[29,4] Ἦλθεν εἰς Βαβυλῶνα ἀνὴρ Ἴων παρὰ τὸν μέγαν
βασιλέα, τέχνην τινὰ ἐπιδεικνύμενος διαφέρουσαν εὐμηχανίᾳ.
Ἁμάξας στέατος ποιούμενος μικρὰς στρογγύλας,
κατὰ βελόνης ὀρθίου πόρρωθεν ἀφιείς, τῆς
βελόνης ἄκρας ἐτύγχανεν, καὶ ᾤετο δήπου μέγα εἶναι
αὐτῷ ἀγαθὸν τὴν εὐστοχίαν τῆς βελόνης, οὐχ ἧττον ἢ
ὁ Ἀχιλλεὺς τὴν τῆς μελίας τῆς ἐκ τοῦ Πηλίου.
Καὶ ἐν Λιβύῃ ἀνὴρ Λίβυς, Ψάφων ὄνομα, ἐραστὴς εὐδαιμονίας
οὐ ταπεινῆς, μὰ Δία, οὐδὲ τῆς περιθεούσης
ταύτης, ἀλλὰ ἤθελεν γὰρ θεὸς εἶναι δοκεῖν· ξυλλαβὼν
οὖν τῶν ᾠδικῶν ὀρνίθων πολλούς, ἐδίδασκεν ᾄδειν
τοὺς ὄρνιθας· ’Μέγας θεὸς Ψάφων·‘ καὶ ἠφίει αὖθις
ἐπὶ τὰ ὄρη. Οἱ δὲ οἱ αὐτοί τε ᾖδον, καὶ οἱ ἄλλοι
ὄρνιθες ἐθιζόμενοι τῇ φωνῇ. Λίβυες δὲ θείαν νομίσαντες
εἶναι τὴν φήμην, ἔθυον Ψάφωνι, καὶ ἦν αὐτοῖς
θεὸς ὑπὸ ὀρνίθων κεχειροτονημένος·
οὐδὲν οἶμαι τοῦ Περσικοῦ φαυλότερος, ὃν οὐ πρότερον
προσεκύνησαν Πέρσαι, πρὶν αὐτὸν ἐχειροτόνησεν
ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ὑβριστὴς ἵππος.
| [29,4] Un Ionien vint à Babylone se présenter au grand Roi, et lui montrer un
tour d'une adresse extraordinaire. Cet Ionien faisait de petites balles
rondes d'une espèce de pâte à gâteau. Il plantait une aiguille, la
pointe en haut ; et de loin, il jetait ses balles sur la pointe de
l'aiguille avec une telle justesse, qu'il ne la manquait jamais. Cet
homme, avec ses boulettes et son aiguille, se figurait, sans doute, être
un aussi grand personnage qu'Achille avec ses flèches du mont Pélion.
Dans la Lybie, un Lybien nommé Psaphon, ambitionna un genre de bonheur qui n’était, certes, ni médiocre, ni vulgaire. Il voulut passer pour un Dieu.
Il ramassa plusieurs oiseaux de l'espèce de ceux qui parlent en chantant.
Il les instruisit à articuler ces mots, "le grand Dieu Psaphon". Il
les laissa ensuite s'envoler dans les montagnes. Ces oiseaux y répétèrent
ce qu'on leur avait enseigné; et les autres oiseaux de la même espèce
l'apprirent et le répétèrent avec eux. Les Lybiens ne doutèrent point que
ces oiseaux ne fussent inspirés par les Dieux. Ils offrirent des
sacrifices à Psaphon, et ils le proclamèrent leur Dieu, sur la foi de ce
présage. Ce Lybien, à mon avis, ne fut pas moins adroit que ce
Darius, dont les Perses ne voulurent point pour leur Roi, jusqu'à ce que
la couronne lui eût été déférée par le hennissement d'un cheval en rut.
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