[21,7] Τί δή μοι βούλεται ἡ περίοδος τοῦ λόγου; ἐνδείξασθαι
ὑμῖν διάκρισιν καλοῦ καὶ ἡδονῆς. Τίθει γάρ
μοι, κατὰ δὲ τὸ ἀναγκαῖον καὶ τὸ αὐτοφυὲς τῆς τροφῆς
καὶ τοῦ ποτοῦ, τὸ καλὸν αὐτό, ὅπερ εἶναι δεῖ καὶ
μὴ δοκεῖν μόνον· κατὰ δὲ τὸ ποικίλον καὶ ἐπίκτητον
τῶν ἄλλων ἄλλους ἄλλως εὐφραινόντων, τὴν ἡδονήν·
δοκεῖν γὰρ εἶναι δεῖ ταύτην μόνην. Οὕτω δὴ τούτων
ἐχόντων, γίγνεται ὁ μὲν ἔρως λόγος, καὶ ἀρετή, καὶ
τέχνη· λόγος μὲν ὁ κατὰ τὴν ἀλήθειαν, ἀρετὴ δὲ κατὰ
τὴν διάθεσιν, τέχνη δὲ κατὰ τὴν εὐστοχίαν τοῦ καλοῦ·
ἐπιθυμίαι δὲ ἡδονῶν, ἄλογοι ἀλόγων. Ἐπεὶ τοίνυν
τὸ καλὸν εἶναι δεῖ καλόν, ἵν´ ἔρωτα ποιῇ, ποῖόν τι
εἶναι αὐτὸ φῶμεν, καὶ πῶς ποιοῦν; Βούλει σοι λέγω
κατὰ τὴν Σωκράτους μαντείαν; Ὡς τὸ καλὸν αὐτὸ ἄρρητον
ὂν καὶ ὀφθαλμῶν κρεῖττον ἡ ψυχὴ τεθεαμένη
πάλαι, καὶ ὀνειρώττουσα αὐτοῦ τὴν μνήμην, ἐν τῇ
δεῦρο συνουσίᾳ οὐ πάντῃ ἐναργῶς ὁρᾷ, ἅτε ἀπολελειμμένη αὐτοῦ καὶ τῷ χωρίῳ καὶ τῇ τύχῃ, καὶ ἀπεξενωμένη
ἐκείνων τῶν θεαμάτων εἰς τὸν ἐν γῇ τόπον, καὶ
περιβεβλημένη πολλὴν καὶ παντοδαπὴν ἰλύν, ὑφ´ ἧς
ταράττεται, συνδεδεμένη ἀσαφεῖ βίῳ καὶ συγκεχυμένῳ,
καὶ μεστῷ ταράχου καὶ πλημμελείας πολλῆς· ἡ
δέ γε τοῦ καλοῦ φύσις ἀρξαμένη ἐκεῖθεν κάτεισιν
δεῦρο πρόσω ἰοῦσα ἠρέμα, καὶ ἀμβλυνομένη μᾶλλον,
καὶ ἀπολείπουσα τὴν ἀρχαίαν ἀκμήν.
| [21,7] VII. Mais, où tend ce circuit de discours? A démontrer la différence
qui existe entre les choses qui appartiennent au Beau, et celles qui
appartiennent à la volupté. Car, il en est, à mon avis, des aliments
nécessaires, et qui s'offrent d'eux-mêmes, comme de ce Beau qui doit être
tel par essence, et n'en avoir pas l'apparence seulement. Et, quant à ces
aliments variés et appropriés à l'usage des différents peuples, qui leur
plaisent diversement, il suffit qu'ils aient une spécieuse apparence. A ce
compte, l'amour devient raison, vertu, art : raison, sous le rapport de la
vérité ; vertu, sous le rapport des dispositions personnelles; art, sous
le rapport des moyens propres à atteindre le Beau. Au lieu que, les désirs
ne s'attachant qu'aux choses qui appartiennent à la volupté, il y a défaut
de raison des deux côtés. Puis donc que le Beau doit être le Beau réel
pour exciter l’amour, quelles dirons-nous que doivent être l'essence et
l'action de ce dernier? Voulez-vous que je vous le dise, selon la pensée
de Socrate? Ce Beau est ineffable ; il est au-dessus de la portée de nos
yeux. L'âme l'a contemplé autrefois ; elle n'en a plus qu'un souvenir
semblable à celui d'un songe. Dans l'union où elle est, ici-bas, avec le
corps, elle ne le contemple pas avec la même énergie ; elle n'est plus
avec lui dans les mêmes rapports de lieu et de situation. Exilée sur la
terre, elle est devenue étrangère à ces sortes de contemplations. Elle est
enveloppée d'un limon épais, composé d'éléments divers, qui
l'agitent. Elle est condamnée à une vie obscure et sans ordre, pleine de
trouble, d'écarts, et d'égarements. Tandis que la nature du Beau, qui tire
son origine d'en-haut, à mesure qu'elle descend et qu'elle s'avance
insensiblement vers nous, s'obscurcit par degrés, jusqu'à ce qu'elle ait
perdu ce qui constituait antérieurement son éclat.
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