[30,3] Ἐπεὶ δὲ ὁ λόγος οὐκ οἶδ´ ὅπως εἰκόνος θαλαττίας
ἐπελάβετο, μὴ ἀφῶμεν αὐτὸν ἀπελθεῖν ἡμῖν, πρὶν ἐξεργάσηται
σαφῶς τὴν γραφήν, εἰκάζων τὴν Ἐπικούρου
φιλοσοφίαν βασιλικῇ ὁλκάδι Ἀσιήτου βασιλέως. Λέγω
δὲ οὐ μῦθον πλάττων, ἀλλὰ οὐ πολὺς χρόνος, ὅτε ἐξ
Αἰγύπτου ἐς Τροίαν ἔπλει βασιλεὺς τῶν ὑπὲρ Φοινίκης
βαρβάρων, ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν,
οἳ οὐκ ἴσασιν θάλατταν,
οὐδὲ
ἀλέγουσιν τοῦ Αἰγιόχου Διὸς
οὐδὲ θεῶν μακάρων.
Παρεσκευάσατο δὴ μέλλων πλεῖν ὁ ἄθεος οὗτος καὶ
ἀθάλαττος βασιλεὺς μεγάλην καὶ εὐρύχωρον ναῦν, ἵνα
αὐτῷ πᾶσαι αἱ ἡδοναὶ συμπλέωσιν· τὸ μὲν γὰρ αὐτῆς
βασίλεια ἦν, οἷα κάλλισται παστάδες, καὶ εὐναί, καὶ δρόμοι·
ἔκτοσθεν δ´ αὐλῆς μέγας ὄρχατος ἄγχι θυράων
τετραμμένος,
καὶ δένδρα ἐπεφύκεσαν, ῥοιαί, καὶ ὄγχναι, καὶ μηλέαι,
καὶ ἄμπελοι· τὸ δὲ αὐτῆς λουτρὸν ἦν, καὶ γυμνάσιον·
τὸ δὲ ὀψοποιοῖς χώρα· τὸ δέ, θάλαμοι παλλακίσιν· τὸ
δέ, συμπόσιον· τὸ δέ, ἄλλό τι μέρος τρυφώσης πόλεως.
Περιεβέβλητο δὲ ἡ ναῦς πολλὰς μὲν χρόας ἡδίστας
ἰδεῖν, πολὺν δὲ χρυσὸν καὶ ἄργυρον· καὶ διέφερεν
οὐδὲν ἀνδρὸς δειλοῦ κεκοσμημένου ὅπλοις χρυσοῖς.
Ἐθαύμαζον οἷον τὸ θέαμα οἱ Αἰγύπτιοι, καὶ τὸν ἐπιβάτην
ἐμακάριζον, καί που τὶς εὔξατο ναύτης γενέσθαι
ἡδίστης νεώς. Ἐπεὶ δὲ ὥρα ἀνάγεσθαι ἦν, ἐξέπλει
μὲν ἡ μεγάλη αὕτη ναῦς καὶ πολυτελής, καὶ ἀπεσάλευεν
τῶν λιμένων, καθάπερ νῆσος πλωτή. Ἐξέπλεον
δὲ καὶ αἱ ἄλλαι ὁλκάδες αἱ δημοτικαί, εὔζωνοι καὶ
πρὸς τὴν χρείαν παρεσκευασμέναι. Μέχρι μὲν ἦν τὸ
πνεῦμα πρᾶον, ἐκράτει ταῖς ἡδοναῖς ἡ βασιλικὴ ναῦς,
καὶ κνίσης ἦν πάντα μεστά,
αὐλῶν, συρίγγων τὲ ἐνοπῆς, ὁμάδου τὲ ἀνθρώπων.
Ἐπεὶ δὲ ἐξ αἰθρίας ἄφνω χειμὼν ἐπετάραξεν τὸν αἰθέρα,
καὶ πνεῦμα κάτεισι λάβρον σὺν πολλῷ πατάγῳ,
ἔγνωσαν τότε, τίς μὲν ἡδονῆς χρεία, τίς δὲ τέχνης. Αἱ
μὲν γὰρ ἄλλαι ὁλκάδες ξυνενεικάμεναι τὰ ἱστία πρὸς
τὸν κλύδωνα ἡμιλλῶντο, καὶ τὸ πνεῦμα ἔφερον, καὶ
τὴν ἐμβολὴν τοῦ κακοῦ ἀπεμάχοντο· ἡ δὲ κακοδαίμων
ἐκείνη ναῦς περιεφέρετο, καθάπερ ἀνδρὸς σῶμα μέγα,
καρηβαροῦν, καὶ ὑπὸ μέθης σφαλλόμενον· καὶ οὔτε ὁ
κυβερνήτης ὅ, τι χρήσαιτο τῇ τέχνῃ εἶχεν, ὅ, τε ἁβρὸς
ἐκεῖνος ὄχλος ἔκειτο ἐκπλαγὴς καὶ στένων· κατήριπεν
δὲ ὁ χειμὼν τὰ θαυμαστὰ ἐκεῖνα πάντα,
πολλὰ δ´ ὅ γε προθέλυμνα χαμαὶ βάλε δούρατα μακρά·
διελύετο δὲ καὶ ἡ βασιλεία, καὶ οἱ θάλαμοι, καὶ τὰ
λουτρά, καὶ ἐξέπιπτεν εἰς γῆν πόλεως ναυάγια·
οἱ δὲ κορώνῃσιν ἴκελοι περὶ νῆα μέλαιναν
κύμασιν ἐπιφορέοντο.
