[21,6] Τὸ δὲ ἔθος ἄλλο ἄλλῳ. Αὐτίκα Ἕλληνες μέν, καὶ
Πέρσαι, καὶ Λυδοί, καὶ Φοίνικες, καὶ εἴ τι δὴ ἄλλο γένος,
φυτευσάμενοι ἀμπέλους, πονηθέντες περὶ αὐτάς, ἐξελόμενοι
τὸν βότρυν, εὐτρεπίσαντες τὸν οἶνον, παρεσκευάσαντο
ποτόν, κατὰ μὲν τὴν χρείαν οὐκ ἀναγκαῖον,
κατὰ δὲ τὴν ἡδονὴν ἀκμαιότατον. Σκυθῶν δὲ οἱ μὲν
πολλοὶ γάλακτι βιοτεύουσιν, ὅσα οἱ ἄλλοι ἐπὶ οἴνῳ·
τοῖς δὲ αἱ μέλιτται καθηδύνουσι τὸ πόμα, ἐπὶ πετρῶν
καὶ δρυῶν διαπλάττουσαι τοὺς σίμβλους· εἰσὶν δέ,
οἳ τῇ παρὰ τῶν νυμφῶν ὀχετείᾳ καὶ ἐπιρροῇ οὐδὲν
λυμαίνονται, ἀλλ´ αὐτοφυεῖ προσχρῶνται ποτῷ ὕδατι·
ἓν δέ τι, οἶμαι, Σκυθῶν γένος πίνουσιν μὲν ὕδωρ,
ἐπειδὰν δὲ αὐτοῖς δέῃ τῆς κατὰ μέθην ἡδονῆς, νήσαντες
πυράν, θυμιῶντες εὐώδεις βοτάνας, περικαθίσαντες
ἐν κύκλῳ τῇ πυρᾷ, ὡς περὶ κρατῆρα, εὐωχοῦνται
τῆς ὀδμῆς, καθάπερ οἱ ἄλλοι τοῦ ποτοῦ, καὶ
μεθύσκονταί γε ὑπ´ αὐτῆς, καὶ ἀναπηδῶσιν, καὶ ᾄδουσιν,
καὶ ὀρχοῦνται.
| [21,6] VI. Or, les habitudes sont différentes, selon les individus. En effet, les
Grecs, les Perses, les Lydiens, les Phéniciens, et peut-être d'autres
peuples, ont planté et travaillé des vignes, cueilli des raisins, foulé la
vendange, et fait une boisson, inutile, sous le rapport du besoin, mais
très agréable, sous le rapport de la volupté. Dans la Scythie, le lait
est, pour la plupart des nations qui l'habitent, ce qu'est le vin pour
ceux que nous venons de nommer. Chez d'autres, où les abeilles bâtissent
leurs alvéoles parmi les pierres et les chênes, on adoucit sa boisson avec
du miel. Ailleurs, on ne va point troubler les Nymphes dans leurs
fontaines, on boit la première eau qu'on a sous la main. Il est, parmi les
Scythes, une peuplade, où l'on ne boit que de l'eau. Toutefois, lorsqu'on
va s'y livrer au plaisir de l'ivresse, on construit un bûcher ; on y jette
des plantes odoriférantes ; on forme un cercle, autour du bûcher, comme
autour d'une coupe ; et l'on s'invite réciproquement à se régaler de la
vapeur qui s'en exhale, comme on fait ailleurs d'un verre de vin ; on se
laisse enivrer de cette vapeur ; on saute; on chante ; on danse.
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