[31,3] Τίς ἂν οὖν καὶ γένοιτο ἡ σκέψις ἡμῖν; καὶ τίς ὁ
τῆς δοκιμασίας οὗτος τρόπος; Φέρε, εἴ τις ἐπεχείρει
τὸν βοῦν ὑπολύσας τῶν ἀρότρων, καὶ τὸν ἵππον τῶν
ἁρμάτων, ὑπαλλάξας ἑκατέρου τὴν ἐργασίαν, ὑπαγαγεῖν
τὸν μὲν βοῦν τῷ ἅρματι, τὸν δὲ ἵππον τῷ
ἀρότρῳ, ἆρ´ οὐκ ἂν ἦν πρὸς μὲν τὴν φύσιν παράνομος,
πρὸς δὲ τὰ ζῷα αὐτὰ ὑβριστής, πρὸς δὲ τὰς
τέχνας ἀμαθής, πρὸς δὲ τὴν χρείαν ἀκερδής, πρὸς δὲ
τὴν ὑπηρεσίαν καταγέλαστος; Τί δὲ τὰ τούτων ἔτι
ἀτοπώτερα; εἰ τῶν μὲν ὀρνίθων ἀφελὼν τὰ πτερά,
βαδιστικὰ ἐκ πτηνῶν εἶναί σοι θέλῃς, τὸν δὲ ἄνθρωπον
πτερώσας παραδῷς τῷ αἰθέρι φέρεσθαι δι´ αὐτοῦ,
ὄρνιθος δίκην, οὐκ ἔσῃ καταγέλαστος τῆς ἀλλαγῆς;
Ὁπότε μηδὲ ὁ μῦθος τὸν Δαίδαλον ἠνέσχετο ἀτόπους
οὕτω τέχνας πραγματευόμενον, ἀλλὰ ἀπέρριψεν αὐτῷ
τὸν παῖδα τοῦ αἰθέρος εἰς γῆν κάτω αὐτοῖς πτεροῖς.
Φασὶν δὲ καὶ Καρχηδόνιον νεανίαν ἀγρεῦσαι λέοντα
ἄρτι ἐκ γάλακτος, καὶ ἡμερῶσαι τοῦτον παρανόμῳ
τροφῇ, καὶ τὸν θυμὸν αὐτοῦ ἐξελεῖν διαίτῃ νόθῳ,
ὥστε ἐπιθεὶς αὐτῷ φορτίον ἤλαυνεν δι´ ἄστεος ὄνου
δίκην· ἀλλὰ ἀπέκτεινάν γε αὐτὸν Καρχηδόνιοι μισήσαντες
τῆς παρανομίας, ὡς τύραννον μὲν τῇ φύσει,
ἰδιώτην δὲ τῇ δυστυχίᾳ.
| [31,3] III. Qui donc nous servira de guide dans cette recherche ? Comment opérerons-nous
ce discernement? Le voici. Si quelqu'un entreprenait d'ôter un bœuf de sa
charrue, et un cheval de son char, et que changeant le rôle de l'un et de l'autre, on
attelât le bœuf au char, et le cheval à la charrue, ne serait-ce point renverser l'ordre de
la nature, faire un outrage à chacun de ces animaux, montrer qu'on ignore à quoi les
arts les appliquent l'un et l'autre, et les employer à un service aussi stérile que ridicule ?
Et si l'on faisait quelque chose encore plus dénué de bon sens. Si l'on ôtait aux
oiseaux leurs ailes, et qu'on voulût en faire des animaux pédestres ; si au contraire en
donnant des ailes à l'homme, on le mettait à même de prendre son essor vers les
régions éthérées, et de les fendre comme un oiseau, ne serait-ce pas la plus ridicule
des métamorphoses, puisque la mythologie elle-même n'a pas permis à Dédale
d'employer impunément un art aussi insensé, et qu'elle a précipité son fils, malgré ses
ailes, du haut des airs dans les flots ? On raconte qu'un jeune Carthaginois
prit à la chasse un lionceau à peine sevré, qu'il l'apprivoisa en le nourrissant avec
d'autres aliments que ceux qui lui étaient naturels, et que par ce moyen il fit disparaître
toute sa férocité, de manière qu'il le conduisait dans la ville chargé de fardeaux comme
une bête de somme. Mais les Carthaginois, indignés de ce renversement de
l'ordre de la nature, condamnèrent le jeune homme à la mort, sous prétexte que
quoique encore dans une condition privée, il décelait du penchant pour la tyrannie.
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