HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, XXXIII

Chapitre 6

  Chapitre 6

[33,6] Πλάττωμεν, εἰ δυνατόν, τοιαύτην εἰκόνα, ἄνδρα εὐδαίμονα τὴν ἐξ ἡδονῶν εὐδαιμονίαν· ὁρῶντα μὲν τὰ ἥδιστα τῶν χρωμάτων, ἀκούοντα δὲ ἡδίστων ψόφων, ὀσφραινόμενον ὀδμῶν τερπνοτάτων, γευόμενον χυμῶν ποικιλωτάτων, χλιαινόμενον, ἀφροδισιάζοντα ὁμοῦ· ἐὰν γὰρ δῷς χρόνον, καὶ διαστήσῃς τὰς ἡδονάς, καὶ τὰς αἰσθήσεις διέλῃς, κολούσεις τὴν εὐδαιμονίαν· πᾶν γάρ, παρὸν εὐφραίνει, ἀφαιρεθὲν λυπεῖ. Καὶ τίς ἀνάσχοιτο ψυχὴ ἡδονῶν τοσούτων ὄχλον ἐπιρρέοντα αὐτῇ καὶ ἐπιφερόμενον, καὶ μηδεμίαν ἀνακωχὴν μηδὲ ἀναψυχὴν παρεχόμενον; ἀλλ´ οὐκ ἀθλιώτατα εἰκὸς διάγειν, καὶ ἐπιθυμεῖν καταβολῆς, καὶ ἀναπαύλης ἐρᾶν; χρονίζουσα γὰρ ἡδονὴ λύπην γεννᾷ. Τί ἂν οὖν γένοιτο ἀπιστότερον εὐδαιμονίας ἐλεουμένης; Ζεῦ καὶ θεοί, πατέρες καὶ ποιηταὶ γῆς καὶ θαλάττης, καὶ ὅσα γῆς καὶ θαλάττης θρέμματα, οἷον τοῦτο ζῷον τῷ δεῦρο τόπῳ καὶ βίῳ ἐγκατεστήσατε; ὡς θρασὺ καὶ ἰταμὸν καὶ λάλον, ἀγαθοῦ ἄπορον, ἔργου ἔρημον, ἡδοναῖς βοσκόμενον καὶ δημαγωγούμενον; Αἴθ´ ὄφελεν ἄγονόν τ´ ἔμεναι, ἄγαμόν τ´ ἀπολέσθαι τὸ γένος τοῦτο πᾶν, εἰ μηδὲν ἕξει παρ´ ὑμῶν ἡδονῆς κρεῖττον. [33,6] VI. Figurons-nous, si nous le pouvons, un homme heureux du bonheur qui résulte de la volupté, promenant ses regards sur les couleurs les plus agréables à la vue, prêtant son oreille au concert le plus harmonieux, embaumé par les parfums les plus suaves, savourant les mets les plus succulents et les plus variés, et jouissant à la fois des plaisirs de l'amour et du libertinage. Car si l'on admet des intervalles, si l'on sépare les voluptés, si l'on établit l'alternative entre les sens, on altère le bonheur. Or, tout ce qui par sa présence produit une affection de volupté, produit par son absence une affection opposée. Et quelle est l'âme qui supporterait de se voir submergée, entraînée, par un semblable torrent de voluptés, sans avoir un seul instant de repos ou de relâche ? N'est-il pas probable qu'une pareille situation serait le comble du malheur pour elle, qu'elle désirerait ardemment quelque moment de répit, qu'elle soupirerait après quelque intermittence ? Car la volupté trop prolongée enfante le déplaisir. Est-il donc rien de plus perfide qu'un bonheur qui excite la commisération ! O Jupiter, et vous, autres Dieux, qui avez fait la terre et la mer, et qui êtes les pères de tous les êtres qui les habitent, quel est donc cet être que vous avez placé ici bas, en le destinant à y vivre ? Comme il est audacieux, insolent, bavard, incapable d'arriver au bien, enclin à l'inertie, et gouverné, sous tous les rapports de son existence, par la volupté ! « Que n'a-t-elle ou resté dans le néant, ou péri sans postérité toute cette engeance », si elle ne devait recevoir de vous rien de mieux que la volupté.


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Dernière mise à jour : 28/04/2008