[20,7] Τοῦτο καὶ μειράκιον Τρωϊκὸν βουκολοῦν τέως
καὶ περὶ τὴν Ἴδην πλανώμενον, οὐκ ἀνασχόμενον τὰς
οἴκοι ἡδονάς, ἐπὶ θάλατταν ἐκ τῶν ὀρῶν καταβιβασάμενον,
εἰς ναῦν ἐνθέμενον, ἐπὶ Πελοποννήσου ἐπεραίωσεν,
λῃστὴν ἐραστήν. Οὐ γὰρ ἦν περὶ τὴν Ἀσίαν
σῶμα ἄλλο καλόν, οὐ Τρωϊκόν, οὐ Δαρδανικόν, οὐχ
Ἑλλησπόντιον, οὐ Λύδιον, ὁμόφωνον τῷ ἐραστῇ, ἐν
τοῖς αὐτοῖς ἤθεσίν τε καὶ νομίμοις τεθραμμένον· ἀλλ´
ἐπὶ τὴν Σπάρτην καὶ τὸν Εὐρώταν ἔρχεται κωμαστὴς
διαπόντιος, ἐξ ὀνείρων ἐραστής, καὶ ἀδικεῖ τὸν ὑποδεξάμενον,
καὶ ἀνθίστησιν, καὶ διαλύει γάμον Ἑλληνικόν.
Ὢ λίχνου ἔρωτος, καὶ ἀδίκων ἐνυπνίων, καὶ
ὀφθαλμῶν πονηρῶν, καὶ ἡδονῆς ἡγεμόνος πολλῶν
κακῶν. Οὕτω καὶ Ξέρξην τὸν μέγαν ἐκεῖνον, τὸν ἐν
Σαλαμῖνι καὶ Πλαταιαῖς τοῖς Ἕλλησι παραταξάμενον,
τοσούτων σωμάτων θεατὴν καὶ δεσπότην γενόμενον,
οὐκ ἐπηγάγετο εἰς ἔρωτα οὐκ Ἰνδικὴ κόρη ὑψηλή,
οὐδὲ Μηδικὴ τιαραφόρος, οὐδὲ Μαρδονικὴ μιτρηφόρος,
οὐδὲ Καρικὴ ὡπλισμένη, οὐδὲ Λυδία ᾄδουσα, οὐκ Ἰωνική,
οὐχ Ἑλλησποντία· ἀλλ´ ἐπὶ Ἄμηστριν ἧξεν τὴν
τοῦ παιδὸς γαμετήν. Ὢ κακίστου ἔρωτος, ὃς παραλιπὼν
τὰ ἐδώδιμα, ἐπὶ τὰ πικρὰ ἦλθεν καὶ ἄβρωτα,
ὑπ´ ἀκολάστου ἐξουσίας εἰς τὴν τοῦ φιλεῖν δύναμιν
ὑβριζούσης. Ὅταν γὰρ ψυχῆς ἀφέλῃς μὲν τὸ εἰδέναι,
παράσχῃς δὲ τὸ δύνασθαι, δίδως τοῖς ἁμαρτήμασιν
ἐπιρροὴν καὶ ἐξουσίαν καὶ δρόμον. Ἄφελε Ἀλεξάνδρου
μὲν τὴν Πριάμου δύναμιν, καὶ τὸ ἐκεῖ θάρσος,
καὶ μένει βουκολῶν καὶ τὴν Ἑλένην οὐκ ὀνειρώττει·
ἄφελε Ξέρξου τὴν ἐξουσίαν, καὶ Ἄμηστρις, οὐκ αἰσχρὰ
ἔστι καὶ ἐν ἰδιώταις;
| [20,7] VII. Tel, ce jeune Troyen, qui avait mené jusqu'alors une vie pastorale
sur le mont Ida, ne se contentant pas des voluptés domestiques, du sommet
des montagnes se lança sur les flots, se jeta dans un vaisseau ; et,
pirate d'amour, fit voile pour le Péloponnèse. Car il n'y avait dans toute
l'Asie nulle autre Beauté, ni dans la Troade, ni dans la Dardanie, ni
sur l'Hellespont, ni en Lydie, qui pût convenir à cet amoureux, et qui eût
été élevée dans ses mœurs et dans ses principes. Ce séducteur traverse les
mers, vient à Sparte, sur les bords de l'Eurotas : enflammé par un songe,
il viole les lois de l'hospitalité; il brouille deux époux; il dissout un
mariage grec. O amour lascif! ô songe funeste! ô regards criminels! ô
volupté, source de tant de maux! Tel encore, ce Roi de Perse qui se mesura
contre les Grecs à Platée et à Salamine, et qui régnait sur tant de
Beautés qui s'offraient de toutes parts à ses yeux, se prit de belle
passion, non pour une des Beautés de l'Inde, malgré leur belle taille, non
pour une des Beautés du pays de Mèdes, malgré l'élégance de leurs tiares,
non pour une des Beautés du pays des Mardes, malgré l'éclat de leurs
mitres, non pour une des beautés de la Carie, malgré la grâce de leur
armure, non pour une des Beautés de la Lydie, malgré leur talent pour la
musique, non pour une des Beautés de l'Ionie, ni de l'Hellespont, mais
pour Amestris, sa belle-fille. O l'abominable passion, qui dédaignant
des plaisirs agréables, en rechercha d'amers et de dégoûtants, par la
facilité de se livrer impunément à des désirs de débauche! car si vous
ôtez à l'âme ses lumières, et que vous la laissiez à même de s'abandonner
à ses penchants. Vous lâchez la bride, vous ouvrez la porte, vous donnez
pleine liberté au désordre et au dérèglement. Otez au fils de Priam la
puissance de son père, et la confiance qu'elle lui inspire, il continuera
de garder ses troupeaux, et ne pensera pas même à Hélène. Otez à Xerxès
son empire, Amestris ne sera plus à ses yeux qu'une femme sans agréments,
une femme vulgaire.
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