[31,4] Ὥσπερ οὖν τῷ ἵππων γένει συγκεκλήρωται πρὸς
σωτηρίαν δρόμος, καὶ τῷ βοῶν πόνοι, καὶ ὄρνισι πτερά,
καὶ λέουσιν ἀλκή, καὶ ἄλλοις ἄλλό τι, οὕτως ἀμέλει
καὶ ἀνθρώπῳ ὑπάρχει δύναμις ξυμφυὴς διασωστικὴ
τοῦ γένους· ταύτην δὲ ἑτέραν εἶναι δεῖ παρ´ ἕκαστον
τῶν ἄλλων, εἰ μέλλει ἄνθρωπος ὢν μὴ ὑπὸ ἀλκῆς
σωθήσεσθαι, ὥσπερ οἱ λέοντες, μηδὲ ὑπὸ δρόμου,
ὥσπερ οἱ ἵπποι, μηδὲ ἀχθοφορεῖν ὄνου δίκην, μηδὲ
ἀροῦν βοὸς δίκην, μηδὲ πέτασθαι κατὰ ὄρνιθας, μηδὲ
νήχεσθαι κατὰ ἰχθύας. Ἀλλ´ ἔστί τι καὶ τούτῳ ἔργον
ἴδιον, διαγνωστικὸν τοῦ βίου, εἰ ἐννενέμηται τὰ ζῷα
τὰς δυνάμεις, ἑκάστην ἕκαστον κατὰ τὴν χρείαν τοῦ
βίου, καὶ τὰ ἔργα κατὰ τὰς δυνάμεις, καὶ τὰ ὄργανα
κατὰ τὰ ἔργα καὶ τἀγαθά. Καί, ξυνελόντι εἰπεῖν, τὸ
ἑκάστου ἀγαθὸν ἐν τῷ ἐπιχωρίῳ τῶν ἔργων μένει, τὰ
δὲ ἔργα ἐν τῷ τῆς χρείας ἀναγκαίῳ, ἡ δὲ χρεία ἐν
τῷ τῆς δυνάμεως εὐπόρῳ, ἡ δὲ δύναμις ἐν τῷ τῶν
ὀργάνων εὐμηχάνῳ, τὰ δὲ ὄργανα ἐν τῷ τῆς φύσεως
ποικίλῳ. Παντοδαπὴ γὰρ ἡ φύσις, καὶ διὰ τοῦτο
περιέβαλεν καὶ διεκόσμησεν τὰ ζῷα ἕκαστα ἐπὶ σωτηρίᾳ
τοῦ βίου, ἄλλα ἄλλοις ὅπλοις· τὰ μὲν ὀνύχων ἀκμαῖς,
τὰ δὲ ὀδόντων ῥώμῃ, τὰ δὲ κεράτων ὀξύτητι, τὰ δὲ
ποδῶν τάχει, τὰ δὲ θυμῷ, τὰ δὲ ἰῷ· τὸν δὲ ἄνθρωπον
ἀποδύσασα τουτωνὶ τῶν περιβλημάτων, ἀπέφηνεν γυμνὸν
καὶ ἀσθενῆ καὶ ἄτριχον, καὶ ῥώμην ἀσθενῆ, καὶ
θεῖν βράδιστον, καὶ ἀνίπτασθαι ἀμήχανον, καὶ νήχειν
ἀμβλύτατον· ἐνέφυσεν δέ τι αὐτῷ ζώπυρον ἀφανὲς
πρὸς σωτηρίαν βίου, ὃ καλοῦσιν οἱ ἄνθρωποι νοῦν,
ᾧ διατελεῖ σωζόμενον, καὶ τὰς ἀπορίας ἐξιώμενον τοῦ
βίου, καὶ θεραπεῦον τὴν ἔνδειαν τῶν σωμάτων, καὶ
ἀντιτεχνώμενον ταῖς τῶν ἄλλων ζῴων πλεονεξίαις, καὶ
πάντων κρατοῦν καὶ ὑπάγον τῷ τοῦδε νόμῳ καὶ λόγῳ.
| [31,4] IV. De même donc que la nature a donné comme moyen de conservation et de
salut, au cheval la course, au bœuf le labour, à l'oiseau les ailes, au lion la force, et
aux autres animaux autre chose ; de même sans doute l'espèce humaine a reçu de la
nature une faculté salutaire et conservatrice. Mais cette faculté doit être différente de
chacune de celles des autres animaux, si l'homme ne doit trouver son salut et sa
conservation, ni dans la force comme les lions, ni dans la course comme les chevaux,
ni porter les fardeaux comme l'âne, ni labourer comme le bœuf, ni voler comme les
oiseaux, ni nager comme les poissons. Il est une fonction qui lui est propre et
particulière ; c'est de distinguer l'objet final de son existence. C'est cela même.
Les facultés ont été distribuées aux animaux chacune à chacun, selon l'usage auquel
ces facultés étaient destinées pour leur conservation. Ce qu'ils avaient à faire pour leur
conservation a été proportionné à leurs facultés, et les organes de ces facultés ont été
proportionnés aux fonctions qu'ils devaient remplir, et aux résultats conservateurs
qu'ils devaient produire. En un mot, le bien de chaque animal dépend des procédés
propres à l'espèce à laquelle il appartient : les procédés dépendent de la nécessité de
l'usage; l'usage dépend de la facilité attachée aux facultés, les facultés dépendent de
l'aptitude des organes, et les organes des variétés de la nature. Car la nature est très
variée, et de là vient, qu'elle a muni, qu'elle a pourvu les animaux de chaque espèce
pour défendre et conserver leur vie, les uns d'une sorte d'arme, les autres d'une autre.
Elle leur a donné tantôt des ongles crochus, tantôt des dents affilées, tantôt des
cornes robustes, tantôt de la vitesse, tantôt de l'intrépidité, tantôt du venin.
Elle n'a au contraire fourni à l'homme aucune de ces ressources. Elle l'a fait nu,
délicat, sans défense extérieure contre les impressions de l'air, dénué de vigueur, lent
à la course, incapable de voler, inhabile à la nage. Mais elle a infusé dans sa
substance pour veiller à sa conservation une invisible étincelle que l'homme appelle
intelligence, qui fait seule tout ce qu'il faut pour le conserver, qui pourvoit à tous ses
besoins, qui remédie à tous les maux qui l'atteignent ou qui le menacent, qui lui tient
lieu de tout ce que les autres animaux ont reçu pour la même fin, qui lui donne l'empire
sur tous les êtres qui l'environnent, qui les soumet tous aux résultats de sa raison et à
ses lois.
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