[34,2] Ταύτῃ τοι καὶ ὁ πρὸς τὸ ἀγαθὸν ἔρως ἔχει. Ἐφίεται
μὲν γὰρ αὐτοῦ ἡ ψυχή· τί δὲ οὐ μέλλει; καὶ πολεμεῖ
τῷ κακῷ· τί δὲ οὐ μέλλει; ἀλλ´ οὐκ ἔστιν αὐτῇ
οὔτε ὧν ἐφίεται καθαρῶς τυχεῖν, οὔθ´ οἷς πολεμεῖ μὴ
περιπεσεῖν ἐξ ἀνάγκης. Οὔπω λέγω τὴν μοχθηρὰν
ψυχήν (αὕτη μὲν γὰρ πάγκακός τις, καὶ ἀγαθῶν ἄμοιρος,
καὶ ἐν ἐλπίσιν ἄπιστος, καὶ ἐν εὐτυχίᾳ ἀκροσφαλής),
ἀλλὰ τὴν ἐπιεικῆ καὶ φρονήσεως ἐπήβολον· φέρε ἴδω
πότερα καὶ ταύτην φῶμεν ἐπιλαβομένην τῆς ἀρετῆς
εὐροίᾳ τινὶ βίου καὶ εὐτυχημάτων ἀκμῇ συγγίγνεσθαι
ἀεί; Ἢ τοῦτο μὲν ἀμήχανον ἐν ἀνθρωπίνῃ φύσει· πολλὰ
γὰρ τὰ ἐν ποσίν, καθάπερ ἀνδρὶ κούφως θέοντι ὀρύγματα
καὶ κρημνοὶ καὶ βάραθρα καὶ τειχία· ἐν οἷς ὁ
μὲν ἀμαθὴς τῆς ὁδοῦ, καὶ μαλθακὸς θεῖν, καὶ διαπηδᾶν
ἀσθενής, καὶ παραθεῖν ἀκροσφαλής, πταίει καὶ
σφάλλεται καὶ ἀποδειλιᾷ· ὁ δὲ ἀγαθὸς καὶ δρομικὸς
ἀνὴρ καὶ ἐπιστήμων τῆς ὁδοῦ, κατὰ μὲν τὴν ῥώμην
ὀξέως θεῖ, κατὰ δὲ τὴν ἐμπειρίαν ἀπλανῶς, κατὰ δὲ
τὴν τέχνην ἀσφαλῶς· οἶδε μὴν τίς μὲν τῆς ὁδοῦ
ἡ λεία καὶ ἄπταιστος, τίς δὲ ἡ διεσκαμμένη, καὶ ἀναγκαία
μὲν διελθεῖν, ἀπροαίρετος δὲ τῷ θέοντι.
| [34,2] II. Il en est ainsi de l'amour du bien. L'âme l'aime ; et comment ne l'aimerait-elle
pas ? Elle répugne au mal ; et comment n'aurait-elle pas cette répugnance ? Mais il
n'est en son pouvoir, ni d'obtenir sans peine ce qu'elle aime, ni de ne pas recevoir de
la main de la nécessité ce qu'elle n'aime pas. Non que j'entende parler de l'âme du
méchant. Elle ne respire que méchanceté ; et elle est étrangère au bien. Elle ne sourit
point à l'espérance, elle ne jouit pas longtemps de sa prospérité. Je parle de l'âme de
l'homme de bien, de celle qui possède la prudence. Voyons si nous dirons de cette
âme-là, que lorsque dans l'heureux cours de sa carrière, elle est arrivée à la vertu, elle
ait pour jamais atteint le comble de la félicité ; ou si nous dirons que cela soit
impossible à la nature humaine. Car il en est du chemin de la vie, comme de celui des
coureurs de profession. A chaque pas, on rencontre des fossés, des escarpements, de
grands creux, des murs de clôture. Si l'on ne connaît point sa route, si l'on est mauvais
marcheur, si l'on n'a, ni la force, ni la confiance, nécessaires pour s'élancer, et franchir
les obstacles, on bronche, on tombe, on perd courage. Celui au contraire qui est bon
marcheur et qui connaît sa route, va en soutenant son essor avec vigueur.
L'expérience qu'il a de son chemin l'empêche de s'en écarter. Son art l'empêche de
faire de chute. Car il sait où sont les sentiers unis, et où il ne craindra pas de broncher
; où sont les passages difficiles qu'il faut traverser nécessairement, sans qu'il soit
possible de les éviter.
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