[17,4] Δύο γὰρ ὄντων τούτων, ὑφ´ ὧν Ὅμηρος καὶ Ἡσίοδος
καὶ ὅστις ἄλλος ἐν ἁρμονίᾳ ποιητικῇ εὐδόκιμοι ἦσαν,
χρείας καὶ ἡδονῆς, κατ´ οὐδέτερον αὐτοῖν ἐπιτήδεια
τὰ ἔπη τῇ Πλάτωνος πολιτείᾳ, οὔτε κατὰ τὴν χρείαν,
οὔτε κατὰ τὴν ἡδονήν. Ἥ τε γὰρ χρεία ξυνελήλαται
αὐτοῖς εἰς τροφὴν ἀκριβῆ καὶ ἀκούσματα ἀναγκαῖα,
οὐδὲν αὐθαίρετον, οὐδὲ αὐτεξούσιον, οὐδὲ οἷον ἂν
δέξαιντο παρὰ μητέρων παῖδες ὑπὸ φήμης ἀλόγου
πλασθέντα μῦθον· οὐδὲν γὰρ ἐκεῖ οὐδὲ ἐκ τοῦ προστυχόντος,
οὔτε ἄκουσμα, οὔτε παίδευμα· οὔτε ἀθύρματα
παρέλθοι ἂν εἰς τοιαύτην πόλιν, ὥστε καὶ δεηθῆναι
Ὁμήρου, τὰς οὔσας περὶ θεῶν δόξας ἐμμελῶς
μεγαλύνοντος, καὶ τρέφοντος τὰς τῶν πολλῶν ψυχὰς
ἐκ ταπεινῆς φαντασίας εἰς ἔκπληξιν. Τοῦτο γάρ τοι
δύναται ποιητοῦ λόγος ἐμπεσὼν ἀκοαῖς τεθραμμέναις
κακῶς, περιβομβεῖν αὐτάς, καὶ μὴ παρέχειν σχολὴν
διαπιστεύειν τοῖς εἰκῇ θρυλουμένοις λόγοις, ἀλλ´ εἰδέναι
μὲν ὅτι ποιητικὴ πᾶσα αἰνίττεται, καταμαντεύεσθαι
δὲ τῶν αἰνιγμάτων μεγαλοπρεπῶς, κατὰ τὴν
θεῶν δίκην. Ὁπόθεν δὲ ἐξελήλαται τὸ ταπεινὸν πᾶν
καὶ τὸ ἠμελημένον, τί δεῖ ἐνταῦθα τοιούτου φαρμάκου;
Τὸν Ἀνάχαρσιν ἐκεῖνον ἤρετο Ἕλλην ἀνήρ, εἰ ἔστιν
αὐλητικὴ ἐν Σκύθαις· ’Οὐδὲ ἄμπελοι,‘ ἔφη. Ἄλλη γὰρ
ἄλλην παρακαλεῖ ἡδονήν, καὶ ἐστὶν ξυμφυὲς τὸ χρῆμα,
καὶ ἄπαυστον, καὶ ἀέναον, ἐπειδὰν ἄρξηται ῥεῖν· καὶ
μία μηχανὴ πρὸς σωτηρίαν, στῆσαι τὰς πηγάς, καὶ
ἀποφράξαι τὴν ἡδονῶν γένεσιν. Ἡ δὴ τοιαύτη πόλις,
ἣν συνεστήσατο ὁ Πλάτων, ἄβατος ἡδονῇ, καὶ ἀδεὴς
θεαμάτων καὶ ἀκουσμάτων· ὥστε οὔτε εἰ ποιητικὴ
παρασκευαστικὸν ἡδονῆς, εἰσδέξαιτο ἂν αὐτήν, καὶ
πολὺ μᾶλλον κατὰ τὴν χρείαν.
| [17,4] IV. Or, l'utilité et le plaisir formant les deux rapports sous lesquels
Homère, Hésiode, et les autres poètes de réputation, peuvent être
considérés; sous aucun de ces deux points-de-vue la poésie épique ne peut
convenir à la République de Platon : l'utile s'y réduit au strict
nécessaire, quant à la nourriture et à l'instruction. On n'y connaît, ni
fantaisie, ni jouissance de goût, ni ces contes insensés et absurdes que
les mères content aux oreilles de leurs enfants. On n'admet, dans cette
République, ni leçon, ni enseignement, ni délassement même, qui ne soit
préparé et mûrement réfléchi. On n'y a donc pas besoin d'Homère, qui ne
fait qu'amplifier avec harmonie les opinions reçues sur le compte des
Dieux ; et qui n'est bon qu'à faire passer les âmes vulgaires de leur
humble ignorance à l'ébahissement. Tel est l'effet que doivent produire
les discours des poètes sur des oreilles qui n'ont pas reçu de bonnes
impressions : ils les étourdissent, et ne leur donnent pas le temps de se
défier du vain babil qui les frappe ; mais il ne faut pas ignorer que lès
poètes parlent par énigmes ; et qu'à l'instar des oracles, ils entourent
leurs énigmes d'une pompeuse obscurité. Or, dans un corps politique, d'où
sont bannies toutes les classes vulgaires, et où tout est calculé et
prévu, qu'y a-t-on, affaire d'un semblable attirail ? Un Grec demandait au
célèbre Anacharsis, si l'art de la flûte était cultivé chez les Scythes.
« Ils ne cultivent pas même la vigne », répondit le philosophe. Car une
jouissance en amène une autre. Elles s'engendrent réciproquement. C'est un
torrent qui coule sans fin, sans cesse, du moment qu'il est en train de
couler. On n'a plus, alors, d'autre moyen de salut que d'étancher toutes
les sources de la volupté, et de détruire les jouissances dans leur germe.
Mais, dans la République de Platon, on est inaccessible aux jouissances
des yeux et des oreilles ; de sorte que, si la poésie est un instrument de
volupté de ce genre, elle ne doit pas être admise. Elle ne devrait l'être,
que dans le cas où elle serait utile.
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