[26,9] Ἄρχοντες αὐτουργοί, προβουλευόμενοι·
ἀριστεῖς ἀγαθοί, προπολεμοῦντες· γυνὴ σώφρων, ἀντιταττομένη ὑβρισταῖς νεανίαις· βασιλεὺς δίκαιος, ξενοδοχῶν ἀλήτην ξένον·
ἀνὴρ σώφρων, παντοίαις συμφοραῖς ἀντιτεχνώμενος.
Δείξω δέ σοι καὶ πολιτείας ἄλλας ἀντιτεταγμένας·
δημιουργεῖ δὲ αὐτὰς Ὅμηρος μὲν λόγῳ, Ἥφαιστος δὲ χρυσῷ·
- - - ἐν τῇ μέν ῥα γάμοι τὲ
καὶ ᾠδή, καὶ χοροί, καὶ δικάζοντες βασιλεῖς, καὶ ἑπόμενοι λαοί·
τὴν δ´ ἑτέρην πόλιν ἀμφὶ δύο στρατοὶ εἵατο λαῶν.
Κἂν ἀπιστῇς τῷ πράγματι, οὐκ ἀπορήσεις λόγων ἀληθεστέρων.
Αὗται σοι νησιωτικαὶ πόλεις, ἡ μὲν Φαιάκων,
ἡ δὲ Ἰθακησίων· τῶν μὲν ἄρχει αἰδώς, τῶν δὲ
ὕβρις· τῶν μὲν βασιλεῖς ἔννομοι, τῶν δὲ ἄδικοι μνηστῆρες·
οἱ μὲν τὸν βασιλέα
ἐρχόμενον - - - θεὸν ὣς εἰσορόωσιν,
οἱ δὲ τοῦ βασιλέως ἐπιβουλεύουσιν τῷ γάμῳ· τέλος
δὲ ἑκατέροις, τοῖς μὲν εὐφροσύνη διηνεκής, καὶ βίος
ἄλυπος, καὶ ὑποδοχὴ ξένων, καὶ θαλάττης στόλοι, καὶ
γῆς καρποί· τοῖς δὲ ἑτέροις ὄλεθρος ἁθρόος ἐν αὐταῖς
ταῖς ἡδοναῖς. Τοῦτο τέλος μοχθηρίας ὑβριζούσης,
τοῦτο τέλος ἀνεπιτιμήτου ἐξουσίας. Αὐτόν γε μὴν
τὸν Ὀδυσσέα οὐχ ὁρᾷς, ὡς παντοίαις συμφοραῖς ἀντιτεχνώμενον
ἀρετὴ σώζει καὶ τὸ δι´ ἐκείνην θάρσος;
Τοῦτο αὐτῷ τὸ ἐν Κίρκης μῶλυ, τοῦτο τὸ ἐν θαλάττῃ
κρήδεμνον· τοῦτο τῶν Πολυφήμου χειρῶν τὸν ἄνδρα
ἐξάγει, τοῦτο ἐξ Αἵδου ἀνάγει, τοῦτο πήγνυσιν σχεδίαν,
τοῦτο πείθει Ἀλκίνουν, τοῦτο ἀνέχεται βαλλόντων
μνηστήρων, Ἴρου παλαίοντος, Μελανθίου ὑβρίζοντος,
τοῦτο ἐλευθεροῖ τὴν ἑστίαν, τοῦτο τιμωρεῖται γάμῳ,
τοῦτο ἄνδρα ποιεῖ διογενῆ καὶ θεοῖς εἴκελον, οἷον
ἀξιοῖ Πλάτων εἶναι τὸν εὐδαίμονα.
| [26,9] IX. Je veux dire cette forme de corps politique, qui n'a point été conçue
dans le Pirée, qui n'est point l'œuvre d'un Législateur Crétois, mais
dont un génie philosophe a voulu nous présenter le modèle, sous une
allégorie de personnages et d'événements héroïques. Ce sont des Magistrats
qui gouvernent par eux-mêmes, qui délibèrent avant que d'agir. Ce sont des
chefs intrépides qui combattent dans les premières lignes. C'est une femme
pleine de chasteté mise en contraste avec des jeunes libertins. C’est un Roi
juste qui donne l'hospitalité à un étranger sans asile. C'est un homme
plein de prudence qui échappe à des malheurs de tout genre. Vous y verrez
d'autres politiques en regard l'une de l'autre. Homère les a décrites dans
son poème : Vulcain les a empreintes sur de l'or. Dans l'une, sont
des mariages, des chants, des danses, des Rois qui rendent la justice, des
Citoyens qui accourent en foule. Autour de l'autre Cité, campent deux
armées : si vous n'attachez pas une grande importance à ces fictions,
vous ne manquerez point de détails plus voisins de la vérité. Telles sont
les Cités des îles des Phéaciens et d'Ithaque. Dans les unes vous
trouverez du respect pour les mœurs, dans les autres, de la licence. Dans
les unes, des Rois amis des lois et de la justice ; dans les autres, les
galants d'une femme qui se livrent à tous les excès. Les uns qui
accueillent comme un Dieu leur Roi qui arrive, les autres qui
méditent de souiller le lit conjugal de leur Roi. Aussi, chez les uns,
voit-on une allégresse continuelle, une vie exempte de maux, l'hospitalité
en honneur, des flottes sur mer, des campagnes fécondes ; et chez les
autres, la ruine et la destruction, au milieu même des voluptés. Telle est
la fin de la perversité et de la dépravation. Tel est le résultat d'une
licence effrénée. Ne voyez-vous point comment Ulysse, assailli par des
malheurs de tout genre, se sauve, à l'aide de la vertu et de la confiance
qu'elle inspire? Elle est pour lui le moly dans le palais de Circé.
Elle est le ruban de tête de Leucothoë qui l'amène au rivage. C'est elle
qui le dérobe des mains de Polyphème, qui le ramène des Enfers :
c'est elle qui lui construit un vaisseau : c'est elle qui persuade
Alcinoüs : c'est elle qui lui fait supporter les agressions des libertins
attachés à séduire sa femme ; c'est elle qui lui fait vaincre Irus,
repousser les outrages de Melanthius: c'est elle qui chasse de son palais
les séducteurs de Pénélope : c'est elle qui venge son honneur conjugal :
c'est elle qui en fait un enfant des Dieux, qui le rend semblable aux
Dieux, ou à l'homme heureux dont Platon a tracé l'image.
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