[24,6] Εἰ δὲ δὴ καὶ πρὸς σοφίαν ἀντεξεταστέον τοὺς
ἄνδρας, ἐρώμεθα ἑκάτερον. Οὐκοῦν ὁ μὲν ἐν πολέμῳ
σοφός, κοσμῆσαι δεινός,
ἵππους καὶ ἀνέρας ἀσπιδιώτας,
τὸ ἀκοσμότατον τῶν ἐν ἀνθρώποις πραγμάτων καὶ
σκυθρωπότατον· ὁ δὲ ἐν γεωργίᾳ σοφὸς
Πληϊάδων Ἀτλαγενέων περιτελλομενάων
ἀμήτου ἄρχεται, ἀροτοῖο δυομενάων·
μέλει δὲ αὐτῷ καὶ ἐνιαυτῶν ὡρῶν, καὶ σελήνης δρόμου,
καὶ ἄστρων ἐπιτολῆς, καὶ ὄμβρου μέτρων, καὶ
πνευμάτων καιροῦ. Εἰ δὲ καὶ σωμάτων ἀρετῇ τοὺς
ἄνδρας κριτέον, καὶ ἀνδρείᾳ πόνων, ὀλίγοι μὲν τῷ
στρατιώτῃ οἱ καιροὶ τοῦ πονεῖν, τῷ δὲ γεωργῷ διηνεκεῖς·
ὑπαίθριος ἀεί, ἡλίῳ φίλος, συνήθης νιφετῶν,
πεπηγώς, νηλίπους, αὐτουργός, εὔπνους, ὀξὺς δραμεῖν,
ἰσχυρὸς φέρειν· εἰ δέ που καὶ δεήσαι μάχης, ὄψει
στρατιώτην ἠσκημένον πόνοις ἀληθινοῖς, οἵων ἐπειράθη
Δαρεῖος ἐπὶ Μαραθῶνα ἐλθών. Ἦν γὰρ τότε
Ἀθηναίοις στρατιωτικόν, οὐχ ὁπλιτικόν, οὐ τοξικόν,
οὐ ναυτικόν, οὐχ ἱππικόν, ἀλλὰ κατὰ δήμους νενεμημένον·
οἳ καὶ γεωργοῦντες, ἐπιπλεύσαντος αὐτοῖς
βαρβαρικοῦ στόλου ἐπὶ Μαραθῶνα, ἐκ τῶν ἀγρῶν
ἔδραμον, στρατιῶται ὀργιζόμενοι, ὁ μὲν σμινύην ἔχων,
ὁ δὲ ὑννιμάχος, ὁ δὲ θεριστηρίῳ ἀμυνόμενος. Ὢ
στρατιωτικοῦ καλοῦ, καὶ αὐτουργοῦ, καὶ μεστοῦ ἐλευθερίας·
ὦ γῆς καὶ γεωργίας καλὰ καὶ γενναῖα θρέμματα,
ὡς ὑμῶν ἐπαινῶ μὲν τὰς ἀρετάς, ἐπαινῶ δὲ καὶ
τὰ ὅπλα, οἷς ὑπὲρ τῆς οἰκείας γῆς ἐμαχέσασθε,
ὑπὲρ ἀμπέλων, ἃς ἐκάμετε, ὑπὲρ ἐλαῶν, ἃς ἐφυτεύσασθε.
Ἀπὸ τοιούτων πάλιν ἐπὶ τὴν γῆν ἤλθετε, ἐκ
πολέμων γεωργοί, ἐκ γεωργῶν ἀριστεῖς. Ὢ τῆς καλῆς
ἀντιδόσεως.
| [24,6] VI. S'il faut, à, présent, les considérer sous le rapport de l'objet spécial de leurs travaux
et de leur talent, examinons-les l'un et l'autre sous ce nouveau point de vue. En quoi consiste
celui du militaire? A surveiller la bonne tenue des chevaux et des hommes, la chose du
monde la moins agréable et la plus maussade. Celui de l'agriculteur consiste, au
contraire, à être à l'affût des Pléiades, filles d'Atlas, à épier l'époque de leur lever, pour
commencer la moisson, et celle de leur coucher, pour commencer les semailles. Il s'occupe
de la marche des saisons, du cours de la lune, du lever des astres, de la mesure de la pluie et
de la périodicité des vents. S'il faut les considérer sous le rapport des forces physiques, et de
la vigueur dans les travaux, nous verrons que les militaires ont peu d'occasions de se livrer à
des travaux pénibles, au lieu que ces travaux sont continuels pour l'agriculteur. Il est
toujours en plein air. Il supporte les ardeurs du soleil. Il est accoutumé à la neige, à la gelée.
Il va nu-pieds; il fait lui-même sa besogne. Il dort peu. Il est aussi leste à la course que
robuste sous les fardeaux; et s'il arrive qu'il faille en venir aux mains avec quelque ennemi,
vous verrez un soldat exercé aux plus rudes fatigues, comme l'éprouva Darius dans la plaine
de Marathon.
Les forces des Athéniens n'étaient alors composées ni d'infanterie, ni d'archers, ni
de cavalerie, ni de vaisseaux. Les Athéniens n'étaient distingués, sous les armes, que par
tribus. Au bruit de l'arrivée de la flotte des Barbares, et de l'invasion de la campagne de
Marathon, les cultivateurs accoururent de leurs champs, dans le même attirail avec lequel ils
avaient accoutumé de s'y rendre, armés l'un d'une bêche, l'autre d'un soc, un troisième
d'une faux. O la belle armée, qui combattait pour conserver le fruit de ses labeurs, et qui ne
respirait que l'amour de la liberté! O courageux, ô intrépides enfants de la terre et de
l'agriculture, quels éloges ne dois-je pas donner à cette énergie et à ces armes, avec
lesquelles vous avez combattu pour ces champs qui vous appartenaient, pour ces vignes que
vous aviez travaillées, pour ces oliviers que vous aviez plantés! Du champ de bataille vous
êtes retournés à vos labours; de soldats vous êtes redevenus agriculteurs, comme
d'agriculteurs vous êtes devenus des héros! O l'admirable métamorphose!
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