[24,5] Ἑορταῖς γε μὴν καὶ μυστηρίοις καὶ πανηγύρεσιν
ποῖον πλῆθος ἐπιτηδειότερον; οὐχ ὁ μὲν ὁπλίτης ἑορταστὴς
ἄμουσος, ὁ δὲ γεωργὸς ἐμμελέστατος; καὶ ὁ μὲν
μυστηρίοις ἀλλότριος, ὁ δὲ οἰκειότατος; καὶ ὁ μὲν ἐν
πανηγύρει φοβερώτατος, ὁ δὲ εἰρηναιότατος; Δοκοῦσι
δέ μοι μηδὲ τὴν ἀρχὴν συστήσασθαι ἑορτὰς καὶ τελετὰς
θεῶν ἄλλοί τινες, ἢ γεωργοί· πρῶτοι μὲν ἐπὶ ληνῷ
στησάμενοι Διονύσου χορούς, πρῶτοι δὲ ἐπὶ ἅλῳ Δημητρὶ
ὄργια, πρῶτοι δὲ τὴν ἐλαίας γένεσιν τῇ Ἀθηνᾷ
ἐπιφημίσαντες, πρῶτοι δὲ τῶν ἐκ γῆς καρπῶν τοῖς
δεδωκόσιν θεοῖς ἀπαρξάμενοι· οἷς εἰκὸς χαίρειν τοὺς
θεοὺς μᾶλλον, ἢ Παυσανίᾳ τὴν δεκάτην ἀποθύοντι, ἢ
Λυσάνδρῳ τὴν δεκάτην ἀνατιθέντι· ἐκ πολέμων αἱ
ἀπαρχαί, ἐκ συμφορῶν αἱ εὐσέβειαι. Γεωργῶν δὲ φιλάνθρωποι
μὲν αἱ εὐχαί, εὔφημοι δὲ αἱ θυσίαι, ἀπ´
οἰκείων πόνων, ἄμοιροι συμφορῶν, ἄμοιροι κακῶν.
| [24,5] V. D'un autre côté, lesquels sont les plus propres des agriculteurs ou des militaires, à
figurer dans la célébration des fêtes, des mystères, des solennités? Les militaires n'y jouent-ils
point un rôle grossier, et les agriculteurs n'y jouent-ils point le leur à merveille ? Les
militaires ne paraissent-ils pas étrangers aux mystères, tandis que les agriculteurs semblent
très familiers avec eux? Dans les solennités, les premiers ne se font-ils pas redouter par leur
turbulence, et les autres n'y sont-ils pas singulièrement paisibles? Il me paraît même qu'il n'y
a que les agriculteurs qui aient pu, dans le principe, avoir l'idée d'établir des fêtes en
l'honneur des Dieux. Ils sont, en effet, les premiers qui aient imaginé de danser, autour du
pressoir, en l'honneur de Bacchus ; de célébrer, dans l'aire, des réjouissances en l'honneur de
Cérès ; de rendre à Minerve de solennelles actions de grâces pour leur avoir donné
l'olive ; et d'offrir les prémices des fruits de la terre aux Dieux dont ils étaient le bienfait. Il
est probable que les immortels accueillaient plus favorablement ces offrandes, que la
dixième portion que leur présentaient Pausanias et Lysandre des dépouilles de leurs ennemis.
Ces oblations des guerriers, ces actes de religion ont leur source dans les malheurs de
l'espèce humaine. Les agriculteurs, au contraire, n'adressent aux Dieux que des vœux
philanthropiques ; ils ne leur présentent que des sacrifices louables, les fruits de leurs
propres labeurs, qui ne coûtent ni désastres, ni calamités.
|