[31,2] Ἐπεὶ τοίνυν τὸ μὲν ἀγαθὸν οὐχ ἡδὺ πάντως, βέβαιον
δὲ πάντως, τὸ δὲ ἡδὺ οὐ πάντως ἀγαθόν, ἀβέβαιον
δὲ πάντως, λείπεται δυοῖν θάτερον, ἢ τὴν ἡδονὴν
διώκοντας ἀμελεῖν τἀγαθοῦ, ἢ τὸ ἀγαθὸν αἱρουμένους
μὴ διώκειν ἡδονήν. Οὐθὲν δὲ οἶμαι διωκτὸν
ὅ, τι μὴ ἀγαθόν· ἀλλ´ ἀγαθοῦ φαντασίᾳ, τὸ μὴ ἀγαθὸν
διώκεται ἐν χώρᾳ ἀγαθοῦ· καθάπερ ὑπὸ τῶν
χρηματιστῶν τὰ κίβδηλα τῶν νομισμάτων, οὐ διότι
κίβδηλα, αἱρετὰ ὄντα, ἀλλὰ τῇ πρὸς τὸ ἀληθὲς ὁμοιότητι
τὴν τοῦ κιβδήλου φύσιν ἐπικρυπτόμενα. Ἀλλ´
ἐνταῦθα μὲν οἱ ἀργυρογνώμονες τῇ τέχνῃ διεκρίναντο
τἀληθοῦς τὸ μὴ δόκιμον· ἐν δὲ τῇ τῶν ἀγαθῶν νομῇ
διακρίνει ὁ λόγος ἀπὸ τῶν ὄντων ἀγαθῶν τὰ φαινόμενα
μέν, οὐκ ὄντα δέ· ἀλλὰ λησόμεθα, ὥσπερ οἱ μοχθηροὶ
χρηματισταί, θησαυροὺς ταμιευόμενοι κιβδήλων ἀγαθῶν.
| [31,2] II. Puis donc que le bien n'est pas absolument inséparable de la volupté, mais qu'il
l'est de la stabilité, et que la volupté n'est point inséparable du bien, et qu'elle l'est de
l'instabilité, il faut de deux choses l'une, ou que ceux qui s'attachent à la volupté
négligent le bien, ou que ceux qui s'adonnent au bien, ne recherchent point la volupté.
Or, je ne pense pas que rien de ce qui n'est pas bien, mérite d'être recherché. Mais
sous des apparences extérieures de bien, ce qui n'est pas bien est recherché comme
tel ; de même qu'auprès de ceux qui manient de l'argent, on fait passer des pièces
fausses, non parce qu'elles sont fausses, mais parce qu'elles cachent leur fausseté
sous une extérieure ressemblance avec les pièces d'aloi. Or, en ce qui concerne les
espèces monétaires, les essayeurs ont un art à l'aide duquel ils distinguent les
mauvaises pièces des bonnes; et en ce qui concerne la dispensation des biens qui
nous sont appropriés, nous avons la raison qui nous sert à discerner entre les biens,
ceux qui n'en ont que la trompeuse apparence. Néanmoins, semblables à ces
caissiers qui manient les espèces sans nulle notion de ce qui en constitue le bon aloi,
nous ne nous apercevons point que nous ne grossissons notre trésor que de faux
biens.
|