[29,6] Τοῦτο τὸ πάθος ταράττει τὴν γῆν καὶ τὴν θάλατταν,
τοῦτο ἀθροίζει τὰς ἐκκλησίας, τοῦτο συνάγει
τὰ δικαστήρια, τοῦτο πληροῖ τὰ δεσμωτήρια, τοῦτο
πήγνυσιν ναῦν, τοῦτο τριήρεις καθέλκει, τοῦτο πολέμους
συντάττει, τοῦτο ἀνεβίβασεν ἐπὶ ἵππους ἱππέας,
ἐπὶ ἅρματα ἡνιόχους, ἐπὶ ἀκρόπολιν τυράννους. Διὰ
τοῦτο ξεναγοί, διὰ τοῦτο μισθοφόροι,
ἄνδρας μὲν κτείνουσι, πόλιν δέ τε πῦρ ἀμαθύνει,
τέκνα δέ τ´ ἄλλοι ἄγουσι βαθυζώνους τὲ γυναῖκας.
Καὶ ἄλλων μυρίων κακῶν ἀνέχονται οἱ ἄνθρωποι δι´
οὐδὲν ἄλλο, ἢ δι´ ἐλπίδα ἀγαθοῦ καὶ ἄγνοιαν. Ἐνέφυσεν
γάρ τι ὁ θεὸς ζώπυρον τῷ τῶν ἀνθρώπων
γένει τῆς προσδοκίας τοῦ ἀγαθοῦ, ἀπέκρυψεν δὲ αὐτοῦ
τὴν εὕρεσιν·
ῥίζῃ μὲν μέλαν ἔσκε, γάλακτι δὲ εἴκελον ἄνθος·
οὐ γὰρ ἐξαπατήσει με Ὅμηρος τῷ ὀνόματι. Ὁρῶ τὸ
μῶλυ, καὶ συνίημι τοῦ αἰνίγματος, καὶ σαφῶς οἶδα,
ὡς χαλεπὸν εὑρεῖν τὸ χρῆμα τοῦτο
ἀνδράσι γε θνητοῖσι· θεοὶ δέ τε πάντα ἴσασιν.
| [29,6] Telle est l'espèce de maladie qui travaille la terre et la mer. C’est
elle qui appelé les Citoyens à leurs assemblées politiques : c'est
elle qui institue les tribunaux : c'est elle qui encombre les prisons et
c'est elle qui construit des vaisseaux : c'est elle qui fait voguer les
galères : c'est elle qui met les armées en campagne : c'est elle qui fait
monter la cavalerie sur ses chevaux, les cochers sur leurs chars, les
tyrans dans les citadelles : c'est pour elle que les Généraux et les
troupes mercenaires s'abandonnent au massacre et à l'incendie : c'est
pour elle que d'autres font des enfants, et que d'autres se marient :
ce n'est pour nulle autre chose que pour l'espérance de ce bonheur dont
ils ignorent les vrais éléments, que les hommes supportent une infinité
d'autres maux. Dieu a planté dans le cœur de l'homme le désir du bonheur
comme un germe de feu; mais il le lui a rendu difficile à trouver. « Sa
racine est noire, et sa fleur blanche comme le lait ». Car Homère ne
m'en imposera point avec l'obscurité de son mot. Je connais son moly : je
pénètre son énigme; et je vois clairement ce qu'est cette chose, « que les
mortels ont tant de peine à trouver, et dont les Dieux possèdent toute la
science ».
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