[33,5] Ὅρα τίνα καὶ ποῖον τύραννον τῇ ψυχῇ δίδως· ὡς
Ἀθηναίοις Κριτίαν, παρωσάμενος τὸν Σόλωνα· ὡς Λακεδαιμονίοις Παυσανίαν, παρωσάμενος τὸν Λυκοῦργον.
Ἐγὼ δὲ ἐλευθερίαν ποθῶν νόμου δέομαι, λόγου δέομαι.
Οὗτός μοι φυλάξει τὴν εὐδαιμονίαν ὀρθὴν καὶ
ἄσειστον καὶ ἀδεῆ καὶ αὐτάρκη, οὐ ταπεινὴν δὲ ὑποβεβλημένην ἀνδραπόδων τέχναις, ὑφ´ ὧν ἐρανιζόμενος
ἀθροίσω τὸ μέγα τοῦτο ὄφελος, ἡδονήν· αἰτίζων οὐκ
ἀκόλους, μὰ Δία, κατὰ τὸν Ὁμήρου πτωχεύοντα,
οὐδὲ ἄορας καὶ λέβητας μόνον, ἀλλὰ τὰ τούτων ἔτι
ἀτοπώτερα· παρὰ μὲν Μιθαίκου ὄψον, παρὰ δὲ Σαράμβου
οἶνον, παρὰ δὲ Μιλησίου ἑταίραν, παρὰ δὲ
Κόννου ᾠδήν. Καὶ τί τούτων ἔσται μέτρον; τίς τῆς
ἐξ ἡδονῶν εὐδαιμονίας ὅρος; ποῖ στησόμεθα; τίνι δῶμεν
τὰ νικητήρια φέροντες; Τίς ὁ μακάριος ἀνὴρ οὗτος
καὶ ἄγρυπνος καὶ ἐπίπονος, ὃν οὐκ ἔλαθεν οὐδὲ
ἐξέφυγεν οὐδεμία ἡδονή, οὐ νύκτωρ, οὐ μεθ´ ἡμέραν,
ἀλλὰ ἀποτείνασα αὐτῷ ἡ ψυχὴ τὰς αἰσθήσεις πάσας,
καθάπερ ὁ θαλάττιος πολύπους τὰς πολλὰς κόμας, διὰ
τούτων πάντοθεν τὰς ἡδονὰς ἐπάξεται πάσας ὁμοῦ;
| [33,5] V. Voyez-vous quel tyran vous donnez à l'âme. Ce sont les Athéniens sous Critias
après le bannissement de Solon. C'est Lacédémone qui remplace Lycurgue par
Pausanias. Quant à moi qui attache mes affections à la liberté, j'ai besoin de loi, il me
faut de la raison. Ce sont ces gardiens qui maintiendront mon bonheur dans sa
rectitude, dans sa stabilité, dans sa sécurité, qui feront que je me suffirai à moi-même,
que je ne m'avilirai point, que je ne me prostituerai point à de honteuses fonctions
d'esclave, desquelles je ne recueillerais pour tout avantage important que la volupté, si
je mendiais auprès d'elles, non pas un morceau de pain, à l'exemple de cet infortuné
dont parle Homère, non pas même des épées ou des bassins, mais des choses
bien plus absurdes encore, des mets exquis auprès de Mittaecus, des vins excellents
auprès de Sarambus, une jeune maîtresse auprès de Connus, une chanson agréable
auprès de Milésias. Et où se comblera la mesure de toutes ces choses ? Quelle sera
la limite du bonheur produit par la volupté. Où nous arrêterons-nous ? A qui
donnerons-nous la palme ? Quel sera l'homme heureux ? Sera-ce celui qui veille et
travaille sans relâche pour ne demeurer étranger à aucune volupté ; celui de l'âme
duquel la volupté ne s'éloigne, ni la nuit, ni le jour ; celui dont l'âme met, si l'on peut
s'exprimer ainsi, tous les sens à l'affût, comme le polype de mer y met ses réseaux,
afin d'envelopper de toutes parts toutes les voluptés à la fois ?
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