[16,5] Τριῶν δὴ πολιτειῶν, τρία τ´ αὖ τιμήματα βίων
ἴδοις ἂν ἐν ἀνθρώπου ψυχῇ· κατὰ μὲν τὸ βουλευτικὸν
καὶ ἀρχικὸν καὶ ἐκποδὼν τῇ πράξει τὲ καὶ
χειρουργίᾳ, τὸ θεωρητικὸν ψυχῆς γένος· τὸ δὲ πρακτικὸν
δεύτερον, δευτέρως τιμώμενόν τε καὶ δοκιμαζόμενον·
τήν τε ἐν ἀνδρὶ δημοκρατίαν οὐ χαλεπὸν ἰδεῖν·
πολὺ γὰρ τὸ τῆς πολιτείας τοῦτο γένος ἐπινέμεται
πᾶσαν ψυχήν. Καὶ τοῦτο μὲν ἐατέον καὶ ἀποχειροτονητέον
τοῦ ἀρίστου· θεωρίαν δὲ πράξει παραβαλλομένην,
ἑκατέραν τυγχάνουσαν τοῦ καλοῦ, τὴν μὲν
θεωρίαν κατὰ τὴν γνῶσιν, τὴν δὲ πρᾶξιν κατὰ τὴν
ἀρετήν, ποτέραν προτιμητέον; Ἀποκρίνεται ὁ λόγος·
ὅτι εἰ μὲν κατὰ τὴν χρείαν αὐτὴν ἱστάμεθα, τιμητέον
τὴν πρᾶξιν· εἰ δὲ κατὰ τὴν αἰτίαν τοῦ γενομένου καλῶς,
προτιμητέον τὴν θεωρίαν. Ὥστε καὶ σπονδὰς
ἑκατέρῳ σπεισάμενοι, νείμωμεν τὰς δυνάμεις καὶ τὸ
σχῆμα τοῦ βίου τοῖς ἀνδράσιν ἢ κατὰ φύσιν, ἢ καθ´
ἡλικίαν, ἢ κατὰ τύχην. Καὶ γὰρ φύσει διαφέρει ἕτερος
ἑτέρου· ὁ μὲν ἐν πράξει ἐξασθενῶν, εὐχερὴς δέ τις
ὢν κατὰ τὴν ψυχὴν πρὸς θεωρίαν· ὁ δὲ ἐν μὲν θεωρίᾳ
καματηρὸς ὤν, πράττειν δὲ ἐρρωμένος. Διίστησιν
δὲ καὶ ἡλικία τοὺς ἄνδρας· νεότητος μὲν γὰρ ἡ πρᾶξις·
Ὅμηρος λέγει, κἀγὼ πείθομαι
νέῳ δέ τε παντ´ ἐπέοικεν.
Νέος μὲν γὰρ ὢν ὁ φιλόσοφος πραττέτω, λεγέτω, πολιτευέσθω, στρατευέσθω, ἀρχέτω. Καὶ γὰρ οἱ Πλάτωνος
ἐπὶ Σικελίαν δρόμοι καὶ πόνοι, καὶ περὶ Δίωνα
σπουδή, κατὰ τὴν ἀκμὴν ἐγίγνοντο τῆς ἡλικίας· γηράσαντα
δ´ αὐτὸν ὑπεδέξατο Ἀκαδημία, καὶ βαθεῖα σχολή,
καὶ λόγοι καλοί, καὶ θεωρία ἄπταιστος, ἐν πολλῇ καὶ
ἀμφιλαφεῖ ἀληθείᾳ κατατιθέμενον τὸ τοῦ βίου τέλος.
Καὶ Ξενοφῶντα νεανιευόμενον μὲν ἐν τοῖς ἔργοις
φιλῶ, γηράσκοντα δὲ ἐν τοῖς λόγοις ἐπαινῶ. Διίστησιν
δὲ ἤδη καὶ τύχη· τὸν μὲν γὰρ δυνάμει καὶ πράξει
ἀναγκαίᾳ περιέβαλλεν· τὸν δὲ σχολῇ καὶ ἡσυχίᾳ
προσηνεῖ· ὧν τὸν μὲν ἐπαινῶ ἐν τῷ ἀναγκαίῳ ἀνδριζόμενον·
τὸν δὲ καὶ μακαρίζω μένον〈τα〉 καὶ ἐπαινῶ·
μακαρίζω μὲν τῆς σχολῆς, ἐπαινῶ δὲ τῆς ἱστορίας.
| [16,5] V. Il est aisé d'apercevoir, dans l'âme de l'homme, des analogies entre ses diverses
manières de vivre, et ces trois sortes de Gouvernement. Celui où une seule tête
délibère, veut, et commande, sans se livrer à nulle espèce d'action, est l'emblème de
la vie contemplative. Celui qui tient le second rang, et qui n'a que le second degré de
mérite, est le type de la vie active. Quant à la démocratie, il n'est pas difficile de la
reconnaître dans l'âme de l'homme. Il n'est aucune de ses parties qui ne porte
l'emblème de cette forme de Gouvernement. Mais laissons ces analogies, et disons
notre avis sur le genre de vie qui est le meilleur à embrasser. Puisqu'il résulte du
parallèle de la vie contemplative avec la vie active, que l'une et l'autre ont leur prix,
la première sous le rapport des connaissances, la seconde sous le rapport de la vertu,
laquelle des deux doit donc l'emporter? La Raison répond, qu'à considérer l'usage et
l'utilité, il faut donner la préférence à la vie active ; et qu'à considérer la cause
efficiente et génératrice du bien et du bon, il faut la donner à la vie contemplative.
Stipulons donc une trêve entre ces deux rivales, et distribuons aux hommes
l'exercice des diverses facultés humaines, et les divers genres de vie, soit selon les
caractères, soit selon les âges, soit selon les circonstances. Car les hommes diffèrent
naturellement tous les uns des autres; l'un faible, débile, incapable d'agir, a, du
côté de l'âme, toutes les facilités nécessaires pour se livrer à la contemplation.
L'autre, sans talents pour la contemplation, a les forces requises pour la vie active.
L'âge établit encore une différence entre les hommes. L'action est propre à la
jeunesse. Homère dit, et je suis de son avis, « Que tout sied, à cet âge-là». Que
le philosophe, dans sa jeunesse, se livre donc à la vie active ; qu'il parle dans les
assemblées publiques ; qu'il administre ; qu'il porte les armes ; qu'il remplisse les
Magistratures. Platon était à la fleur de son âge, lorsque, plein de dévouement pour
Dion, il entreprit plusieurs voyages et plusieurs négociations, en Sicile. Mais, sur ses
vieux ans, voulant passer le reste de sa carrière dans l'étude des sciences, et dans la
recherche de la vérité, il se ménagea, dans le sein de l'Académie, de profonds
loisirs, d'agréables entretiens, et d'innocentes contemplations. J'aime à voir
Xénophon consacrer sa jeunesse à l'activité, à des expéditions militaires, et sa
vieillesse, à la culture des Lettres. Il est d'autres différences qui sont l'ouvrage des
conjonctures. Tantôt elles condamnent les hommes à l'exercice du pouvoir, et à une
activité nécessaire ; tantôt elles leur assurent les loisirs les plus doux, et le repos le
plus agréable. Je loue l'un de la bonne grâce avec laquelle il fait de nécessité vertu;
mais je loue l'autre, et je préconise son bonheur. Je le trouve heureux, en ce qu'il
peut donner son temps à l'étude. Je le loue de ce qu'il l'employe à acquérir des
connaissances.
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