[33,4] Τοῦτο γεννᾷ τὰς πλεονεξίας, τοῦτο ποιεῖ τὰς τυραννίδας·
οὐ γὰρ ἱκανὸν βασιλεῖ τῷ Περσῶν χωρίον
Πασαργάδαι, καὶ τὸ Κύρου κάρδαμον, ἀλλ´ ἡ Ἀσία ἅπασα
διέλαχεν χορηγεῖν ἡδοναῖς ἀνδρὸς ἑνός. Τρέφει μὲν
αὐτῷ Μηδία Νισαῖον ἵππον, πέμπει δὲ Ἰωνία παλλακίδας
Ἑλληνικάς, τρέφει δὲ Βαβυλὼν εὐνούχους
βαρβάρους, πέμπει δὲ Αἴγυπτος παντοδαπὰς τέχνας,
ἐλέφαντα Ἰνδοί, Ἄραβες εὐωδίαν· χορηγοῦσιν δὲ καὶ
οἱ ποταμοὶ ταῖς βασιλέως ἡδοναῖς, Πακτωλὸς χρυσόν,
Νεῖλος πυρόν, Χοάσπης ὕδωρ· τῷ δὲ οὐδὲ ταῦτα ἱκανά,
ἀλλ´ ἐπιθυμεῖ ξένης ἡδονῆς, καὶ διὰ τοῦτο ἐπὶ τὴν
Εὐρώπην ἔρχεται, διώκει Σκύθας, ἀνίστησιν Παίονας,
Ἐρετρίαν λαμβάνει, Μαραθῶνι ἐπιπλεῖ, καὶ πλανᾶται
πανταχοῦ. Ὢ τῆς πενίας δυστυχέστατος. Τί γὰρ ἂν
εἴη πενέστερον ἀνδρὸς ἐπιθυμοῦντος διηνεκῶς; ἐπειδὰν
γὰρ ἅπαξ ψυχὴ γεύσηται ἡδονῶν ὑπὲρ τὴν αὐτῆς
χρείαν, κόρος αὐτὴν τῶν πρότερον ἔχει, καὶ ἑτέρων
ἐρᾷ. Καὶ τὸ τοῦ Ταντάλου αἴνιγμα τοῦτο ἦν ἄρα,
δίψα διηνεκὴς ἀνδρὸς φιληδόνου, καὶ ἡδονῆς νάματα
προσιόντα καὶ ἀπιόντα αὖθις, καὶ παλίρροια ἐπιθυμιῶν,
καὶ λῦπαι πικραὶ ταύταις ἀνακεκραμέναι, καὶ
ταραχαί, καὶ φόβοι. Φοβερὸν μὲν γὰρ παροῦσα ἡδονὴ
μὴ ἀπέλθῃ, ἀνιαρὸν δὲ μὴ παροῦσα μὴ οὐκ ἔλθῃ·
ὥστε ἀνάγκη τὸν διώκοντα ἡδονὴν λυπούμενον μὲν
μὴ παύσασθαι, ἡδόμενον δὲ μὴ αἰσθάνεσθαι, ἀλλὰ
συγκεχυμένον ζῆν ἐν ἀσαφείᾳ πολλῇ.
| [33,4] IV. De là, l'avarice: de là, la tyrannie. Il ne suffit point au Roi de Perse d'avoir le
territoire de Pasargade pour apanage. Il ne se contente pas de cresson, comme
Cyrus. II faut que toute l'Asie soit mise à contribution pour fournir aux voluptés d'un
seul homme. La Médie lui envoie les chevaux de Nisa ; l'Ionie des courtisanes
Grecques ; Babylone des eunuques pris parmi les Barbares; l'Égypte les productions
des arts de tout genre ; l'Inde son ivoire ; l'Arabie ses parfums. Les fleuves eux-mêmes
paient leur tribut aux voluptés de ce Roi, le Pactole avec son or, le Nil avec son
froment, le Choaspe avec son cristal limpide. Tout cela ne lui suffit point encore. Des
voluptés d'un autre genre excitent sa cupidité ; et c'est pour la satisfaire qu'il passe en
Europe, qu'il tente une expédition contre les Scythes, qu'il extermine les Paeons, qu'il
s'empare d'Érétrie, qu'il vient débarquer à Marathon, et qu'il erre ainsi de tous les
côtés. O pauvreté la plus déplorable du monde ! Car le comble de la pauvreté n'est-il
pas dans des désirs qui n'ont point de terme. Du moment que l'âme goûte de la
volupté hors de la ligne des besoins, la satiété des premières voluptés arrive, et elle en
désire de nouvelles. Voilà, au vrai, le mot de l'énigme de Tantale. C'est une soif
continuelle chez l'homme avide de voluptés. Ce sont des flots de volupté qui se
présentent et qui disparaissent. C'est un flux et reflux de désirs, entremêlé de
douleurs, d'agitations et de craintes. Quand la volupté est là, on craint qu'elle ne
s'échappe. Quand on l'attend, on est tourmenté dans la pensée qu'elle ne viendra pas.
Il suit de là nécessairement que celui qui attache ses affections à la volupté, ne doit
jamais être sans perplexité ni sans angoisse, qu'il ne saurait la savourer au moment
même où il en jouit, et que sa vie n'est qu'un tourbillon d'anxiétés et de sollicitudes.
|