[24,3] Φέρε καὶ ἐπὶ γεωργίας θεασώμεθα, εἰ τοῦτον αὐτοῖς
ἔχει τὸν τρόπον, ὅνπερ καὶ ἡ ἐν τῷ πολεμεῖν
χειρουργία. Ἅπτονται ἄνθρωποι γῆς, οἱ μὲν σὺν δίκῃ,
οἱ δὲ ἄνευ δίκης· σὺν δίκῃ μὲν κατὰ χρείαν καρποῦ,
δίκης δὲ ἄνευ ἐπὶ χρηματισμῷ. Εἴη ἂν οὖν κἀνταῦθα
ἡ δίαιτα οὐ ξυλλήβδην περὶ πάσης γεωργίας.
Ἀλλὰ ἐπεὶ καὶ τοῦτο κοινὸν δικαίων καὶ μή, κοινὸν
δ´ ἦν καὶ τὸ πολεμεῖν ἑκατέρῳ τῷ γένει, δέος μὴ λάθῃ
ἐξαπατήσας ἡμᾶς ὁ λόγος οὗτος, οὐ γεωργικῷ τὸ πολεμικόν,
ἀλλὰ τῷ δικαίῳ τὸ ἄδικον παραβαλεῖν ἐθέλων.
Δικαίους οὖν ἄμφω ὑποθέμενοι, καὶ τὸν πολεμικὸν
καὶ τὸν γεωργικόν, τὸν μὲν ὑπ´ ἀνάγκης ἐπὶ τὸ πολεμεῖν
ἰόντα, τὸν δὲ ὑπὸ χρείας γεωργεῖν ἠναγκασμένον,
οὕτως σκοπῶμεν περὶ ἑκατέρου. Καίτοι τί ταῦτα λέγω;
εἰ γὰρ ἐπ´ ἀμφοῖν τὸ δίκαιον ἴσον, καὶ τὸ καλὸν ἴσον,
καὶ ὁ ἔπαινος ἴσος, καὶ ἀπ´ ἴσης εἰσὶν ἡμῖν ἄμφω
νικηφόροι. Βούλει τοίνυν, ἀφελὼν τὸ δίκαιον ἑκατέρου,
τὸ ἄδικον προσθείς, οὕτω σκοπεῖν; Ἀλλὰ κἀνταῦθα
ἐπ´ ἀμφοῖν ἡ κακία ἐπανισουμένη τὸν ἔπαινον
ἐξ ἀμφοῖν ἀφαιρεῖ. Τῷ ἂν οὖν τις κρίναι τὸ λεγόμενον;
βούλει σοι φράσω; καὶ δὴ λέγω. Μαντεύεταί
μοι ἡ ψυχή, κατὰ τοὺς Πλάτωνος λόγους, εἶναί τι
ἀνθρώπων γένος, μήτε ἀρετῆς κομιδῇ ἐπήβολον, μήτ´
εἰς κακίαν ἐσχάτην παντάπασιν ἐκκεκυλισμένον, βιοτεῦον
δὲ ἐν δόξαις ὀρθαῖς, τροφῇ καὶ παιδεύσει ὑπὸ
νόμῳ σώφρονι πολιτευόμενον. Τοῦτο τοίνυν τῶν ἀνθρώπων
τὸ γένος διελόντες δίχα, τὸ μὲν παραδόντες
τῇ γῇ, τὸ δὲ εἰς τὰ ὅπλα ἀποπέμψαντες, ἅτε ἀμφίβολον
ὂν καὶ ἐν μεταιχμίῳ ἀρετῆς καὶ κακίας καθωρμισμένον,
θεασώμεθα ὑπὸ τῶν ἐπιτηδευμάτων ἑκάτερον
ὑπὸ ἑκατέρου, πότερον ἐφ´ ὁπότερον ἄγεται
θᾶττον· θεασώμεθα δὲ οὑτωσί.
| [24,3] III. Nous examinerons, à présent, s'il en est de l'agriculture, à l'égard de ces trois
classes d'individus, comme du métier de la guerre. Les hommes travaillent la terre, les uns à
bonne fin, les autres à mauvaise fin ; les premiers n'envisagent que le besoin qu'ils ont des
fruits qu'elle donne, les autres que l'avantage d'amasser du bien. Sur ce pied-là donc,
l'agriculture n'a pas pour but, des deux côtés, de produire les choses nécessaires à la vie.
Mais, si, de ce qu'elle est commune aux gens de bien et aux médians, il s'ensuivait que l'état
de guerre fut également commun aux uns et aux autres, nous aurions à craindre de nous être
trompés, sans nous en apercevoir, dans l'objet de ce discours, et d'avoir comparé, non pas la
guerre à l'agriculture, mais la probité à la méchanceté. Supposons-les donc l'un et l'autre
gens de bien, et celui qui se livre au métier de la guerre, et celui qui s'adonne à l'agriculture ;
le premier, par la nécessité où il est de se défendre; le second, par le besoin qu'il a des fruits
de la terre : considérons-les l'un et l'autre sous ce point-de-vue. Mais que disons-nous? S'ils
sont l'un et l'autre également gens de bien, également amis du Beau moral, ils méritent les
mêmes éloges, ils ont les mêmes droits à ce que nous leur décernions la palme. Voulez-vous
donc que, mettant de côté la qualité de gens-de-bien de l'un et de l'autre, et les supposant
tous les deux méchants, nous les considérions sous ce nouveau rapport? Mais, sur ce pied-là
encore, la méchanceté étant égale des deux côtés, ils ne méritent, ni l'un ni l'autre, d'être
loués. Voulez-vous donc que je vous indique le moyen de vous tirer d'affaire, dans cette
question? Le voici : j'apprends par l’inspiration de l'âme, pour parler le langage de Platon,
qu'il est une classe d'hommes qui n'ont, ni fait de très grands progrès dans la vertu, ni pris
l'habitude de porter la méchanceté à son dernier terme; qui professent, d'ailleurs, des
opinions droites et saines, et qui, avec une éducation libérale, tiennent une conduite
conforme aux lois. Divisons donc en deux cette classe d'hommes; livrons les uns à
l'agriculture, les autres à l'art militaire, comme une espèce amphibie, placée dans le lieu
intermédiaire qui sépare la vertu et la méchanceté ; nous les examinerons les uns et les autres, et selon la nature des choses, pour lesquelles ils ont le plus d'inclination et de goût,
nous verrons vers lesquelles de ces choses ils ont plus de disposition à se porter. Voici notre
marche.
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