[29,7] Νῦν δὲ τοῖς ἀνθρώποις περὶ μὲν ἀτόπου λέβητος
ὁ Ἀπόλλων λέγει ἑψομένου ἐν Λυδοῖς, καὶ τὸ ξύλινον
τεῖχος λέγει, καὶ τὸ στένυγρον ἰσθμόν, καὶ
σεισμὸν μέλλοντα, καὶ ἐπιόντα πόλεμον, καὶ κατιόντα
λοιμόν· τὸν δὲ τούτων πρεσβύτερον χρησμὸν οὐ λέγει,
ὅπως πόλεμος μὴ γένηται, πῶς τείχους μὴ δεηθῶ, πῶς
λοιμὸν μὴ φοβηθῶ. Ἀλλ´ ὁ μὲν Ἀπόλλων ταῦτα ἐκ
Δελφῶν οὐ λέγει, οὐδὲ ὁ Ζεὺς ἐκ Δωδώνης λέγει,
οὐδὲ ἐξ ἄλλης γῆς ἄλλος θεός· φιλοσοφία δὲ λέγει.
Ὢ χρησμοῦ καλοῦ, καὶ μαντικῆς πολυωφελεστάτης·
πείσομαι τῇ χρησμῳδίᾳ, ἐὰν ὡμολογημένην ταύτην ἴδω.
Ἀστασίαστόν μοι χρησμὸν λέγε· τοιαύτης δέομαι μαντικῆς,
ᾗ πεισθεὶς βιώσομαι ἀσφαλῶς. Ποῖ πέμπεις τὸ
τῶν ἀνθρώπων γένος; τίνας ὁδούς; ἐπὶ ποῖον τέλος;
ἓν τοῦτο ἔστω, κοινὸν ἔστω. Νῦν δὲ καὶ φιλοσοφίας
ὁρῶ πολλὰς ἀποικίας, ἄλλον ἀλλαχοῦ στελλόμενον· ὡς
ἐπὶ Βοιωτίαν Κάδμον, ὡς Ἀρχίαν ἐπὶ Συρακούσας,
ὡς Φίλανθον ἐπὶ Τάραντα, ὡς Νηρέα ἐπὶ Μίλητον,
ὡς Τληπόλεμον ἐπὶ Ῥόδον. Ἢ τὴν μὲν γῆν ἀνάγκη
νενεμῆσθαι τοῖς τόποις, καὶ οἰκεῖν ταύτης ἄλλους ἄλλην
μοῖραν· τὸ δὲ ἀγαθὸν ἕν, ἀνέμητον, ἄφθονον, ἀνενδεές,
πολυαρκὲς πάσῃ φύσει λογιστικῇ καὶ διανοητικῇ· ὡς
ἥλιος εἷς ἀγαθὸν ἓν φύσεως ὁρατικῆς, καὶ μουσικὴ
μία ἀγαθὸν ἓν φύσεως ἀκουστικῆς, καὶ ὑγίεις μία
φύσεως σαρκίνης. Ἀλλὰ τοῖς μὲν ἄλλοις ζῴοις κατ´
ἀγέλην ἑκάστην ἀποκέκριται πρὸς σωτηρίαν ἀγαθὸν
ἕν, καὶ κοινωνεῖ ἴσου βίου καὶ τέλους ἑνὸς τὰ ὅμοια
τοῖς ὁμοίοις, ἕκαστα ἑκάστοις, τὰ πετόμενα, τὰ βαδίζοντα,
τὰ ἕρποντα, τὰ τὴν ὑγρὰν δίαιταν ἀσπαζόμενα,
τὰ σαρκοφάγα, τὰ ποιηφάγα, τὰ καρποφάγα, τὰ ἀγελαστικά,
τὰ ἥμερα, τὰ ἄγρια, τὰ εὔκερω, τὰ ἄκερω·
κἂν μεταθῇς τοὺς βίους, παρανομεῖς περὶ τὴν φύσιν.
