[34,4] Ἀρετὴ ψυχῆς καὶ μοχθηρία, αὗται πηγαὶ τῶν Διὸς
πίθων· ὧν ἡ μὲν μοχθηρία λάβρον καὶ ἔμπληκτον
ὀχετὸν ἐξιεῖσα συγχεῖ τὸν βίον καὶ ταράττει, καθάπερ
ἐμβολὴ χειμερίου νάματος ἐπὶ λήϊα καὶ φυτουργίας
ὁρμηθεῖσα, ἐχθρὰ μὲν γεωργοῖς, ἐχθρὰ δὲ καὶ ποιμέσιν,
ἐχθρὰ καὶ ὁδοιπόροις, ἄκαρπος, ἄγονος, ἀνόνητος,
ἐπισφαλής· αἱ δὲ ἀρετῆς πηγαί, ὅτῳ ἂν ἐν ψυχῇ
διαφανῶσιν, πάντα τούτῳ ποιοῦσιν τὸν βίον ἔγκαρπον
καὶ ἀρόσιμον καὶ τελεσφόρον. Ἀλλὰ ἱδρῶτος δεῖ τῷ
γεωργῷ, καὶ πόνου δεῖ, καὶ ταλαιπωρίας δεῖ. Οὐδὲ
γὰρ ὁ Αἰγύπτιος τῷ Νείλῳ θαρρεῖ μόνῳ, οὐδὲ παραδίδωσιν
αὐτῷ τὰ σπέρματα, πρὶν ἢ τἀρότρῳ ζεύξῃ
βοῦν, πρὶν τέμῃ αὔλακα, πρὶν πονήσῃ μακρά· καὶ μετὰ
τοῦτο ἤδη καλεῖ τὸν ποταμὸν ἐπὶ τὰ αὑτοῦ ἔργα.
Αὕτη μῖξις ποταμοῦ πρὸς γεωργίαν, καὶ ἐλπίδων πρὸς
πόνους, καὶ καρπῶν πρὸς ταλαιπωρίαν· οὕτως ἀγαθοῖς
κακὰ κεραννυτέον. Εἰ βούλει, ἄφελε μὲν τὴν
δυσφημίαν, ἴσθι δὲ αὐτῷ τὴν οὐσίαν οὐκ αὐθαίρετον
οὖσαν τοῖς πονοῦσιν. Κἂν ἐπὶ τοὺς λιμένας ἔλθῃς,
κυβερνήτην λήψῃ, οὐ τὸν ἄπειρον χειμῶνος, οὐδὲ ὅστις
ἀθέατος κλύδωνος, ἀλλ´ ἐκ πολλῶν σφαλμάτων ἀθροίσαντα
τὴν τέχνην, ἐκ πείρας κακῶν. Ἐγὼ καὶ στρατηγῷ
διαπιστῶ πάντα εὐτυχήσαντι· οἷος ἂν ἦν Ἀθηναίοις
στρατηγὸς Νικίας, σωθεὶς ἐκ Σικελίας· ἢ οἷος
ἂν ἦν σωφρονέστερος δημαγωγὸς Κλέων, ἐπανελθὼν
ἐξ Ἀμφιπόλεως. Ὅταν δὲ ἴδω πάντα εὐτυχοῦντα καὶ
κυβερνήτην καὶ στρατηγόν, καὶ ἰδιώτην, καὶ ἄρχοντα,
καὶ ἄνδρα, καὶ πόλιν, διαπιστῶ ταῖς εὐτυχίαις· ὡς
Σόλων Κροίσῳ, ὡς Ἄμασις Πολυκράτει.
| [34,4] IV. La vertu et la méchanceté de l'âme représentent les deux tonneaux de Jupiter.
L'une, la méchanceté, semblable à un torrent impétueux, répand le trouble et le
désordre dans le champ de la vie. C'est le débordement d'un fleuve, qui se jette en
hiver sur des terres ensemencées, et sur des plantations ; débordement funeste aux
agriculteurs, aux bergers, aux voyageurs même ; fécond en ravages sans rien produire
d'utile, il fait périr les semences, et détruit les fruits dans leurs germes. La vie, au
contraire, de celui dont l'âme éprouve les bénignes influences de la vertu, offre le
spectacle continuel, de la fertilité, de l'abondance, et de la maturité des fruits qu'elle
donne. Cependant, l'agriculteur doit se fatiguer, prendre de la peine, avoir des
sollicitudes. Car l'agriculteur Égyptien ne se repose pas uniquement sur les eaux du
Nil ; il ne sème point, avant d'avoir attelé ses bœufs à sa charrue, avant d'avoir formé
ses sillons, avant d'avoir fait un travail long et pénible. Lorsqu'il a fait tout cela, il
permet au fleuve de couvrir ses terres. C'est ainsi que se marient les ondes du Nil et
les soins de l'agriculture, les espérances avec les travaux, et les fruits avec les
sollicitudes. Il en est de même des biens et des maux. Ou bien si ce rapprochement
vous choque, ne l'admettez pas. Mais, tenez pour certain, que les biens ne sont pas
tellement à notre discrétion que nous n'ayons qu'à les désirer. Si nous allons dans
un port pour nous embarquer, nous prendrons pour pilote, non pas celui qui n'a jamais
vu de tourmente, qui n'a jamais été aux prises avec la tempête, mais celui qui a appris
son métier au milieu des naufrages et des accidents de la mer. Quant à toi, j'ai
une médiocre confiance dans un Général constamment favorisé par la victoire.
Combien Nicias aurait été précieux pour les Athéniens, s'il eût survécu à sa
malheureuse expédition de Sicile. Que de leçons de modération et de sagesse
aurait rapporté d'Amphipolis le Démagogue Cléon, s'il n'y eût point succombé.
Mais lorsque je vois les faveurs de la fortune constamment attachées à un Amiral, à un
Général d'armée, à un homme privé, à un Magistrat, à un simple Citoyen, à une Cité,
tant de prospérité m'inspire de la défiance, comme en inspirèrent Crésus à Solon, et
Polycrate à Amasis.
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