[20,6] Ὁ δὲ τούτῳ ἐναντίος, μόνῳ τῷ τίκτοντι εἰς γένεσιν
τοῦ ὁμοίου ἀπὸ ὀρέξεως ἐμφύτου μετὰ δικαιοσύνης
ξυνών, καὶ διορίζων τὸ θῆλυ· οὗτος θεῶν Γαμηλίων
τε καὶ Ὁμογνίων καὶ Γενεθλίων θεσμός, ἐπὶ πάσῃ
ζῴων φύσει τεταγμένος· τῶν μὲν αὐτομάτων εἰς τὴν
κοινωνίαν ὑπὸ οἰκείου ἔρωτος ἐν ὥρᾳ τοῦ γεννᾶν
ἰόντων· τῶν δὲ καὶ διὰ τέχνης ἐπιστάτου ποιμενικῆς
τε καὶ αἰπολικῆς καὶ βουφορβοῦ καὶ ἱπποκόμου, ζευγνύντων
ἑκάστων κατὰ φύσιν τὰ αὑτῶν θρέμματα, καὶ
διακρινόντων αὖθις δέει ὕβρεως·
χωρὶς μὲν πρόγονοι, χωρὶς δὲ μετάσσαι,
χωρὶς δ´ αὖθ´ ἕρσαι·
ἡ δὲ τῶν ἀνθρώπων ἀγελαιοτρόφος ἐπιστάτις, βασιλικὴ
καὶ ποιμενικὴ τέχνη, οὐδεμίαν ἐξεύροι ἂν ἄλλην ὕβρεως
ἀγωγὸν μηχανήν, πρὶν ἄν τις ἑκὼν εἴξας τῷ λόγῳ
καὶ τὴν ψυχὴν παραδῷ ποιμαίνειν αἰδοῖ καὶ σωφροσύνῃ.
Ὥσπερ γὰρ ἄλλο ἄλλῳ ζῴῳ ἀλέξημα ἥκει παρὰ
τῆς φύσεως εἰς τὸν αὑτοῦ βίον, ὑφ´ οὗ σώζεται, λέουσιν
ἀλκή, ἐλάφοις δρόμοι, θῆραι κυσίν, καὶ τῷ μὲν
διερῷ γένει αἱ νήξεις, τῷ δὲ μεταρσίῳ αἱ πτήσεις, τῷ
δὲ εἰλυσπωμένῳ οἱ φωλεοί, ὡς δὲ καὶ τοῖς ἀνθρώποις,
τὰ ἄλλα ἐλαττουμένοις τῶν ἁπάντων (καὶ γὰρ
ἀλκὴν ἀσθενέστατοι, καὶ θεῖν βράδιστοι, καὶ ἀνίπτασθαι
ἀδύνατοι, καὶ νήχειν ἀσθενεῖς, καὶ φωλεύειν
ἀμήχανοι), λόγον δὲ αὐτοῖς θεὸς ἔδωκεν πρὸς τὰς
ἁπάντων εὐπορίας ἀντίρροπον, ὑποβάλλων αὐτῷ τὴν
ἐρωτικὴν ὄρεξιν, ὡς χαλινῷ ἵππον, ὡς τοξότῃ τόξον,
ὡς οἴακι ναῦν, καὶ τεχνίτῃ ὄργανον. Ὅ τε οὖν λόγος
αὐτὸς αὑτοῦ ἀμβλύτατος, ἀνέραστος ὤν· ὅ τε ἔρως
αὐτὸς αὑτοῦ ἐμπληκτότατος, ἀπειθέστατος ὢν τῷ λόγῳ.
Ἔστιν δὲ ἡ πειθὼ συζυγία ἔρωτος καὶ λόγου πρὸς τὸ
καλὸν ὁρμωμένων, καὶ λαμπρυνομένων ἐπ´ αὐτὸν πολλῷ
δρόμῳ. Ὁ δὲ οἰόμενος ἐν τῇ σαρκῶν φύσει κατορωρύχθαι
τὸ καλόν, ἡδονὴν κάλλους ἀλλάττεται, καὶ ἐξαπατᾶται
ὑπ´ αὐτῆς· πιθανὸν γὰρ κακὸν ἡδονή, καὶ
κολακείας ἀνάπλεων·
| [20,6] VI. L'amour qui est contraire à celui-là, cherche, dans la jouissance d'un
plaisir avoué par la Nature et les lois, à produire son semblable, et il
admet la différence des sexes. Telle est la loi des Dieux qui président
aux mariages, aux naissances, à la perpétuité des races, et qui
s'étend à toutes les espèces d'animaux. Les uns, par l'aiguillon de leur
propre instinct, se recherchent, d'eux-mêmes, pour s'accoupler, dans la
saison de la génération. Les autres n'approchent chacun de la femelle que
leur a donnée la Nature, qu'en obéissant aux règles qui leur sont
prescrites par l'art des pasteurs, des bergers, ou autres surveillants qui
les gouvernent ; et ils en sont ensuite séparés, de peur de libertinage.
« Les agneaux d'un an étaient à part des nouveau-nés et de leurs mères».
Quant à cet autre art, qui préside à la conservation des troupeaux
d'hommes, et dans lequel les chefs des Nations font les fonctions de
pasteurs, il ne trouverait point d'autre digue contre le débordement
des mœurs, que de faire céder chacun spontanément à la raison, et de
confier la conduite pastorale de l'âme à la pudeur et à la tempérance.
Car, de même que les animaux reçoivent respectivement de la Nature, chacun
un moyen de défense pour sa propre vie, à l'aide duquel ils se conservent,
savoir : les lions la force, les cerfs la vitesse, les chiens l'odorat,
les animaux aquatiques la nage, les volatiles les ailes, les reptiles
leurs trous; de même l'homme inférieur à tous les animaux sous ces
rapports (car il est un de ceux qui ont le moins de force, qui courent le
moins vite, qui ne peuvent pas voler, qui nagent très imparfaitement, et
qui ne savent point se creuser de trou), a reçu des Dieux la raison en
compensation de tous les autres avantages, pour lui soumettre l'appétit de
l'amour, comme le cheval est soumis au frein, l'arc à l'archer, le
gouvernail au pilote, et l'outil à l'ouvrier. Si, d'un côté, la Raison
sans l'amour ne jouit pas de toute son intensité, de l'autre, l'amour
sans la Raison n'est qu'une frénésie. Or, la subordination de l'amour
envers la Raison est le lien qui les unit dans le désir du Beau, et qui
les fait ressortir l'un et l'autre, dans leurs efforts communs pour
l'atteindre. Quant à ceux qui pensent que le Beau est enseveli dans le
matériel des corps, ils prennent la volupté pour le Beau, et ils sont
dupes de la première. Car la volupté est un mal qui persuade facilement,
et qui est rempli d'astuce et de flatterie.
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