| [21,2] Τοιαύτην φασὶ καὶ τὸν Ἀνακρέοντα ἐκεῖνον τὸν
Τήϊον ποιητὴν δοῦναι δίκην τῷ ἔρωτι. Ἐν τῇ τῶν
Ἰώνων ἀγορᾷ, ἐν Πανιωνίῳ, ἐκόμιζεν τιτθὴ βρέφος·
ὁ δὲ Ἀνακρέων βαδίζων, μεθύων, ἰάχων, ἐστεφανωμένος, σφαλλόμενος, ὠθεῖ τὴν τιτθὴν σὺν τῷ βρέφει,
καί τι καὶ εἰς τὸ παιδίον ἀπέρριψεν βλάσφημον ἔπος·
ἡ δὲ γυνὴ ἄλλο μὲν οὐδὲν ἐχαλέπηνεν τῷ Ἀνακρέοντι,
ἐπεύξατο δὲ τὸν αὐτὸν τοῦτον ὑβριστὴν ἄνθρωπον
τοσαῦτα καὶ ἔτι πλείω ἐπαινέσαι ποτὲ τὸ παιδίον, ὅσα
νῦν ἐπηράσατο. Τελεῖ ταῦτα ὁ θεός· τὸ γὰρ παιδίον
ἐκεῖνο δὴ αὐξηθὲν γίγνεται Κλεόβουλος ὁ ὡραιότατος,
καὶ ἀντὶ μικρᾶς ἀρᾶς ἔδωκεν ὁ Ἀνακρέων Κλεοβούλῳ
δίκην δι´ ἐπαίνων πολλῶν.
 | [21,2] II. On raconte d'Anacréon, le poète de Téos, que dans une circonstance, il 
fut puni, de la même manière, par l’Amour. Dans celle de leurs places 
publiques que les Ioniens appellent le panionion, une nourrice 
portait un enfant. Anacréon passe auprès d'elle. Il était ivre. Il 
chantait. Il était couronné de fleurs. Dans ses chancellements, il choque 
la nourrice, et le nourrisson, et lâche une imprécation contre ce dernier. 
La nourrice ne riposta rien d'ailleurs à Anacréon, mais elle fit des vœux 
pour que l'ivrogne qui venait d'outrager ainsi son nourrisson, l'exaltât 
un jour, par ses louanges, autant qu'il venait de le maudire, et même 
davantage. Ces vœux furent accomplis. Cet enfant, devenu grand, fut le 
beau Cléobule; et, en expiation de l'imprécation qu'il avait jadis 
proférée, Anacréon le combla d'éloges. 
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