Τοῦτο τέλος ἀνοήτου ἐπιβάτον, καὶ ἀχρήστου νεώς,
καὶ ἀκαίρου τρυφῆς.
Ἐπανάγωμεν δὲ αὖθις ἐπὶ τὸν λόγον, ὡς τὴν εἰκόνα ταύτην παρελάβομεν.
| [30,3] III. Puisque nos idées ont pris, sans savoir comment, la tournure d'une allégorie
maritime, ne nous en départons point, avant qu'elle ait achevé de nous montrer notre
sujet dans toute sa vérité, en assimilant la philosophie d'Épicure au vaisseau du Roi
Aëte. Ce n'est point une fable que je vais raconter. Il n'y a pas longtemps que fut
entrepris par mer le trajet de l'Égypte dans la Troade, par un Roi d'une de ces nations
barbares qui habitent au-dessus de la Phénicie, peuples qui n'ont aucune
connaissance en navigation, qui ne rendent aucun culte ni à Jupiter, ni aux autres
Dieux. Décidé à s'embarquer, ce Prince impie, qui n'avait jamais navigué, se fit
construire un grand vaisseau assez vaste pour y réunir tout l'attirail de ses
jouissances. Dans une partie de ce vaisseau s'élevait un des plus beaux palais, orné
de l'ameublement le plus riche. De ce palais on sortait dans un grand jardin, où
étaient plantés, des pruniers, des poiriers, des pommiers, et des vignes. Dans une
autre partie du vaisseau étaient les bains et le gymnase. Ailleurs étaient le laboratoire
des aliments, et le logement des individus attachés à ce service. D'un autre côté
étaient les petits appartements et les boudoirs des courtisanes. Plus loin les salles à
manger, et tous les accessoires de la mollesse nécessaires aux habitants d'une ville
adonnée au luxe. L'extérieur du vaisseau était plaqué d'or et d'argent, et émaillé des
couleurs les plus variées. Ce vaisseau ressemblait parfaitement à un homme sans
courage, auquel on aurait mis des armes d'or à la main. Les Égyptiens admiraient la
beauté de ce spectacle. Ils convoitaient le bonheur de celui qui devait monter ce
vaisseau. Chacun d'eux aurait désiré d'en être le pilote. Enfin le moment du départ
arrive. Cet immense, ce magnifique vaisseau s'ébranle. Il quitte le port. On eût dit
d'une ville flottante. Avec lui se mirent en marche les autres vaisseaux de
transport construits et disposés à l'ordinaire pour le service auquel ils sont appropriés.
Pendant que les vents furent favorables, les plaisirs régnèrent sur le vaisseau du Roi.
Les parfums s'en exhalèrent de tous les côtés. "Autour de lui retentissaient les
sons des flûtes et des hautbois, ainsi que les chants d'allégresse des navigateurs".
Mais aussitôt qu'une rapide tempête eut pris dans les airs la place de la sérénité, et
que les vents, pères des naufrages, se déchaînèrent avec beaucoup d'impétuosité, on
reconnut alors à quoi servent les raffinements de la volupté, et quelle est l'utilité de la
navigation. Tous les autres vaisseaux calèrent leurs voiles, luttèrent contre la tempête,
soutinrent la fureur des vents, et échappèrent à tous les dangers. Tandis que le
malheureux vaisseau du Roi fut ballotté dans les flots, comme l'est un homme d'une
grande taille, à qui le vin a fait perdre la tête, et qui dans son allure se jette tantôt d'un
côté, tantôt d'un autre. Le pilote ne trouva dans son art aucun moyen qu'il pût mettre
en oeuvre. La consternation et l'effroi se répandirent dans la foule des personnages
perdus de luxe et de mollesse qui l'environnaient. La tempête mit en pièces tonte cette
pompe, toute cette magnificence. « Elle couvrit les rivages de leurs immenses débris».
Le palais, les ameublements, les bains, tout fut fracassé. On eût cru voir à la
côte les ruines d'une ville entière ; « tandis que les infortunées victimes de ce naufrage
flottaient au gré des vagues ; semblables à ces oiseaux de mer qui se font un jeu de
se balancer ainsi sur les flots». Telle fut la catastrophe de ce Prince destitué de
bon sens. C'est ainsi que périt ce vaisseau qui n'était pas susceptible de naviguer. Tel
fut le résultat d'un luxe hors de saison. Mais revenons au fond du sujet qui nous
a donné occasion d'emprunter cette allégorie.
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