Τὴν δὲ τῶν ἀνθρώπων ἀγέλην, τὴν σύννομον, τὴν
ἡμερωτάτην, τὴν κοινωνικοτάτην, τὴν λογικωτάτην,
κινδυνεύει διαλύειν καὶ διασπᾶν οὐκ ἐπιθυμία δημώδης
μόνον, οὐδὲ ὀρέξεις ἄλογοι, οὐδὲ ἔρωτες κενοί,
ἀλλὰ καὶ τὸ βεβαιότατον τῶν ὄντων φιλοσοφία· πολλοὺς
καὶ αὕτη δήμους ποιεῖ καὶ νομοθέτας μυρίους,
διασπᾷ καὶ διασκίδνησιν τὴν ἀγέλην, καὶ πέμπει ἄλλον
ἀλλαχοῦ, Πυθαγόραν μὲν ἐπὶ μουσικήν, Θαλῆ δὲ ἐπὶ
ἀστρονομίαν, Ἡράκλειτον δὲ ἐπὶ ἐρημίαν, Σωκράτην
δὲ ἐπὶ ἔρωτας, Καρνεάδην δὲ ἐπὶ ἁγνείαν, Διογένην
ἐπὶ πόνους, Ἐπίκουρον ἐφ´ ἡδονήν. Ὁρᾷς τὸ πλῆθος
τῶν ἡγεμόνων· ὁρᾷς τὸ πλῆθος τῶν συνθημάτων. Ποῖ
τις τράπηται; ποῖον αὐτῶν καταδέξωμαι; τίνι πεισθῶ
τῶν παραγγελμάτων;
| [29,7] Cependant Apollon nous parle dans ses oracles, tantôt d'une misérable
marmite qui bout en Lydie, tantôt d'un rempart de bois, tantôt d'un
isthme extrêmement resserré, tantôt d'un tremblement de terre qui vient,
tantôt d'une guerre qui se prépare, tantôt d'une famine prochaine. Mais il
ne nous dit rien de cette question bien plus ancienne que toutes les
autres, et bien plus digne de devenir la matière d'un oracle, quel est le
moyen d'empêcher que les hommes ne se fassent la guerre, qu'ils n'aient
besoin de remparts, qu'ils n'aient la famine à craindre. Certes, nous
n'apprendrons cela ni de l'Apollon de Delphes, ni du Jupiter de Dodone, ni
du Dieu de toute autre contrée. Mais la philosophie nous l'enseignera. O
le bel oracle ! ô la divination, source des plus salutaires résultats ! Je
croirai à ce qui sortira de ta bouche, si j'y vois de la concordance.
Dis-moi des choses qui ne soient point susceptibles de controverse. J'ai
besoin d'une prédiction sur la foi de laquelle je vive en pleine sécurité.
Quelle destination assignes-tu à l'espèce humaine ? Quelle route lui
traces-tu ? Vers quel but la diriges-tu ? Qu'il soit unique pour tous, et
commun à tous. Néanmoins je vois aujourd'hui plusieurs colonies de
philosophes, dont les unes vont d'un côté, et les autres de l'autre, ainsi
qu'on vit autrefois Cadmus aller en Béotie, Archias à Syracuse,
Phalanthe à Tarente, Nélée à Milet, Tlépolème à Rhodes. Sans
doute, il est nécessaire que la terre soit morcelée, et que, tandis qu'une
partie est habitée par certain peuple, une autre partie soit habitée par
un autre peuple. Mais le bien est un, indivisible ; rien ne lui manque ;
il n'a besoin de rien ; il a tout ce qu'il faut pour suffire à un être
raisonnable et intelligent, de même qu'un seul soleil est l'unique bien
dans la nature visible, qu'une seule musique est l'unique bien dans les
choses qui sont du ressort de l'ouïe, et qu'une seule santé est l'unique
bien dans les choses qui appartiennent à la vie. Or, il a été assigné à
tous les animaux, à chacun dans son espèce, un bien unique pour leur
conservation. Tous ceux qui se ressemblent, ont une même manière de vivre,
une même fin, les volatiles, les quadrupèdes, les reptiles, les
aquatiques, ceux qui se nourrissent de chair, ceux qui vivent de fourrage,
ceux qui mangent des fruits, ceux qui se réunissent en troupeau, ceux qui
s'apprivoisent, ceux qui ne s'apprivoisent pas, ceux qui ont des cornes,
et ceux qui ne sont pas cornus. Les faire changer de genre de vie, ce
serait renverser l'ordre de la Nature. Et l'espèce humaine, la plus
sociable, la plus douce de toutes les espèces, celle qui aime le plus ses
semblables, et qui a le plus de Raison, court risque d'être poussée à des
affections contraires, non seulement par des désirs grossiers, par des
appétits désordonnés, par des passions frivoles, mais encore par la
philosophie, la plus stable de sa nature, de toutes les choses du monde,
mais qui ne laisse pas d'admettre diversité de sectes, et de chefs, qui
sépare, qui disperse le troupeau, et dirige les uns d'un côté et les
autres de, l'autre : Pythagore vers la musique, Thalès vers l'astronomie,
Héraclite vers la solitude, Socrate vers l'amour, Carnéade vers
l'ignorance, Diogène vers le travail, Epicure vers la volupté.
Voyez-vous combien de chefs ! Voyez-vous combien de systèmes ! Du côté
duquel se tourner? Lequel admettre? Auquel croire? Auquel s'attacher ?
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