces. Parmi les animaux, la faiblesse et la mansuétude des uns, la terrible férocité des autres, furent un vain rempart contre la gloutonnerie des mortels. Ils ne gorgèrent leur ventre que de tuerie, de carnage et de sang. Ils s'efforcèrent de raffiner, chaque jour, sur leurs jouissances ; et ils dédaignèrent celles du jour précédent. Ils coururent sans cesse après ce qui devait leur faire plaisir; et ils ne rencontrèrent jamais que ce qui devait leur déplaire. Avides des biens de la fortune, ils furent moins riches de ce qu'ils possédaient, que pauvres de ce qu'ils n'avaient pas. Ils redoutèrent la misère; et rien ne fut capable de les assouvir. Ils craignirent la mort; et ils négligèrent les soins nécessaires à la conservation de la vie. Ils eurent peur des maladies ; et ils ne prirent point de précautions pour en écarter les causes. Ils eurent de la défiance à l'égard d'autrui; et ils ne laissèrent pas de tendre des embûches à la plupart de leurs semblables. Ils furent intrépides avec ceux qui étaient sans armes ; et lâches avec ceux qui étaient armés. Ils détestèrent la tyrannie ; et ils désirèrent de devenir eux-mêmes des tyrans. Ils blâmèrent les choses honteuses ; et ils se couvrirent de turpitudes. Ils admirèrent la prospérité ; et ils n'admirèrent point la vertu. Ils eurent de la commisération pour le malheur; et ils ne s'abstinrent pas du vice qui amène l'infortune. Ils furent confiants et audacieux, dans les succès; abattus et consternés, dans les revers. Ils regardèrent comme un bonheur d'être mort; et la vie ne leur parut jamais assez longue. Ils n'aimèrent point à vivre ; et ils redoutèrent de mourir. Ils eurent de l'aversion pour la guerre ; et ils furent incapables de rester en paix. Ils rampèrent, dans la servitude ; ils furent insolents, dans la liberté. Sous la démocratie, ils s'abandonnèrent à une licence sans frein; ils ne montrèrent qu'un stupide abattement, sous le despotisme. Ils furent avides d'avoir des enfants, et ils n'en prirent aucun soin, lorsqu'ils furent devenus pères. Ils invoquèrent les Dieux, comme ayant la puissance de leur donner les choses dont ils avaient besoin ; et ils les outragèrent comme incapables de se venger et de punir. Ils tremblèrent devant la verge de leur justice; et ils les bravèrent dans leurs parjures, comme s'ils n'existaient pas.


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Dernière mise à jour : 24/07/2008